Colombie : la guérilla de l'ELN annonce la reprise des enlèvements
La guérilla colombienne de l'ELN, engagée dans des négociations de paix avec le gouvernement, a annoncé la reprise des enlèvements contre rançon, estimant que l'exécutif n'avait pas tenu son engagement de lui fournir des dons provenant de la communauté internationale.
L'Armée de libération nationale (ELN), qui a conclu une trêve avec les forces de sécurité en 2023, avait accepté en janvier de suspendre les kidnappings, après une crise dans les pourparlers provoquée par l'enlèvement du père du footballeur colombien de Liverpool Luis Manuel Diaz.
Dans un communiqué lundi, la guérilla a estimé que cet engagement était lié à la mise en place d'un "fonds multidonateurs" abondé par la communauté internationale.
"Le gouvernement montre peu de volonté d'avancer dans ce domaine. Compte tenu de ce qui précède, l'ELN considère que son offre de suspension unilatérale" des enlèvements contre rançon "est caduque", a souligné l'ELN sur son compte Telegram.
"La délégation du gouvernement colombien a toujours fait comprendre à l'ELN que le commerce d'êtres humains n'avait aucune (...) justification et que son élimination ne faisait l'objet d'aucune transaction", a réagi l'exécutif.
"Nous espérons que l'ELN tiendra ses engagements envers la société colombienne et la communauté internationale et mettra fin à toute forme d'enlèvement", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Le bureau du médiateur de l'État, qui veille au respect des droits de l'Homme, a estimé dans un communiqué que l'ELN démontrait ainsi "pour la énième fois" son "peu de volonté de faire avancer les pourparlers de paix".
Selon le gouvernement, le "fonds multidonateurs" est destiné à "financer les activités de paix" et n'a "en aucun cas été créé en échange de la suspension des enlèvements".
Le président de gauche Gustavo Petro négocie depuis novembre 2022 avec l'ELN et un fragile cessez-le-feu est en vigueur depuis l'été 2023. Les deux parties ont fait état de violations de cet accord à plusieurs reprises, ce qui a entraîné des crises et des suspensions des pourparlers.
En six décennies de conflit civil, la Colombie a connu quelque 50.000 enlèvements selon la Commission de la vérité, principalement par les groupes armés qui financent ainsi et avec le trafic de drogue leurs opérations.
L'ELN, qui a pris les armes en 1964, compte environ 5.800 hommes, selon le renseignement militaire.
A.Romano--RTC