Poutine ordonne un cessez-le-feu en Ukraine pour Pâques, méfiance de Kiev
Le président Vladimir Poutine a ordonné aux troupes russes d'observer un cessez-le-feu en Ukraine pour Pâques, samedi et dimanche, une annonce accueillie avec méfiance par Kiev, au moment où les discussions en vue d'une suspension plus globale des combats semblent dans l'impasse.
"Guidée par des considérations humanitaires, la partie russe décrète une trêve de Pâques aujourd'hui, de 18 heures (15H00 GMT, ndlr) à minuit entre dimanche et lundi (21H00 GMT dimanche). Je donne l'ordre de cesser toutes les hostilités pendant cette période", a déclaré le chef de l'Etat russe au cours d'une réunion avec des militaires retransmise à la télévision russe.
"Nous supposons que la partie ukrainienne suivra notre exemple", a-t-il ajouté, tout en demandant aux forces russes de se tenir prêtes à une "réponse immédiate et complète" en cas de "violations de la trêve" ou de "toute action agressive" de la part du camp adverse.
En réponse, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky a fustigé une "tentative de Poutine de jouer avec les vies humaines", sans toutefois se prononcer clairement sur la position de son pays concernant ce cessez-le-feu.
- Les Ukrainiens circonspects -
"Des alertes antiaériennes se propagent actuellement en Ukraine", a-t-il poursuivi, s'exprimant sur X, environ 15 minutes avant l'entrée en vigueur de la trêve côté russe.
"Les drones d'attaque Shahed (de fabrication iranienne, ndlr) dans notre ciel révèlent la véritable attitude de Poutine envers Pâques et la vie humaine", a encore dit M. Zelensky.
"Poutine vient de faire des déclarations sur sa prétendue disposition à un cessez-le-feu. Nous savons que ses paroles ne sont pas dignes de confiance et nous examinerons les actes, pas les paroles", a renchéri le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriy Sybiga sur les réseaux sociaux
L'alerte antiaérienne déclenchée dans l'après-midi à travers le territoire ukrainien, notamment à Kiev, a été interrompue à 15H00 GMT, heure à laquelle la trêve promise par le chef de l'Etat russe devait commencer.
Interrogés par l'AFP, des soldats ukrainiens ont également déclaré ne pas faire confiance aux Russes.
"Il est impossible de croire à un quelconque cessez-le-feu de la part de ces gens", a ainsi lancé Dmitri, un militaire de 40 ans qui profitait d'une pause au soleil à Kramatorsk, dans l'est de l'Ukraine.
- Echange de prisonniers -
Pour Vladimir Poutine, la réponse ukrainienne au cessez-le-feu qu'il a décrété "montrera la sincérité du régime de Kiev, sa volonté et sa capacité à respecter les accords, à participer au processus de pourparlers de paix visant à éliminer les causes profondes de la crise ukrainienne".
Pâques, l'une des fêtes les plus importantes du calendrier chrétien qui commémore la résurrection du Christ, est célébrée cette année dimanche, à la même date par les catholiques et les orthodoxes.
Des tentatives d'instaurer une trêve à cette occasion en Ukraine ont déjà eu lieu à deux reprises depuis le début du conflit en février 2022.
En avril 2022, une première initiative en ce sens, prise par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, ne s'était pas concrétisée du fait du refus de la Russie, qui avait jugé que l'armée ukrainienne aurait pu en profiter pour se regrouper et de se réarmer.
L'année suivante, en janvier 2023, le patriarche de l'Eglise orthodoxe russe Kirill avait exhorté les deux belligérants à interrompre les hostilités pour Pâques et la Russie avait décrété un cessez-le-feu de 36 heures mais celui-ci avait été qualifié de "piège" par l'Ukraine et les affrontements avaient continué.
La Russie et l'Ukraine ont par ailleurs échangé samedi 246 prisonniers de guerre de chaque camp et 46 soldats blessés requérant des soins d'urgence. Ce type d'échange est l'un des derniers domaines de coopération entre les deux pays.
- La région de Koursk pratiquement reconquise -
La trêve ordonnée samedi par M. Poutine intervient alors que les efforts de l'administration de Donald Trump pour trouver une issue au conflit en Ukraine paraissent dans l'impasse ces derniers jours.
Le président américain a en conséquence menacé vendredi de se retirer des négociations faute de progrès rapides dans les discussions séparées que ses lieutenants ont depuis plusieurs semaines avec Kiev et avec Moscou.
Le même jour, le Kremlin avait dit considérer que le moratoire sur les frappes contre les sites énergétiques, annoncé en mars pour 30 jours mais dont la mise en oeuvre restait floue, avait "expiré". La Russie et l'Ukraine s'accusaient de surcroît presque quotidiennement de le violer.
Donald Trump avait initialement proposé un cessez-le-feu inconditionnel et complet, dont le principe avait été accepté par Kiev sous la pression de Washington mais écarté par Vladimir Poutine.
Avec la reconquête de ce village frontalier, il n'en reste plus qu'un autre, celui de Gornal, encore sous contrôle ukrainien dans cette région.
"La majeure partie du territoire de la région où l'invasion a eu lieu a maintenant été libérée. Il s'agit de 1.260 kilomètres carrés, soit 99,5% du territoire de la région", s'est félicité à la télévision le chef d'état-major de l'armée russe, Valeri Guerassimov, assurant en outre que les tentatives ukrainiennes de pénétrer dans la région voisine de Belgorod avaient échoué.
Une telle progression replacerait à nouveau en totalité le front sur le sol ukrainien.
L.Diaz--RTC