L'Etat accorde 44,6 millions d'euros de subvention à Goodyear pour son site d'Amiens
Le Premier ministre Jean Castex a annoncé jeudi une subvention de 44,6 millions d'euros pour moderniser le site Goodyear d'Amiens-Sud, le groupe américain s'engageant à investir environ 100 millions dans cette usine de 800 salariés.
Cette subvention, qui reste soumise à l'approbation de la Commission européenne, s'inscrit dans le cadre du plan France Relance du gouvernement, destiné à réindustrialiser le territoire et à favoriser l'innovation.
"Investir dans notre industrie c’est retrouver notre souveraineté, c’est être moins dépendant", a déclaré M. Castex lors d'un discours sur le site de l'usine.
"Voyez ce qui se passe en ce moment où un pays décide unilatéralement d’agresser une démocratie", a-t-il développé en référence à la guerre en Ukraine. "Évidemment, on prend des sanctions. Celles-ci montrent la dépendance dans laquelle on se trouve (...) surtout sur les segments industriels."
Les syndicats ont été informés de cet investissement lors d'un CSE mercredi soir.
Sans cette subvention, le site était menacé de fermeture "d'ici quatre ou cinq ans" en raison de "la concurrence en Europe de l'Est", a affirmé à l'AFP le président d'Amiens Métropole, Alain Gest (LR), présent sur place.
L'argent investi par l'Etat et Goodyear doit permettre de moderniser et digitaliser le site "pour une production plus durable", ont indiqué les services du Premier ministre.
Le secrétaire du CSE, Laurent Douillet (Unsa), s'est félicité auprès de l'AFP d'une "très bonne nouvelle".
"On fabriquait 75% de segments B, des pneus à petite valeur ajoutée, et là on va fabriquer 75% de segments A, c’est-à-dire du 17 pouces au 21 pouces, ce sont des pneus à haute valeur ajoutée, ça va nous dégager plus de bénéfices", a-t-il relevé.
"Je suis content comme tout le monde", a aussi réagi pour l'AFP le député LFI de la Somme, François Ruffin, présent sur le site, pointant toutefois un "cadeau façon père Noël à la veille de la présidentielle".
"Il y avait une inquiétude car les produits sur le site étaient très vieillissants (...) Là au moins il y a une garantie donnée pour les prochaines années", a-t-il ajouté.
En janvier 2014, un autre site Goodyear de la ville, l'usine d'Amiens-Nord, spécialisée dans la fabrication de pneus agricoles, avait fermé ses portes, après un bras de fer de plus de six ans entre personnel et direction, entraînant le licenciement de 1.143 personnes.
Le groupe américain avait été condamné en mai 2020 pour licenciement abusif par le conseil des prud'hommes, qui avait estimé que les seules difficultés économiques de la filiale française ne suffisaient pas pour justifier le motif économique.
Goodyear avait dû verser une indemnité au moins équivalente à six derniers mois de salaire brut à près de 800 salariés qui l'avaient attaqué.
P.Johnson--RTC