Reprise du procès Trump avec l'ex-patron d'un tabloïd "tueur" de scandales
Le procès pénal historique de Donald Trump reprend jeudi à New York avec la poursuite du témoignage haut en couleurs d'un ancien patron de tabloïd, au service de l'ex-président en 2016 pour "tuer" les scandales les plus embarrassants.
Déjà condamné deux fois depuis 2023 par la justice civile de New York à des centaines de millions de dollars d'amendes, Donald Trump joue gros lors de ce procès dont les débats ont commencé lundi au tribunal de Manhattan: cette affaire pénale pourrait être la seule, parmi les quatre qui le visent, à être jugée avant l'élection présidentielle de novembre.
Le milliardaire républicain de 77 ans est le premier ancien président des Etats-Unis à comparaître au pénal, sept mois avant son duel quasi certain avec le président démocrate Joe Biden, 81 ans.
Cravate rose pâle, moustache, front dégarni et cheveux gominés en arrière, David Pecker, 72 ans, qui possédait The National Enquirer, un magazine aux Unes chocs qu'on trouve dans les supermarchés, avait commencé à raconter mardi aux 12 jurés les dessous de la conquête en novembre 2016 de la Maison Blanche par son ami "Donald".
Le témoignage de M. Pecker est crucial pour l'accusation qui veut voir le candidat du Parti républicain être condamné pour la dissimulation en "frais juridiques" du paiement de 130.000 dollars à une ex-star de films X, Stormy Daniels.
L'argent, versé juste avant l'élection de novembre 2016 que M. Trump avait remportée sur le fil contre l'ancienne ministre des Affaires étrangères Hillary Clinton, avait servi à acheter le silence de l'actrice de films pornographiques, Stephanie Clifford de son vrai nom, qui affirme avoir eu une relation sexuelle en 2006 avec lui.
M. Trump, alors déjà marié à Melania Trump, nie.
- "Catch and kill" -
David Pecker a raconté à la barre mardi comment il avait servi la campagne Trump en 2016 en faisant la chasse aux histoires salaces et assuré avoir discuté de ce plan devant lui.
La manoeuvre est connue sous l'expression américaine de "catch and kill" ("attraper et tuer").
M. Trump et M. Pecker s'apprécient depuis 25 ans, selon le patron de presse qui avait racheté The National Enquirer en 1999 et profité du succès de l'émission de télé-réalité à l'époque du magnat de l'immobilier, "The Apprentice".
A l'été 2015, après l'annonce à New York de la candidature de Donald Trump à la présidence, "je le voyais plus fréquemment, peut-être une fois par mois", a expliqué M. Pecker aux jurés devant l'ancien locataire de la Maison Blanche, l'air fatigué et renfrogné, présent chaque jour depuis le 15 avril, quand a commencé la semaine de sélection du jury.
Lors d'un rendez-vous en août 2015 à la Trump Tower de Manhattan avec Donald Trump et son avocat personnel de l'époque Michael Cohen -- aujourd'hui son ennemi juré -- David Pecker est interrogé par les deux hommes sur ce qu'il pourrait "faire (...) pour aider sa campagne".
"J'ai dit que je publierai des articles positifs sur Trump et des articles négatifs sur ses adversaires", a raconté l'homme de presse et qu'il "serai(t) des yeux et des oreilles", pour surveiller tout scandale prêt à sortir -- notamment "des femmes (...) essayant de vendre leur histoire" et l'"enterrer".
D'après David Pecker, Donald Trump a été "satisfait" de ces offres de service.
- "Enfant illégitime" -
Outre les 130.000 dollars payés à Stormy Daniels, 30.000 dollars ont été versés à un portier de la Trump Tower qui voulait révéler "une histoire d'enfant illégitime" du futur président à l'époque.
Et 150.000 dollars pour une ex-mannequin du magazine Playboy, Karen McDougal, pour qu'elle taise une relation avec M. Trump.
Des éléments fondamentaux pour l'accusation qui veut prouver qu'il existait un stratagème pour étouffer tout scandale.
Donald Trump est poursuivi pour 34 chefs de falsifications de documents comptables de son groupe immobilier, la Trump Organization, pour dissimuler les paiements à Stormy Daniels.
La défense de Donald Trump invoque la légalité des paiements et nie tout "complot" pour "truquer" l'élection de 2016.
Enfin, le juge du tribunal de Manhattan doit séparément décider de possibles sanctions contre Donald Trump pour outrage, à cause de ses attaques sur internet et les réseaux sociaux contre témoins et jurés.
L'ancien président peut être condamné à des amendes (1.000 dollars par publication incriminée) mais une incarcération reste "une option si nécessaire", selon la justice.
W.Janssens--RTC