La Somalie peine à éliminer les sacs plastiques
En Somalie, pays de la Corne de l'Afrique confronté à une insurrection des islamistes radicaux shebab, une ambitieuse interdiction des sacs plastiques décrétée cette année peine à être respectée.
Inspirée de mesures similaires au Kenya et en Tanzanie voisins, cette loi interdit l'importation, la production, la vente et l'utilisation de sacs en plastique. Décrétée en février, elle n'a été mise en oeuvre qu'en octobre.
Et le polyéthylène est loin d'avoir disparu des rues de la capitale Mogadiscio.
"Nous utilisons ces sacs parce qu'ils sont bon marché et que les gens peuvent se les permettre", a déclaré à l'AFP Abdikarim Hassan derrière son étal sur lequel les produits sont emballés dans du plastique.
"Je pense que tout le monde connaît les conséquences négatives de l'utilisation de ces sacs en plastique, mais la question est de savoir par quoi les remplacer ?", s'interroge l'épicier.
D'autres options plus écologiques, comme les sacs en papier jetables, qui coûtent au moins 4.000 shillings (0,16 euro), sont environ quatre fois plus chers que les sacs qu'il utilise.
"Si nous sommes obligés d'arrêter [d'utiliser] les sacs en plastique, nous n'avons pas d'alternative bon marché qui puisse les remplacer", observe Shamso Muqtar, une mère de cinq enfants de 41 ans qui vend des légumes à proximité.
"Le gouvernement aurait dû se pencher sur la question", ajoute-t-elle à l'AFP.
- "Continuer à vendre" -
Garad Abdullahi Ali, du ministère de l'Environnement et du Changement climatique, a déclaré que l'afflux actuel de plastique est dû au fait que les commerçants se sont approvisionnés avant l'interdiction.
"Ils sont autorisés à continuer à vendre (...) jusqu'à ce que les stocks du pays soient épuisés", a-t-il déclaré à l'AFP.
Les boutiques et supermarchés de luxe, qui s'adressent à la petite classe moyenne de la ville, ont accueilli plus favorablement la nouvelle législation.
"C'est un signe positif", a déclaré Ahmed Roble, propriétaire d'une boutique le long de la populaire Maka Al-Mukarama Road à Mogadiscio.
Abdirahman Omar Mohamed, client de l'échoppe, s'est dit heureux de la mesure d'interdiction des sacs qui "tuent des êtres humains et des animaux".
- Pour les générations futures -
Le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) estime que l'équivalent de 2.000 camions poubelles de plastique est déversé dans les mers, les rivières et les lacs chaque jour.
La pollution plastique pourrait tripler dans le monde d'ici 2060, après également un triplement de la production mondiale à 1,2 milliard de tonnes contre 460 millions de tonnes en 2019, selon un calcul de l'OCDE.
Certaines de ces tonnes de déchets peuvent être vues jonchant les plages autrefois bucoliques près de Mogadiscio.
Des bénévoles comme Abdisatar Arabow Ibrahim tentent de s'attaquer au problème.
"Je pense que le gouvernement aurait dû mettre en œuvre cette loi interdisant l'utilisation de sacs en plastique depuis longtemps", a-t-il déclaré.
Mais "les gens doivent s'y conformer", a-t-il ajouté, afin de "préserver l'environnement et les générations futures".
A.Jonsson--RTC