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Mahammad Mirzali, le blogueur azéri qui vit en France sous protection policière
Mahammad Mirzali, le blogueur azéri qui vit en France sous protection policière / Photo: Loic VENANCE - AFP

Mahammad Mirzali, le blogueur azéri qui vit en France sous protection policière

Il vit sous escorte policière 24H/24, a été victime d'une tentative d'assassinat en plein jour à Nantes pour laquelle quatre hommes sont écroués: le blogueur Mahammad Mirzali, farouche opposant au régime au pouvoir en Azerbaïdjan, "craint pour sa vie".

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Âgé de 28 ans, le jeune blogueur, allure mince et cheveux courts bien peignés, qui compte environ 500.000 abonnés sur youtube et facebook, a le corps criblé de cicatrices. Une des plus importantes est située derrière la nuque, trace visible de son agression le 14 mars 2021 à Nantes, où il a "cru mourir".

Fin avril, le parquet de Rennes, en charge de l'enquête, a annoncé que quatre hommes, trois nés en Azerbaïdjan et un en Géorgie, avaient été placés en détention provisoire.

"On a un jeune homme qui vit sous protection policière car la dernière fois on l’a bloqué, on lui a soulevé la nuque pour pouvoir l’égorger. On envoie des tueurs qui viennent de l’étranger et sont chargés de le tuer, c'est proprement sidérant et vertigineux", s'indigne Me Henri Charpentier, son avocat.

Né le 5 février 1994, Mahammad Mirzali grandit à Goychay, ville de 100.000 habitants à l'ouest de Bakou, avec un père électricien hostile au pouvoir du président Ilham Aliev. Après avoir manifesté contre le régime, Mahammad Mirzali explique ne pas avoir pu s'inscrire en histoire à l'université "en raison de la corruption". Il effectue 18 mois pour le service militaire, où il dit être victime de multiples tabassages en raison de son hostilité au pouvoir.

En 2015, Mahammad Mirzali, qui travaille dans un garage, décide d'ouvrir le blog "Made in Azerbaijan" sur facebook où il dénonce les atteintes à la démocratie et les violations des droits de l'homme. En raison d'intimidations et de violences, il s'exile, comme d'autres blogueurs azéris, et part en France, où il acquiert le statut de réfugié politique à seulement 22 ans.

Après être passé par Paris, Laval et Perpignan, il s'installe à Nantes où ses parents le rejoignent. Livreur pour un restaurant, il dit avoir été victime d'une première tentative d'assassinat à Nantes en octobre 2020, alors qu'il se trouvait dans sa voiture, le tir d'une balle d'un homme au visage dissimulé finissant dans une épaule.

- vie de reclus -

Puis vient l'agression de mars 2021, où il reçoit "une quinzaine de coups de couteaux" et subit une opération de plus de six heures.

"L'argument donné au ministère de l’Intérieur pour lui accorder une protection était: +est-ce que vous voulez un nouveau Samuel Paty sur le territoire+, avec des tueurs pilotés par un Etat étranger?", lance Jeanne Cavelier, responsable de l'Azerbaïdjan à Reporters sans frontières.

Sous anti-dépresseurs, Mohammad Mirzali mène une vie de reclus, dans un endroit tenu secret et ne peut quitter son domicile qu'au côté de deux policiers, trompant son ennui en apprenant la guitare. "La vie, c’est mort en France pour moi", bredouille-t-il dans son français hésitant, rêvant d'un exil aux Etats-Unis pour "plus de sécurité".

Mais il promet de continuer ses diatribes, même s'il assure que le régime du président Ilham Aliev, au pouvoir depuis 2003, a fait "du chantage pour qu'il arrête le blog".

L'eurodéputé LR François-Xavier Bellamy, qui s'est fait l'écho de son cas au Parlement européen, se dit "impressionné par sa force de caractère" alors qu'il "suffirait de quelques signes de soumission et d'une promesse de son silence pour qu’il puisse retrouver une vie normale".

Et à ceux qui accusent Mahammad Mirzali de lancer des accusations virulentes sans preuve, Me Charpentier rétorque: "C’est exactement ce qui a été affirmé à l’égard de Charlie Hebdo, de la jeune Mia. La liberté d'expression est de dire toutes les opinions, mêmes celles qui vous sont désagréables. Rentrer dans cette logique de dire +vous l’avez bien cherché+, c’est légitimer la mise à mort d’individus qui osent parler", argue-t-il.

Ch.Schroeder--RTC