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La course à l'Ours d'or s'achève, à la veille des élections allemandes
Le 75e Festival international du film de Berlin, premier grand rendez-vous du 7e art de l'année, s'achève samedi avec la remise de l'Ours d'or par le jury du cinéaste américain Todd Haynes.
Le palmarès doit être dévoilé à partir de 18H00, à la veille d'un enjeu électoral majeur pour l'Allemagne, les élections législatives anticipées qui se tiendront dimanche.
Au total, 19 films sont en compétition pour succéder au documentaire "Dahomey" de la Franco-Sénégalaise Mati Diop, sur les restitutions d'œuvres d'art aux anciens pays colonisés.
Le cinéaste roumain Radu Jude, déjà lauréat d'un Ours d'or en 2021, pourrait faire un doublé avec "Kontinental'25", une nouvelle charge politique sur la société contemporaine et le capitalisme.
Ce long-métrage, tourné en seulement 10 jours avec un smartphone et qui raconte l'histoire d'une huissière de justice rongée par la culpabilité après le suicide d'un sans-abri, figure parmi les favoris du panel de critiques international réuni par le magazine professionnel Screen.
Il devance "Blue Moon", un drame musical sur les coulisses des spectacles de Broadway avec Ethan Hawke, et est signé d'un habitué de Berlin, Richard Linklater, Ours d'argent du meilleur réalisateur il y a 11 ans avec "Boyhood".
Todd Haynes, figure du cinéma américain qui préside le jury, est un mélomane, qui a tourné des films inspirés de Bob Dylan ("I'm not there") ou de David Bowie ("Velvet Goldmine"). Il a, à ses côtés, le réalisateur franco-marocain Nabil Ayouch ou la star chinoise Fan Bingbing.
- Prises de position -
La Berlinale a débuté sur un ton très politique en pleine campagne électorale allemande, où l'extrême droite de l'AfD rêve d'un score historique, et elle a été rythmée par les prises de position tranchantes contre Donald Trump de Tilda Swinton, invitée d'honneur, ou de Todd Haynes.
Si le jury souhaite faire entendre un message, son choix pourrait se porter sur "Dreams", une tragédie romantique du Mexicain Michel Franco ("Despues de Lucia", "Nouvel Ordre").
En racontant l'histoire d'un couple composé d'une riche héritière américaine (Jessica Chastain) et d'un jeune prodige du ballet interprété par un danseur mexicain star, Isaac Hernandez, récemment nommé leader de l'American Ballet Theater, le réalisateur filme une métaphore assez transparente de la relation à couteaux tirés entre les deux pays.
Parmi les autres oeuvres qui pourraient l'emporter figurent le documentaire "Timestamp" de Kateryna Gornostai, sur le quotidien d'étudiants et de professeurs dans l'Ukraine en guerre, une dystopie brésilienne hallucinatoire ("The Blue Trail" de Gabriel Mascaro) ou un film coup de poing sur le burn-out maternel ("If I had legs I'd kick you"), où excelle l'actrice australienne Rose Byrne.
Au terme de cette 75e édition, le palmarès donnera aussi une idée de la capacité de la nouvelle directrice de la Berlinale, l'Américaine Tricia Tuttle, à remettre au centre du jeu un festival qui a moins pris la lumière que Cannes ou Venise ces dernières années.
Elle est parvenue à faire venir sur le tapis rouge l'un des favoris des Oscars en mars, Timothée Chalamet, pour le biopic sur Bob Dylan "Un parfait inconnu", ainsi que l'équipe de "Mickey 17", le nouveau film de Bong Joon-ho.
Six ans après sa Palme d'or à Cannes pour "Parasite", le cinéaste sud-coréen tourne en dérision les ambitions spatiales d'Elon Musk dans cette comédie de science-fiction avec Robert Pattinson.
R.Gutierrez--RTC