Les Sud-Coréens choisissent leur nouveau président
Les bureaux de vote ont ouvert mercredi matin en Corée du Sud pour l'élection d'un nouveau président, avec comme principale préoccupation des électeurs l'accroissement des inégalités, loin devant la Corée du Nord et ses provocations pourtant de plus en plus fréquentes.
MM. Lee et Yoon sont au coude-à-coude dans les sondages, la différence entre les deux hommes n'excédant pas la marge d'erreur, et ils cumulent à eux deux 90% des intentions de vote, ne laissant que des miettes au dix autres candidats.
Les bureaux de vote fermeront à 18 heures (09H00 GMT), et les urnes seront ensuite accessibles jusqu'à 19H30 (10H30 GMT) pour les malades du Covid.
Le pays de 52 millions d'habitants traverse actuellement une vague du variant Omicron, avec près de 200.000 nouveaux cas quotidiens. Plus d'un million de Sud-Coréens testés positifs sont actuellement à l'isolement chez eux, selon les autorités sanitaires. La loi électorale a été modifiée le mois dernier pour leur permettre de voter séparément en fin de journée.
Les Sud-Coréens ont déjà eu la possibilité de voter par anticipation les 4 et 5 mars. Quelque 37% des 44 millions d'électeurs s'est rendu aux urnes à cette occasion, un record.
- Bévues -
Selon les sondages, la montée en flèche des prix de l'immobilier à Séoul, les écarts de richesse croissants et le fort taux de chômage chez les jeunes sont les principales préoccupations des électeurs.
Le nouveau président sera aussi confronté à une Corée du Nord de plus en plus agressive, qui poursuit une série record de tests d'armement cette année, dont un samedi dernier.
M. Lee, 57 ans, ancien ouvrier et gouverneur de la province la plus peuplée du pays, a proposé des mesures originales, notamment un revenu universel minimum et des uniformes scolaires gratuits.
Mais il est dans le collimateur pour une opération foncière suspecte, notamment après le suicide de deux témoins-clés de cette affaire.
Il a commencé sa campagne en s'excusant pour avoir injurié des membres de sa famille au téléphone. Sa femme a été accusée de détournement de fonds publics, et il a fait l'objet de rumeurs sur des liens supposés avec la mafia.
Son rival Yoon Suk-yeol, 61 ans, propose un assouplissement du droit du travail, visant notamment le salaire minimum et le temps de travail maximum.
Mais sa proposition qui a le plus retenu l'attention vise à supprimer le ministère de l'Egalité hommes-femmes, au motif que, malgré les données prouvant le contraire, les Sud-Coréennes ne souffrent pas de "discrimination systémique entre les sexes", selon lui.
Le conservateur a lui-même commis une série de bévues, dont la plus récente est la suppression d'un tweet sur l'Ukraine, qui comportait une mandarine avec un visage en colère dessiné dessus, une référence bizarre à la "révolution orange" dans ce pays en 2004-2005.
La loi interdit au président sortant Moon Jae-in de briguer un second mandat de cinq ans.
A ce jour, tous les anciens chefs d'Etat encore vivants ont fait de la prison pour corruption après leur départ.
M. Yoon, un ancien procureur général nommé par Moon Jae-in, a déjà averti qu'il ordonnerait une enquête sur son ancien patron s'il était élu, citant des "irrégularités" présumées dont il n'a pas précisé la nature.
Cette malédiction de l'après-présidence a créé un climat politique extrêmement polarisé et délétère en Corée du Sud, où la démocratie a été restaurée en 1987 après des décennies de dictature.
Le vainqueur entrera à la "Maison bleue" en mai, succédant à Moon Jae-in, qui reste populaire malgré son échec à conclure un accord de paix avec Pyongyang.
E.Persson--RTC