Présidentielle en Lituanie sur fond de "menace russe"
Les Lituaniens votent ce dimanche pour le premier tour de l'élection présidentielle à l'issue d'une campagne dominée par les questions de défense, Vilnius voulant renforcer sa sécurité face à la Russie voisine.
Le pays balte de 2,8 millions d'habitants, une ex-république soviétique qui jouxte l'exclave russe très militarisée de Kaliningrad, craint d'être la prochaine cible si Moscou devait gagner sa guerre contre l'Ukraine.
"La compréhension de la menace russe par la Lituanie est unanime et incontestable, et les principaux candidats s'accordent dessus", résume Linas Kojala, directeur du Centre d'études sur l'Europe de l'Est à Vilnius.
Les sondages donnent au président sortant, Gitanas Nauseda, un ancien banquier de 59 ans, une avance confortable sur les sept autres candidats, parmi lesquels la Première ministre Ingrida Simonyte et un avocat connu, Ignas Vegele.
Les observateurs prédisent la victoire de M. Nauseda au second tour à la fin du mois.
Au premier tour, il devrait obtenir plus de 35% des voix, selon un dernier sondage qui donne 12% à M. Vegele et 10% à Mme Simonyte.
Les bureaux de vote fermeront à 17H00 GMT, les résultats étant attendus dans la soirée.
Aldona Majauskiene, une retraitée de 82 ans, confie à l'AFP avoir voté pour M. Nauseda, "car il est le meilleur toutes catégories".
Airine, une fonctionnaire de 53 ans, a elle opté pour Mme Simonyte: "je vote pour ceux qui peuvent vraiment améliorer notre sécurité et notre qualité de vie", dit-elle.
Le président lituanien co-dirige, avec le gouvernement, la politique étrangère et participe aux sommets de l'UE et de l'Otan.
Il doit consulter le gouvernement et le parlement pour la nomination des plus hauts fonctionnaires.
Si les trois principaux candidats s'accordent sur la défense, ils divergent sur les relations entre la Lituanie et la Chine, tendues depuis des années à propos des relations avec Taïwan.
- Budget de défense record -
M. Vegele, un avocat de 48 ans qui s'est fait connaître en s'opposant à la vaccination obligatoire pendant la pandémie, se présente comme une alternative aux responsables politiques établis et promet une gouvernance "plus transparente".
Mme Simonyte, 49 ans, défend des vues conservatrices en matière économique et libérales sur les questions sociales. Elle soutient notamment les partenariats entre personnes de même sexe, encore controversés dans ce pays majoritairement catholique.
Elle se présente à l'élection présidentielle pour la deuxième fois, battue par M. Nauseda au second tour de l'élection de 2019.
"Mme Simonyte est soutenue par les électeurs du parti conservateur et les libéraux, tandis que M. Nauseda est un candidat de gauche en termes de politique économique et sociale", explique Ramunas Vilpisauskas, analyste à l'université de Vilnius.
"Quant à M. Vegele, il recevra le soutien de ceux qui veulent simplement du changement", ajoute-t-il.
La Lituanie, membre de l'Union européenne et de l'Otan, est l'un des principaux donateurs de l'Ukraine, avec d'importantes dépenses de défense, qui représentent 2,75% de son PIB et que le gouvernement de Mme Simonyte veut porter à 3%.
Vilnius entend utiliser ces fonds pour acheter des chars et des systèmes de défense antiaérienne supplémentaires, et pour accueillir sur son territoire une brigade allemande. Berlin prévoit de stationner environ 5.000 soldats en Lituanie d'ici à 2027.
Aucun des principaux candidats n'a dit vouloir remettre en cause ces projets.
- Réaction de Pékin -
Il n'y a en revanche pas de consensus concernant les relations avec la Chine.
Les liens bilatéraux se sont tendus en 2021 lorsque Vilnius a autorisé Taïwan à ouvrir une représentation sous le nom de l'île autonome, s'écartant ainsi de la pratique diplomatique courante qui consiste à utiliser le nom de la capitale, Taipei, pour éviter de fâcher Pékin.
La Chine, qui considère Taïwan comme une partie de son territoire et s'oppose à tout soutien à l'île susceptible de lui conférer une quelconque légitimité internationale, a en rétorsion dégradé ses relations diplomatiques avec Vilnius et bloqué ses exportations.
M. Nauseda a déclaré pendant la campagne électorale qu'il voyait "la nécessité de changer le nom du bureau de représentation".
Mme Simonyte s'y oppose, tandis que M. Vegele a soutenu M. Nauseda en jugeant que "l'ouverture d'un bureau de représentation portant ce nom était une décision irréfléchie".
"La réaction de la Chine à l'ouverture du bureau a été plus dure que prévu, ce qui a déclenché le débat", analyse M. Kojala, pointant des conséquences négatives pour les entreprises locales de la dégradation ds relations avec Pékin.
M.Allan--RTC