Canicule: pas de répit, la France cherche la fraîcheur
Pas de répit dans l'épisode caniculaire qui frappe la France: pour le 3e jour consécutif, une large partie sud du pays demeure jeudi en vigilance rouge, avec des températures difficilement supportables qui incitent à trouver des solutions de fraicheur.
Matthieu Schweizer, le gérant d'un kiosque presse du centre de Lyon, une ville qui ne figure pas parmi les records atteints par le thermomètre, dort "2-3 heures par nuit, par petits bouts, la chaleur commence à baisser à 04H00". Mais il faut se lever à 05h30. "On est un peu +zombifié+, ça devient limite dangereux" de travailler, même si le rideau est baissé à 14h au lieu de 20h. "Le soleil tape en plein, on travaille dehors, il fait 45°C..." en ressenti, raconte-t-il, la mine affaiblie,
Mercredi de nombreux records de température maximale ont été battus: 42,4°C à Toulouse-Blagnac (40,7°C pour le précédent record), mais aussi 28°C à l'Alpe-d'Huez (contre 27,3°C), selon Méteo-France.
Au total, 17 départements sont encore placés jeudi au plus haut niveau de vigilance, sur une bande allant d'Auvergne-Rhône-Alpes au sud-ouest, hors façade atlantique. L'Aude et l'Hérault ont été retirés de la zone rouge, rejoignant les 37 départements classés orange. Seule la partie nord du pays échappe à cette canicule tardive pour la saison.
La vague écrasante et durable de chaleur devrait s'accompagner jeudi, sur le nord, d'un épisode orageux: 25 départements sont placés en vigilance orange. Les prévisions de Météo France pour vendredi sont identiques: les 17 départements en rouge le seront encore.
Cette vague de chaleur provoque des pics de pollution à l'ozone, comme en PACA où la Région a annoncé une baisse de 75% de ses tarifs de ses TER et bus, ou en Occitanie.
Partout, les mesures préventives se multiplient face aux températures qui affectent tous les métiers. Ici ou là, des commerces ferment. Un boulanger de Saint-Hostien (Haute-Loire), Sylvain Louche, qui cuit son pain au four a bois et dont les moteurs des chambres de fermentation sont en surchauffe, à fermé boutique lundi, "jusqu’à la semaine prochaine pour éviter le risque d’endommager les moteurs et nous infliger cette torture de travailler à une température équivalente à celle de l’extérieure", explique-t-il à l’AFP.
A Toulouse, au moins un restaurant a fermé mercredi et jeudi pour préserver le personnel de la chaleur.
- Trouver le frais -
Comment, dans ces conditions, trouver le frais?
En se réfugiant au cinéma et dans les musées par exemple. Celui, climatisé, des Beaux-Arts de Lyon avait accueilli mercredi après-midi 1.400 visiteurs, "le double d'une fréquentation moyenne en juin et juillet", en lien avec la gratuité décidée mardi par la ville de Lyon "et la canicule", explique Emmanuelle Humbert, secrétaire générale.
Hausse de fréquentation également au cinéma Lumière, toujours dans le centre de Lyon, "pas forcément due à une hausse de très bons films mais vraiment une hausse de températures", observe le directeur Flavien Poncet. "Et cet été particulièrement, on a beaucoup de films qui font plus de deux heures et demie trois heures...". Mercredi soir, par plus de 35° dans les rues minérales du centre-ville, une foule inhabituelle se pressait encore au cinéma Pathé-Bellecour pour profiter des salles climatisées.
On profite aussi des heures les moins torrides dans les parcs, comme celui de la Tête d'or à Lyon. Vers 09H00 jeudi, des joggeurs tentent de caser quelques instants avant la fournaise. Comme Mailys et Margot, 27 ans toutes les deux: "les nuits sont étouffantes, comme la journée", constatent-elles, ce qui aide à se lever tôt. Coiffeur à la retraite, Olivier Laffont, 73 ans, venu promener sa chienne, regrette que sa copropriété n'autorise pas la climatisation: "ils ne veulent pas avoir les appareils dehors, sur la façade". "J’ai un ventilateur, que je suis obligé d’arrêter en pleine nuit parce que ça fait un bruit pas possible".
Cette canicule durable est propice aux épisodes de pollution et, dans les zones frappées de sècheresse, aux incendies: dans les Hautes-Alpes, 32 hectares ont été parcourus par le feu à Crots, brûlant une maison et une grange et conduisant à l'évacuation d'un hameau.
Les canicules à répétition sont, selon les scientifiques, un marqueur sans équivoque du réchauffement de la planète et ces vagues de chaleur sont appelées à se multiplier, s'allonger, s'intensifier.
Y.Schmitz--RTC