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L'humanité "peut décider de son avenir", affirme le nouveau président du Giec
L'humanité "peut décider de son avenir", affirme le nouveau président du Giec / Photo: FABRICE COFFRINI - AFP/Archives

L'humanité "peut décider de son avenir", affirme le nouveau président du Giec

Elu à la tête du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) de l'ONU, Jim Skea affirme jeudi à l'AFP vouloir apporter "un judicieux mélange de réalisme et d'optimisme" durant son mandat, convaincu que l'humanité n'est pas impuissante face au réchauffement climatique.

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Ce Britannique de 69 ans, professeur en énergies durables à l'Imperial College London, prend la direction de l'organisation dans une décennie cruciale, où l'humanité doit inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre pour espérer pouvoir limiter le réchauffement de la planète.

Créé en 1988, le Giec a pour mission d'informer, à travers les travaux de centaines d'experts, les décideurs de la planète des dernières données scientifiques sur le changement climatique.

Pour Jim Skea, les températures extrêmes observées à travers le monde en juillet - "très certainement le mois le plus chaud jamais mesuré", selon l'ONU - sont "une leçon salutaire" pour la tâche à accomplir.

Mais il est aussi essentiel d'offrir à l'humanité des moyens "positifs" de relever ces défis, et pas seulement "des messages catastrophistes qui peuvent créer un sentiment de terreur existentielle sur l'avenir de la planète", estime-t-il, dans une interview à l'AFP dans la capitale kényane Nairobi, où se tiennent les élections du Giec.

"Nous devons insister sur le fait que les humains ont des choix qu'ils peuvent faire et qu'ils peuvent décider de leur propre avenir", affirme-t-il.

Estimant que les gouvernements sont plus que jamais demandeurs de conseils sur les mesures à prendre à court terme, il souhaite que son mandat mette un "double accent" sur l'adaptation au climat et l'atténuation des changements climatiques.

Avec ses décennies d'expérience, M. Skea assure ne pas être "naïf quant à la difficulté de faire passer les messages scientifiques".

Son approche à la tête du Giec "sera un judicieux mélange de réalisme et d'optimisme", assure-t-il, affirmant: "Je suis génétiquement optimiste".

- "Crédibilité" -

La tâche qui l'attend est énorme.

Dans le cadre de l'accord de Paris de 2015, les pays ont promis de plafonner l'augmentation de la température moyenne de la planète "bien en-dessous" de 2°C, et à 1,5°C si possible, depuis l'ère pré-industrielle.

Pour atteindre ce dernier objectif, le Giec estime que les émissions de gaz à effet de serre doivent baisser de 43% d'ici 2030 - et de 84% d'ici 2050.

Celles-ci continuent pourtant d'augmenter et la question est de savoir si les prochains rapports du Giec - attendus dans cinq à sept ans - n'arriveront trop près de la fin de cette décennie cruciale pour que le monde déploie une réponse adaptée.

Mais Jim Skea n'entend pas brusquer la publication des rapports, estimant que des diffusions à la va-vite menacent "la crédibilité (du Giec) en tant que référence qui a été si importante pour le Giec dans le passé".

M. Skea a joué un rôle de premier plan dans la publication d'un rapport historique du Giec en 2018 qui concluait que seul un réchauffement plafonné à 1,5°C pouvait assurer que le monde ne serait pas menacé par le changement du climat, sans risquer un effondrement de l'écosystème et des changements irréversibles du système climatique.

Des experts estiment qu'il pourrait lui revenir d'annoncer que cet objectif des 1,5°C n'est plus réalisable.

"S'il apparaît que les 1,5°C ne peuvent pas être atteints de manière permanente, nous devrons le dire", affirme-t-il: "Mais nous n'en sommes pas encore là, et nous n'en avons pas la preuve".

Il n'entend pas non plus multiplier les rapports dits spéciaux, comme l'étude de 2018 sur les 1,5°C, qui détournent les ressources du Groupement de ses tâches premières.

"Je vais dire quelque chose de très fort: plutôt mourir que de voir se multiplier les rapports spéciaux", lance-t-il.

Jim Skea a été élu face à trois autres candidats, dont deux femmes, qui espéraient devenir la première présidente de l'organisation.

Le nouveau dirigeant reconnaît que le Giec a de "gros problèmes" autour du genre et de la diversité, et assure que l'une des priorités de son mandat serait d'augmenter le nombre de femmes dans ses rangs.

B.Puglisi--RTC