Poussée de fièvre entre Israël et l'Iran sur fond de guerre à Gaza
Des menaces de représailles de l'Iran contre Israël font monter la tension vendredi au Proche-Orient, suscitant des appels à la retenue au moment où des progrès en vue d'une trêve dans la bande de Gaza se font attendre.
Alors que les pays médiateurs attendent des réponses d'Israël et du Hamas à leur dernière proposition de trêve, la guerre à Gaza provoque une nouvelle poussée de fièvre dans la région.
L'Iran "menace de lancer une attaque importante contre Israël", a déclaré plus tôt cette semaine le président américain, Joe Biden, assurant son allié de son soutien "inébranlable", en dépit des tensions entre les deux pays autour de la conduite de l'offensive israélienne contre le Hamas.
En guise de "précaution", et signe concret des tensions, les Etats-Unis ont annoncé jeudi restreindre les mouvements en Israël de leur personnel diplomatique et des membres de leur famille.
Et un général américain chargé du Moyen-Orient, Michael Erik Kurilla, se trouve en Israël pour discuter avec les dirigeants militaires du pays des "menaces sécuritaires dans la région", dans un contexte d'escalade avec l'Iran.
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, dont le pays, ennemi d'Israël, soutient le Hamas, avait indiqué qu'Israël serait "puni" après une attaque meurtrière qui lui a été imputée le 1er avril en Syrie.
Cette frappe a détruit le consulat iranien à Damas et fait 16 morts, parmi lesquels sept membres du corps des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, selon une ONG.
- "Attaque terroriste" -
"Si l'Iran mène une attaque depuis son territoire, Israël répondra et attaquera l'Iran", a répondu en persan le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz.
Après des entretiens téléphoniques avec ses homologues allemand, australien et britannique, le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, a évoqué la "nécessité" pour Téhéran de répondre à la frappe contre son consulat à Damas, tout en cherchant à "éviter les tensions".
Lors de ces entretiens, "j'ai déclaré que l'Iran ne cherchait pas à élargir le champ de la guerre", a-t-il écrit sur X.
La Maison blanche a indiqué jeudi avoir "mis en garde" l'Iran, tandis que le secrétaire d'Etat Antony Blinken s'est entretenu par téléphone avec ses homologues chinois, turc et saoudien, les appelant à faire pression sur Téhéran contre toute attaque visant Israël, selon le département d'Etat.
"Nous sommes en pleine guerre à Gaza, qui continue à plein régime (...) mais nous nous préparons aussi à faire face à des défis sur d'autres théâtres" d'opérations, a déclaré jeudi M. Netanyahu.
- "Panique parmi les enfants" -
La guerre a éclaté le 7 octobre lorsque des commandos du mouvement islamiste palestinien Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, entraînant la mort de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir des données officielles israéliennes.
Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent détenues à Gaza dont 34 sont mortes, d'après des responsables israéliens.
En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 33.545 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Plus de 250 organisations humanitaires ou de défense des droits de l'Homme, incluant Amnesty International et Oxfam, ont rejoint une lettre ouverte lancée en janvier par 16 ONG, appelant à cesser "immédiatement" tout transfert d'armes "à Israël et aux groupes armés palestiniens", ont-elles fait savoir jeudi.
"La situation est désastreuse et empire, les bombardements n'ont pas cessé et continuent", a raconté à l'AFP Imad Abu Shawish, un homme de 39 ans, dans le secteur de Nousseirat, dans le centre du territoire. "Nous entendons le bruit des missiles qui tombent près de nous avant d'exploser, et provoquent la panique parmi les enfants", a-t-il ajouté.
- "Offre très raisonnable" -
Les efforts de médiation n'ont pas permis jusqu'à présent de parvenir à un compromis. Jeudi, Israël a accusé le Hamas de "tourner le dos" à une "offre très raisonnable".
La dernière proposition avancée par le Qatar, les Etats-Unis et l'Egypte prévoit dans un premier temps une trêve de six semaines ainsi que la libération de 42 otages retenus à Gaza en échange de 800 à 900 Palestiniens incarcérés par Israël et le retour chez eux des habitants du nord du territoire déplacés par la guerre, selon une source du Hamas.
Le Hamas exige avant tout accord un cessez-le-feu définitif, le retrait israélien de Gaza, une augmentation importante de l'aide humanitaire, un retour des déplacés et un accord "sérieux" d'échange d'otages et de prisonniers palestiniens.
Et son chef Ismaïl Haniyeh soutient que la mort plus tôt cette semaine de trois de ses fils dans une frappe israélienne à Gaza ne ferait pas fléchir sa position dans les négociations.
Le mouvement islamiste veut aussi disposer de "suffisamment de temps et de sécurité" pour pouvoir localiser les otages qui "se trouvent dans différents endroits aux mains de différents groupes", a affirmé jeudi Bassem Naïm, un des membres de la direction du Hamas.
S.Martin--RTC