Des dizaines de corps exhumés à Gaza où Israël promet d'accroître sa pression militaire
Des dizaines de corps ont été découverts enterrés dans la cour d'un hôpital de la bande de Gaza qui avait fait l'objet d'un raid israélien, a indiqué dimanche la Défense civile de Gaza, au moment où le Premier ministre israélien a promis d'accroître la pression sur le Hamas palestinien.
"Dans les prochains jours, nous augmenterons la pression militaire et politique sur le Hamas, car c'est le seul moyen de libérer nos otages et de remporter notre victoire", a déclaré Benjamin Netanyahu dans un message vidéo diffusé à la veille de la Pâques juive.
Plus de six mois après le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre, M. Netanyahu n'a de cesse de clamer sa détermination à lancer une offensive terrestre à Rafah, qu'il considère comme le dernier grand bastion du Hamas.
Selon l'ONU, près d'un million et demi de déplacés palestiniens sont massés dans cette ville située à la pointe sud du territoire. Vendredi, le G7 à réaffirmé son opposition à "une opération militaire d'ampleur" dans cette ville frontalière avec l'Egypte, redoutant un bain de sang.
Toujours dans le sud du territoire palestinien assiégé, à Khan Younès, la Défense civile de Gaza à annoncé avoir exhumé au moins 50 corps de Palestiniens enterrés dans la cour d'un hôpital.
Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a indiqué vérifier ces affirmations.
Cette découverte macabre intervient au moment où les Etats-Unis, alliés indéfectibles d'Israël, ont approuvé une aide militaire de 13 milliards de dollars pour leur allié. Pour le Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, Washington a donné à Israël le "feu vert" pour continuer à "agresser" les Palestiniens.
- Restes humains -
Selon la Défense civile de Gaza, certains des corps retrouvés à Khan Younès "étaient dépouillés de leurs vêtements, ce qui indique certainement qu'ils ont été arrêtés, torturés et soumis à de mauvais traitements de la part de l'armée d'occupation", d'après la même source.
Un photographe de l'AFP a vu des membres de la Défense civile exhumer des restes humains dans la cour dimanche.
Israël a retiré ses soldats de Khan Younès le 7 avril, après avoir mené ce qu'il a appelé une "opération précise et limitée" dans cet hôpital, l'un des plus grands de Gaza.
La Défense civile de Gaza a également rapporté dimanche que des frappes israéliennes sur deux maisons à Rafah avaient fait au moins 16 morts. Le ministère de la Santé du Hamas a dénombré 48 morts en 24 heures dans le territoire, portant le bilan total depuis le début de la guerre à 34.097 morts, majoritairement des civils.
"Nous dormions et nous avons soudain été réveillés par le cauchemar d'une explosion. Le plafond est tombé sur les enfants", a raconté Umm Hassan Kloub, une femme de 35 ans, dont la maison à Rafah abritait des familles déplacées.
En Cisjordanie occupée, deux jeunes Palestiniens ont été tués par des soldats israéliens, selon le ministère palestinien de la Santé. L'armée a affirmé qu'ils avaient tenté de poignarder et d'ouvrir le feu sur des militaires près du village de Beit Einoun (sud). La veille, un raid israélien près de Tulkarem avait fait 14 morts, selon le Croissant rouge palestinien.
- Une région "en feu" -
La tension était brusquement montée au Moyen-Orient le 13 avril, lorsque l'Iran a mené une attaque sans précédent contre Israël, son ennemi depuis la Révolution iranienne de 1979, avec des centaines de drones et de missiles dont la plupart ont été interceptés.
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a salué dimanche les "succès" des forces armées, qui illustrent selon lui la "grandeur" de l'Iran sur la scène internationale.
Israël avait promis de riposter tandis que l'Iran disait avoir agi en "légitime défense" après l'attaque meurtrière, attribuée à Israël, qui a détruit son consulat à Damas le 1er avril et tué sept militaires iraniens parmi lesquels deux hauts gradés.
Vendredi, une attaque imputée à Israël a touché le centre de l'Iran, sans faire ni victime ni dégâts selon les autorités. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a relativisé samedi cette opération, qu'il a comparée à un jeu d'enfant.
"La région est en feu et une guerre totale peut être déclenchée à tout moment, et de telles actions la rendent plus imminente", selon l'expert Hamid Gholamzadeh.
Sur un autre volet, Israël a salué samedi l'aide financière votée à Washington, malgré les tensions avec les Etats-Unis nées des inquiétudes américaines sur le sort des civils à Gaza. Le président Joe Biden a parlé d'une "aide cruciale". Mais pour la Russie, cette aide attribuée à Israël, comme à l'Ukraine et à Taïwan, "va exacerber les crises mondiales".
- Une chaise vide -
La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque lancée le 7 octobre contre Israël par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza et qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'attaque et 129 d'entre elles sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes d'après des responsables israéliens.
Alors que les négociations en vue d'une trêve piétinent, l'opinion israélienne réclame avec force à ses dirigeants un accord qui permettrait la libération des otages.
Des manifestants ont une nouvelle fois réclamé samedi soir à Tel-Aviv la démission de Benjamin Netanyahu. Les familles des otages ont appelé les Israéliens à laisser une chaise vide lors du repas rituel de Seder lundi soir, qui marque le début de la fête juive de Pessah, pour ne pas les oublier.
"La nuit de Seder approche, et cette année, nous allons devoir laisser une chaise vide", a lancé Ofir Angrest, dont le frère Matan est otage depuis le 7 octobre.
P.Ortiz--RTC