La sélection du jury entre dans le dur au procès de Trump
Sélectionner douze citoyens impartiaux pour juger Donald Trump: le long et délicat processus de sélection du jury est entré dans le dur mardi au procès historique de l'ancien président américain.
A la mi-journée, douze jurés, le nombre requis, ont été pré-sélectionnés après avoir répondu à un long questionnaire et dévoilé des pans entiers de leur vie devant le tribunal: leur profession, leur situation familiale, leurs sources d'information ou encore leurs loisirs.
Mais le processus est loin d'être terminé: l'un des avocats de Donald Trump, Todd Blanche, a commencé à son tour à cuisiner chacun des jurés, pour déceler tout soupçon d'impartialité à l'encontre de son client, le premier ancien président des Etats-Unis à comparaître au pénal.
L'accusation et la défense ont le pouvoir de récuser un certain nombre d'entre eux sans devoir fournir de justification.
En pleine campagne présidentielle, Donald Trump, 77 ans, doit assister, en silence, à ce long et fastidieux processus, au moment où son rival Joe Biden fait campagne sur le terrain dans sa ville natale de Scranton, dans l'Etat de Pennsylvanie, disputé et crucial pour l'élection de novembre.
- Paiements suspects -
"C'est un procès qui n'aurait jamais dû exister (...) et nous avons un juge anti-Trump", a affirmé l'ancien président républicain à propos du juge Juan Merchan qui lui a imposé lundi d'être présent aux audiences, soit quatre jours par semaine.
"Tout cela vient de la Maison Blanche, de Biden, qui ne sait pas aligner deux phrases", a encore déclaré celui qui qualifie ses affaires judiciaires de "persécution politique".
Donald Trump est poursuivi pour des paiements destinés à acheter le silence de l'ancienne star de films X , à quelques jours du scrutin de 2016 qu'il avait remporté sur le fil face à la candidate démocrate Hillary Clinton.
Sur le premier groupe de 96 jurés potentiels admis lundi après-midi dans la salle d'audience, les deux tiers avaient été exemptés d'emblée, en grande majorité parce qu'ils se sont déclarés incapables de se montrer impartiaux.
Les autres, des citoyens anonymes, se retrouvent précipités du jour au lendemain dans la frénésie de ce procès inédit. Une infirmière dans un service d'oncologie, un libraire, un comptable, une professeure d'Harlem qui "n'aime pas les informations ou les journaux", une "heureuse retraitée", grand-mère de quatre enfants ont ainsi déballé leur vie face à l'ancien président.
"Je ne suis pas sûre à 100% que je pourrais être impartiale", a dit une jurée potentielle, avant d'être récusée par le juge.
Lorsque des jurés potentiels prennent place dans le box, Donald Trump tourne la tête dans leur direction, semblant les jauger.
Cette étape décisive du procès pourrait se prolonger jusqu'à la semaine prochaine, voire au-delà.
- Maquillage de comptes de campagne -
Plus de trois ans après avoir quitté la Maison Blanche dans le chaos, Donald Trump encourt en théorie une peine de prison. Cela ne l'empêcherait pas d'être candidat au scrutin présidentiel du 5 novembre, où il rêve d'une revanche sur Joe Biden, mais projetterait la campagne dans l'inconnu.
S'il était déclaré non coupable, ce serait un succès majeur pour le candidat républicain.
D'autant plus qu'il est parvenu à force de recours à différer ses trois autres procès au pénal, deux pour tentatives illicites d'inverser les résultats de l'élection de 2020, et un pour gestion supposément désinvolte de documents classifiés.
Donald Trump est inculpé de falsifications de documents comptables de son entreprise, la Trump Organization, qui auraient eu pour but de cacher, sous couvert de "frais juridiques", le paiement de 130.000 dollars à Stormy Daniels par son avocat personnel de l'époque, Michael Cohen.
En échange, cette dernière avait accepté de taire une relation sexuelle avec le milliardaire en 2006. Donald Trump a toujours nié cette relation et sa défense assure que les paiements relevaient de la sphère privée.
Mais le procureur Alvin Bragg entend démontrer qu'il s'agit bien de manoeuvres frauduleuses pour cacher des informations aux électeurs quelques jours avant le vote.
"Personne ne peut sérieusement contester que la raison pour laquelle lui (Michael Cohen, NDLR) et Trump ont mis au point ce stratagème était de priver les électeurs d'informations qui auraient pu changer le résultat d'une élection extrêmement serrée", a ainsi expliqué un analyste judiciaire Norman Eisen, sur le site de la chaîne d'information CNN.
P.Ortiz--RTC