A Jérusalem, Blinken tente de ramener le calme à Gaza
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken doit s'entretenir mercredi à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à l'heure où Washington exhorte le Hamas à accepter "sans plus tarder" une trêve à Gaza mais aussi Israël à renoncer à son offensive à Rafah.
Après une réunion lundi au Caire avec des représentants de l'Egypte et du Qatar, une délégation du Hamas a regagné Doha afin d'étudier la nouvelle proposition de trêve et devrait donner sa réponse "aussi vite que possible", selon une source proche du mouvement.
Les pays médiateurs (Egypte, Qatar, Etats-Unis) attendent avec impatience cette réponse du mouvement islamiste palestinien sur une proposition de trêve de 40 jours, associée à une libération d'otages retenus à Gaza depuis le début de la guerre en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Cette proposition fait suite à des mois de blocage dans les négociations indirectes. Une trêve d'une semaine avait permis fin novembre la libération de 105 otages, dont 80 Israéliens et binationaux échangés contre 240 Palestiniens détenus par Israël.
Le Hamas réclame un cessez-le-feu "permanent" avant tout accord sur la libération des otages, ce qu'Israël a toujours refusé jusqu'à présent en affirmant vouloir mener une offensive terrestre à Rafah (sud), ville considérée comme le dernier bastion local du Hamas et où s'entassent actuellement un million et demi de Palestiniens, en majorité déplacés par la guerre.
"L'idée d'arrêter la guerre avant d'avoir atteint tous nos objectifs est hors de question. Nous allons entrer dans Rafah et y éliminer les bataillons du Hamas, avec ou sans accord (de trêve) afin d'obtenir une victoire totale", a répété mardi M. Netanyahu.
Ce dernier doit s'entretenir mercredi à 10H45 (7h45 GMT) à son bureau de Jérusalem avec M. Blinken, qui a multiplié au cours des dernières semaines, comme le président Joe Biden, les déclarations hostiles à une opération terrestre à Rafah.
"La vérité est qu’une opération terrestre à Rafah sera tout simplement une tragédie sans nom. Aucun plan humanitaire ne peut contrer cela. Le reste n'est que détail", a mis en garde mardi soir le chef des Affaires humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths.
"Une opération à grande échelle à Rafah mènerait à une catastrophe humanitaire", a renchéri sur X le patron de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus, appelant "toutes les parties à oeuvrer en faveur d'un cessez-le-feu".
- Port artificiel et Erez -
Après le froid de l'hiver, les familles déplacées à Rafah subissent à présent la chaleur qui monte, et se trouvent menacées, sans eau courante,par la propagation des maladies et la famine.
L'aide internationale, strictement contrôlée par les autorités israéliennes, arrive au compte-gouttes principalement depuis l'Egypte via Rafah, mais reste très insuffisante face aux immenses besoins des 2,4 millions de Gazaouis.
Les Etats-Unis font pression sur Israël pour qu'il facilite l'entrée de l'aide par la route et ont commencé à construire un port flottant face au littoral de Gaza, destiné à accueillir des cargaisons arrivées par bateau depuis Chypre. La structure sera prête jeudi, selon le président chypriote Nikos Christodoulides.
M. Blinken s'est félicité de l'ouverture mardi d'une voie terrestre "directe" entre la Jordanie et la bande de Gaza par via le point de passage d'Erez, récemment ouvert par Israël suite à des pressions américaines.
"Il s'agit d'un progrès réel et important, mais il reste encore beaucoup à faire", a dit M. Blinken qui, avant Israël, s'est rendu en Jordanie et en Arabie saoudite dans le cadre de sa septième mission au Moyen-Orient depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre.
Ce jour-là des commandos du mouvement islamiste infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque inédite dans le sud d'Israël, entraînant la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas qu'il considère comme une organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne, et lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 34.535 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste au pouvoir à Gaza depuis 2007.
- Mandats de la CPI ? -
Or selon le New York Times, Benjamin Netanyahu pourrait figurer parmi les personnes inculpées par la Cour pénale internationale (CPI) pour la conduite de cette guerre qui suscite par ailleurs une vague de manifestations et de sit-in sur les campus de grandes universités nord-américaines.
"Des institutions internationales comme la CPI ont été mises en place après l'Holocauste contre le peuple juif pour prévenir de telles horreurs, pour empêcher des génocides futurs. Et là, la CPI tente de placer Israël dans le box" des accusés, a déclaré mardi soir M. Netanyahu y voyant un possible "scandale aux proportions historiques".
D'après le quotidien américain, des responsables du Hamas pourraient aussi être accusés par le tribunal de La Haye.
D.Nielsen--RTC