"Problèmes de neutralité" à l'UNRWA mais pas de preuve de liens "terroristes" fournie par Israël
L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) dans la bande de Gaza a des "problèmes de neutralité" politique mais Israël doit encore fournir la "preuve" que certains de ses membres sont prétendument liés à des "organisations terroristes" comme le Hamas, conclut lundi un rapport remis au chef des Nations unies.
Reste que l'UNRWA est "irremplaçable et indispensable" aux Palestiniens, souligne ce groupe indépendant présidé par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna et chargé par le secrétaire général Antonio Guterres d'une mission d'évaluation sur la "neutralité" de cette agence de l'ONU.
Ce rapport très attendu d'une cinquantaine de pages -- fruit de neuf semaines d'entretiens et de missions en Israël, Cisjordanie occupée, Jordanie -- contient plusieurs "recommandations" que Mme Colonna a présentées à la presse au siège de l'ONU à New York, après des mois de tourmente pour l'UNRWA.
"Ce qui doit être amélioré sera amélioré. Je suis confiante dans le fait que la mise en oeuvre de ces mesures aidera l'UNRWA à remplir son mandat", a affirmé l'ancienne cheffe de la diplomatie française.
L'ex-ministre a "vivement encouragé la communauté internationale à se tenir aux côtés de l'agence afin qu'elle puisse effectuer sa mission et relever les défis qui se présentent".
Le porte-parole de M. Guterres, Stéphane Dujarric a assuré que "le secrétaire général acceptait les recommandations contenues dans le rapport de Mme Colonna" et qu'un "plan d'action" serait mis en oeuvre.
D'autant que "l'UNRWA demeure cruciale pour apporter une aide humanitaire vitale et des services sociaux essentiels, notamment en matière de santé et d'éducation, aux réfugiés palestiniens à Gaza, en Jordanie, au Liban, en Syrie et en Cisjordanie", souligne le groupe indépendant de Mme Colonna.
- "Menaces" -
L'agence est même "irremplaçable et indispensable pour le développement humain et économique des Palestiniens (et) beaucoup considèrent l'UNRWA comme une planche de salut humanitaire".
"Mais en dépit de ce cadre solide, des problèmes liés à la neutralité persistent", relève la mission.
Il s'agit "de cas d'employés du personnel exprimant publiquement leurs opinions politiques, de livres scolaires au contenu problématique venant du pays hôte et utilisés dans certaines écoles de l'UNRWA, de syndicalistes politisés proférant des menaces contre l'encadrement de l'UNRWA et perturbant des opérations" humanitaires, selon le groupe.
Répondant aux questions de journalistes, Mme Colonna a évoqué à demi-mots certains contenus de livres scolaires d'écoles de l'agence onusienne à caractère antisémite, hostiles aux juifs et antisioniste.
L'UNRWA qui compte plus de 30.000 employés servant 5,9 millions de Palestiniens dans la région (Gaza, Cisjordanie, Liban, Jordanie et Syrie), est accusée par Israël d'employer "plus de 400 terroristes" à Gaza.
Et 12 de ses employés sont accusés par les Israéliens d'avoir été directement impliqués dans l'attaque sans précédent du 7 octobre 2023 menée par le Hamas sur le sol israélien, qui a fait 1.160 morts, essentiellement civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles.
- "Colonne vertébrale" -
Des accusations qui ont entraîné la suspension de financements par certains pays donateurs comme les Etats-Unis, même si certains ont repris depuis.
"Sur la base d'une liste de mars 2024 contenant des numéros d'identité de Palestiniens, Israël a affirmé publiquement qu'un nombre significatif d'employés de l'UNRWA sont membres d'organisations terroristes. Cependant, Israël doit encore en apporter la preuve", prévient le groupe de Mme Colonna.
L'ancienne ministre française a précisé que selon son rapport "l'UNRWA n'avait pas reçu de preuves par Israël" d'une prétendue implication de certains employés palestiniens avec le Hamas dans la bande de Gaza et "non qu'il n'existait pas de preuve" de ces liens éventuels.
L'UNRWA, créée par l'Assemblée générale de l'ONU en 1949, "est la colonne vertébrale des opérations humanitaires" à Gaza, s'était défendu la semaine dernière devant le Conseil de sécurité son patron Philippe Lazzarini, dénonçant une campagne "insidieuse" pour mettre fin à ses opérations.
"Démanteler l'UNRWA aura des répercussions durables", avait-il prévenu, avec pour conséquence notamment d'"aggraver la crise humanitaire à Gaza et accélérer l'arrivée de la famine".
La famine menace déjà le nord du territoire palestinien, où plus de 34.000 personnes, la plupart des civils, ont été tués depuis le début de l'offensive israélienne, selon le ministère de la Santé du Hamas.
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L.Aitken--RTC