Israël veut "intensifier" son offensive à Rafah
Israël a annoncé jeudi son intention d'"intensifier" son offensive au sol à Rafah malgré les craintes de la communauté internationale pour la population civile dans cette ville surpeuplée du sud de la bande de Gaza.
Au huitième mois de la guerre opposant Israël au mouvement islamiste palestinien Hamas, l'armée israélienne dit mener depuis une dizaine de jours des opérations "ciblées" au sol à Rafah, accompagnées de bombardements, avec l'objectif affiché d'y anéantir les derniers bataillons du Hamas.
Un porte-parole militaire israélien, Nadav Shoshani, a indiqué qu'"il y a des otages à Rafah", en référence aux personnes enlevées lors de l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre en Israël, qui a déclenché la guerre. "On opère pour créer les conditions pour les ramener à la maison", a-t-il dit aux journalistes.
"Des troupes supplémentaires vont entrer" à Rafah et "l'activité (militaire) va s'intensifier", a déclaré le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.
- Jetée temporaire à Gaza -
Des civils continuent de fuir l'est de Rafah et d'autres se préparent à évacuer d'autres quartiers de la ville.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a estimé que "la catastrophe humanitaire" à Rafah, redoutée par la communauté internationale, avait été évitée par Israël, affirmant que "près d'un demi-million de personnes avaient évacué la zone des combats".
Entrée avec des chars dans le secteur de Rafah le 7 mai, l'armée est déployée du côté palestinien du point de passage avec l'Egypte, crucial pour faire entrer le carburant, indispensable au fonctionnement des infrastructures et à la logistique humanitaire.
Plus rien n'entre depuis par Rafah, et l'Egypte et Israël s'en renvoient la responsabilité. L'aide humanitaire est également largement bloquée au passage avec Israël, Kerem Shalom.
De l'aide doit toutefois arriver "dans les prochains jours" après que les Etats-Unis ont arrimé jeudi une jetée temporaire à la plage de Gaza, selon le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom). Environ 500 tonnes d'aide humanitaire vont être acheminées à Gaza via cette jetée, selon la même source.
- "Génocide" -
L’ONU et des ONG mettent régulièrement en garde contre un risque de famine dans la bande de Gaza, où vivent quelque 2,4 millions d'habitants dont 70% ont été déplacés.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël ont mené une attaque qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'attaque et 128 restent captives à Gaza, dont 36 seraient mortes, selon l'armée.
La vaste offensive lancée en riposte par Israël a ravagé la bande de Gaza, où 35.272 morts personnes ont été tuées, majoritairement des civils, selon un dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
Au moins 39 morts supplémentaires ont été recensés ces dernières 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas, alors que des bombardements aériens ont été menés dans la nuit à travers la bande de Gaza, dont Gaza-ville, Jabalia (nord), Nousseirat (centre), d'après des témoins et médecins.
L'armée israélienne a annoncé la mort de cinq soldats tués mercredi par des "tirs amis" lors de combats à Jabalia. Au total, 278 soldats israéliens ont été tués depuis l'entrée des troupes israéliennes dans le territoire palestinien, le 27 octobre.
Les avocats de Pretoria, qui appellent les juges à ordonner un cessez-le-feu à Gaza, ont donné le coup d'envoi de deux jours d'audiences.
- "Déplacements forcés" -
Israël, qui récuse les accusations sud-africaines, y répondra vendredi. Il a précédemment souligné son engagement "inébranlable" à faire respecter le droit international et qualifié l'affaire portée par Pretoria de "totalement infondée".
Réuni A Manama, le sommet arabe a appelé au déploiement d'une force de maintien de la paix de l'ONU dans les territoires occupés par Israël jusqu'à la mise en place d'un Etat palestinien, un Etat rejeté par M. Netanyahu. Il a aussi appelé à un cessez-le-feu "immédiat" à Gaza et à l'arrêt des "déplacements forcés" des Palestiniens.
La guerre a également des répercussions à la frontière entre Israël et le Liban, où les échanges de tirs entre les forces israéliennes et le Hezbollah libanais, un soutien du Hamas, se sont multipliés ces derniers jours.
Deux membres du Hezbollah ont été tués dans des frappes israéliens dans le sud du Liban, selon le mouvement, après le bombardement par la formation libanaise de positions israéliennes de l'autre côté de la frontière.
R.Gutierrez--RTC