Boris Johnson dans le Golfe pour parler pétrole et Ukraine
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, s'est entretenu mercredi avec les dirigeants de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, dans l'espoir de convaincre les pays pétroliers du Golfe d'accroître la production pour freiner l'envolée des prix du brut provoquée par l'invasion russe de l'Ukraine.
A Ryad, le chef du gouvernement britannique a rencontré le dirigeant de facto du royaume saoudien, le prince héritier Mohammed ben Salmane. Les deux responsables ont discuté des "dossiers internationaux d'intérêt commun dont les développements de la situation en Ukraine", selon un communiqué du ministère saoudien des Affaires étrangères qui n'a pas fourni plus de détails.
Plus tôt mercredi, Boris Johnson avait rencontré le dirigeant de facto des Emirats arabes unis, Mohammed ben Zayed avec qui il a évoqué "la stabilité du marché mondial de l'énergie", selon l'agence de presse officielle émiratie WAM.
La visite de Boris Johnson dans le Golfe s'inscrit dans un contexte de forte volatilité des prix du brut. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont décidé d'arrêter leurs importations de gaz et de pétrole russes, tandis que l'Union européenne (UE), bien plus dépendante, s'organise pour réduire de deux tiers dès cette année ses achats de gaz à Moscou.
- "Besoin d'indépendance" -
"Quand on regarde comment l'Occident en particulier s'est rendu dépendant du pétrole et du gaz (du président russe Vladimir) Poutine, on voit quelle erreur c'était parce qu'il a pu exercer un chantage vis-à-vis de l'Occident", a déclaré à des journalistes M. Johnson avant son départ d'Abou Dhabi. "Nous avons besoin d'indépendance", a-t-il insisté.
Le déplacement de M. Johnson en Arabie saoudite, premier exportateur de brut au monde, a toutefois été décrié en raison du piètre bilan du royaume en matière de droits humains, notamment après l'exécution samedi de 81 hommes en une seule journée.
Le Premier ministre britannique est par ailleurs l'un des rares dirigeants occidentaux à avoir visité le royaume depuis l'assassinat en 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul, imputé à Mohammed ben Salmane par la CIA.
Depuis sa prise de fonction, le président américain, Joe Biden, ne s'est jamais entretenu avec le prince héritier saoudien, Washington et Ryad étant pourtant de poches partenaires. Pendant sa campagne, Joe Biden avait juré de traiter le royaume comme un Etat "paria" après le meurtre de Khashoggi.
Face aux critiques, Boris Johnson avait affirmé compter "soulever la question des droits humains" lors de sa rencontre avec le prince héritier.
"Mais nous avons des relations de longue date avec cette partie du monde et nous devons reconnaître l'importance et la force de ces relations", avait-il dit avant de s'envoler vers Ryad.
- "Des partenaires clés" -
L'Arabie saoudite et les Emirats, qui figurent parmi les plus grands exportateurs de brut au monde et qui ont tous deux des liens importants tant avec les Occidentaux qu'avec Moscou, ont jusqu'ici évité de prendre position contre la Russie.
Soulignant que "l'attaque brutale et injustifiée" de l'Ukraine par la Russie aurait des conséquences "bien au-delà des frontières de l'Europe", Boris Johnson avait déclaré dans un communiqué vouloir construire une "coalition internationale" pour faire face à cette "nouvelle réalité".
Et "l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis sont des partenaires internationaux clés dans cet effort", avait-il souligné.
Les pays du G7, dont fait partie le Royaume-Uni, ont appelé jeudi les pays producteurs de gaz et de pétrole à "augmenter leurs livraisons" pour faire face à la hausse des prix de l'énergie due à la guerre en Ukraine et aux sanctions imposées à la Russie.
Mais les pays du Golfe résistent pour le moment aux pressions occidentales. Les Saoudiens ont souligné leur engagement envers l'alliance pétrolière des pays exportateurs Opep+, dirigée par Moscou et Ryad, et les Emirats ont réaffirmé leur respect des engagements pris dans ce cadre.
Selon Torbjorn Soltvedt, analyste chez Verisk Maplecroft, les Emirats pourraient cependant être plus disposés que Ryad à ouvrir les robinets du pétrole.
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A.Taylor--RTC