Journée décisive en Belgique pour la formation d'un gouvernement
"Ça passe ou ça casse". Les cinq présidents de parti négociant la formation du futur gouvernement belge tentent d'arracher un accord vendredi, l'échéance que s'est fixée pour réussir le "formateur" Bart De Wever, pressenti pour devenir Premier ministre.
Bart De Wever, chef des conservateurs flamands (N-VA), a prévenu qu'il pourrait renoncer définitivement à sa mission de pilotage des négociations si aucun accord n'était trouvé le 31 janvier.
Celui qui serait le premier indépendantiste flamand à accéder au poste de Premier ministre en Belgique est attendu chez le roi Philippe, en théorie avant minuit, pour lui faire un bilan des longues discussions avec ses quatre partenaires.
Celles-ci ont été engagées au lendemain des élections législatives du 9 juin, remportées par la N-VA en Flandre et par les partis MR et Engagés (libéral et centriste) en Wallonie, le sud francophone.
En plus de ces trois formations, la future coalition est censée associer aussi les chrétiens-démocrates flamands (CD&V) et le parti socialiste flamand Vooruit, seul partenaire de gauche, et dans une position inconfortable pour valider une série de réformes socio-économiques très critiquées par les syndicats.
C'est "le jour de vérité", titrait vendredi le quotidien francophone Le Soir, tandis que De Standaard, côté flamand, relevait en Une que le président de Vooruit, Conner Rousseau, était confronté à un moment critique et aux "décisions les plus difficiles" de sa carrière.
Le syndicat chrétien ACV-CSC a comparé les réformes envisagées par Bart De Wever et ses partenaires de centre droit à un "catalogue des horreurs", contenant entre autres: "blocage des salaires, durcissement de l'accès à la pension, de la politique migratoire, dégradation des conditions de travail".
Les cinq présidents de parti sont réunis en "conclave" depuis mercredi à l'Ecole royale militaire à Bruxelles, espérant aboutir en 48 heures de négociations quasi ininterrompues. Ils passent la nuit sur place.
- "Quelques bonbons" -
Selon une source proche des négociations, après une courte nuit, ils ont repris leurs discussions à cinq à 07H30 (6H30 GMT) avec au menu la "super note" socio-économique rédigée par M. De Wever. La journée pourrait être longue. Le palais royal n'a pas annoncé l'horaire auquel le roi recevra le formateur.
"Potentiellement ça passe ou ça casse, mais Bart De Wever travaille à l'épuisement et il a gardé quelques bonbons pour appâter Vooruit", croit savoir un ministre du gouvernement sortant joint par l'AFP.
Il semble acquis qu'une des réformes phares de la future coalition sera la limitation à deux ans des allocations chômage. La N-VA et son principal partenaire francophone le Mouvement réformateur (MR, libéral) n'ont cessé de répéter vouloir "récompenser le travail" pour financer l'économie.
En revanche Bart De Wever pourrait faire une concession aux socialistes, par exemple en renonçant à réformer le système d'indexation des salaires sur l'inflation, selon ce ministre.
Comme Premier ministre, M. De Wever, 54 ans, remplacerait Alexander De Croo arrivé à ce poste en octobre 2020.
Ce libéral flamand, dont le parti a été un des perdants des élections de juin, est depuis près de huit mois à la tête d'un gouvernement démissionnaire. Une période dite d'"affaires courantes" qui est toutefois loin du record de 2010-2011 quand la Belgique avait vécu 541 jours dans cette situation.
P.Johnson--RTC