Les nationalistes donnés vainqueurs des élections en Macédoine du Nord
Les sociaux-démocrates au pouvoir (SDSM) ont concédé leur défaite mercredi soir aux élections présidentielle et législatives en Macédoine du Nord, où une victoire du parti nationaliste VMRO-DPMNE laisse augurer de relations houleuses avec les pays voisins de l'Union européenne.
"Je félicite notre adversaire politique VMRO-DPMNE pour sa victoire aux élections", a déclaré Dimitar Kovacevski, Premier ministre sortant et chef du SDSM, avant même la publication de résultats officiels.
Le chef du VMRO-DPMNE et vraisemblable futur Premier ministre, Hristijan Mickoski, n'avait pas eu le temps de prononcer son discours de vainqueur.
Des feux d'artifice ont éclaté dans la capitale Skopje pendant que la nouvelle d'une victoire facile des nationalistes se répandait.
Le VMRO-DPMNE et sa candidate Gordana Siljanovska-Davkova étaient déjà arrivés largement en tête au premier tour de la présidentielle le 24 avril.
Le retour au pouvoir de l'opposition de droite dans ce pays pauvre des Balkans, s'il est confirmé, ravivera notamment les tensions avec la Grèce et la Bulgarie voisines, ce dernier pays posant ses conditions pour faire avancer les négociations d'adhésion de la Macédoine du Nord à l'UE.
Hristijan Mickoski a refusé de reconnaître le nouveau nom du pays qui s'appelle Macédoine du Nord, conformément à un accord signé en 2018 avec la Grèce pour mettre fin à une querelle de longue date entre Skopje et Athènes.
Il a également promis de faire preuve de fermeté dans un bras de fer qui oppose Skopje à la Bulgarie qui a bloqué au cours des deux dernières années les négociations en vue d'une adhésion de la Macédoine du Nord à l'Union européenne.
Depuis qu'il a pris la direction du VMRO-DPMNE en 2017, M. Mickoski a reconstruit un parti ébranlé après la fuite de son ancien chef et ex-Premier ministre Nikola Gruevski, accusé de corruption, qui a trouvé asile dans la Hongrie dirigée par Viktor Orban.
M. Mickoski a également promis de donner la priorité à l'économie et de créer des dizaines de milliers d'emplois, un message auquel sont sensibles de nombreux électeurs de ce pays pauvre touché par une inflation galopante.
Au cours des deux dernières décennies, la Macédoine du Nord a perdu environ 10% de sa population en raison d'une émigration massive, les jeunes n'y ayant que peu de perspectives d'avenir.
- Tensions ethniques -
Au cours de la campagne, M. Mickoski a recouru à une rhétorique de plus en plus incendiaire à l'égard du DUI, principal parti albanais du pays, suscitant la crainte que ses propos ne compromettent les fragiles relations interethniques dans le pays.
Les Albanais représentant plus d'un quart de la population de 1,8 million d'habitants. Le chef du DUI Ali Ahmeti a dirigé une courte rébellion armée en 2001 pour obtenir plus de droits pour les Albanais.
Depuis la déclaration de l’indépendance en 1991, les gouvernements successifs de l'ancienne république yougoslave ont respecté une règle non écrite selon laquelle un parti albanais doit être inclus dans une coalition gouvernementale.
Le DUI, ainsi qu'une coalition de partis des minorités, semble en mesure de capter le plus grand nombre de votes albanais, même si M. Mickoski a traité ses dirigeants de "voleurs".
- Débloquer les négociations avec l'UE -
Les sociaux-démocrates de centre-gauche au pouvoir (SDSM) avaient prévenu que l'issue des élections serait décisive pour l'avenir européen de la Macédoine du Nord, peine perdue.
"Les citoyens auront le dernier mot sur la direction que va prendre l'Etat", a déclaré l'ancien Premier ministre et chef du SDSM Dimitar Kovacevski après avoir voté.
"Sans l'Union européenne, nous ne pouvons pas survivre. Nous sommes un petit pays", a dit à l'AFP Trajce Nacevski, un retraité de 90 ans.
"J'espère que le gouvernement travaillera sérieusement à l'amélioration du niveau de vie", a déclaré Ivana Trajcev, 42 ans, qui travaille dans les finances. Les prochains dirigeants du pays doivent "créer les conditions pour que les jeunes aient des chances égales et meilleures pour progresser", estime-t-elle.
M.Tran--RTC