Le Hamas va au Caire pour trouver un accord, accuse Netanyahu de chercher à l'entraver
Le mouvement islamiste palestinien Hamas a annoncé vendredi qu'il se rendrait samedi au Caire, pour "poursuivre les discussions" sur l'offre de trêve avec Israël et "parvenir à un accord", tout en accusant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de chercher à l'entraver.
"Nous nous rendons au Caire dans un esprit positif pour parvenir à un accord", indique le Hamas, dans un communiqué sur son site internet.
Il précise rester "déterminé", ainsi que les autres groupes palestiniens, à obtenir "un arrêt total de l'agression" israélienne, "le retrait des forces d'occupation" israéliennes et "un arrangement sérieux d'échange" d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens.
Un haut responsable du Hamas a confirmé à l'AFP qu'une délégation menée par Khalil al-Haya, membre du bureau politique, "se rendrait au Caire demain (samedi) matin pour poursuivre les négociations sur le cessez-le-feu".
Le Hamas avait auparavant accusé Benjamin Netanyahu de chercher à entraver les efforts en vue d'une trêve dans la guerre dévastatrice à Gaza, alimentant les doutes sur un accord de cessez-le-feu rapide.
Au 7e mois de la guerre, les bombardements israéliens quotidiens sur la bande de Gaza menacée de famine se poursuivent, tuant 26 personnes ces dernières 24 heures selon le ministère de la Santé du mouvement palestinien.
Les frappes ont notamment visé Rafah, ville du sud du territoire palestinien assiégé où M. Netanyahu veut lancer une offensive terrestre pour "anéantir" selon lui les dernières brigades du Hamas, mouvement qu'il considère comme terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
"Nous ferons ce qui est nécessaire pour gagner et vaincre notre ennemi, y compris à Rafah", a-t-il répété jeudi, en réaffirmant son intention de lancer cette offensive "avec ou sans accord" de trêve.
Tout en disant étudier l'offre de trêve "dans un esprit positif", Hossam Badran, membre du bureau politique du Hamas, a affirmé que les déclarations de M. Netanyahu sur un assaut à Rafah "visent clairement à faire échouer toute possibilité d'accord".
Le Hamas, qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza, maintient ses exigences avant tout accord, en premier lieu un cessez-le-feu définitif et un retrait total des forces israéliennes de Gaza.
Ce qu'Israël refuse.
- "Bain de sang" -
Ces déclarations des protagonistes jettent le doute sur la conclusion rapide d'un accord en vue d'un cessez-le-feu malgré les efforts de la communauté internationale, surtout des Etats-Unis, allié principal d'Israël.
Lors d'une tournée au Moyen-Orient cette semaine, le secrétaire d'Etat Antony Blinken a appelé le Hamas à accepter l'offre de trêve.
Il a aussi exhorté Israël à renoncer à une offensive à Rafah où s'entassent quelque 1,2 million de Palestiniens, la plupart des déplacés.
L'ONU et de nombreux pays disent craindre pour la population civile en cas d'assaut israélien.
"Une opération militaire à grande échelle à Rafah pourrait conduire à un bain de sang (...)", a affirmé le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Rafah, située à la frontière fermée de l'Egypte, est le principal point de passage terrestre de l'aide humanitaire pour le territoire palestinien assiégé par Israël.
Une offensive serait "un coup dur pour les opérations humanitaires dans l'ensemble de la bande de Gaza" car Rafah "est au coeur de ces opérations", a averti le Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU.
- Décès d'un otage -
L'aide internationale, strictement contrôlée par Israël, arrive au compte-gouttes, principalement d'Egypte via Rafah, mais reste très insuffisante face aux immenses besoins des quelque 2,4 millions de Gazaouis.
Face aux difficultés d'acheminement de l'aide par la route, des vivres sont parachutés par plusieurs pays sur Gaza. Mais vendredi, un porte-parole de la défense civile à Gaza, Mahmoud Bassal, a déclaré que des colis étaient tombés sur des civils, en tuant un et blessant plusieurs.
L'OMS a néanmoins jugé que la situation alimentaire s'améliorait légèrement à Gaza mais que le risque de famine demeurait.
Le 7 octobre, une attaque de commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Durant l'attaque, plus de 250 personnes ont été enlevées et 128 restent captives à Gaza, dont 35 sont mortes, selon l'armée.
En représailles, Israël a lancé une offensive de grande envergure -aérienne puis terrestre- dans la bande de Gaza qui a fait jusqu'à présent 34.622 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Vendredi, le gouvernement a confirmé le décès de l'otage Dror Or dont deux des enfants, enlevés aussi durant l'attaque du Hamas, ont été libérés fin novembre lors de l'unique trêve depuis le début de la guerre.
Le même jour, l'armée a indiqué que les restes d'Eliakim Livman, considéré jusque-là comme otage à Gaza, avaient été découverts en Israël. "Il a été assassiné durant le massacre du 7 octobre", selon elle.
- "Qu'ont-ils fait?" -
Dans un quartier de Rafah, plusieurs corps dont ceux d'enfants ont été trouvés sous les décombres de la maison de la famille Chahine touchée par une frappe israélienne avant l'aube.
Sanaa Zourob a perdu sa sœur et six de ses neveux et nièces dans ce bombardement. "Quelle est leur faute à ces enfants? Qu'ont-ils fait pour que leur immeuble soit bombardé? Ces enfants dormaient!", s'est-elle écriée.
H.Bastin--RTC