Gaza: les accusations de "génocide" sont "déconnectées" de la réalité, affirme Israël
L'affaire de "génocide" portée contre Israël, dans laquelle l'Afrique du Sud demande à la plus haute juridiction de l'ONU d'ordonner un cessez-le-feu à Gaza, est "totalement déconnectée" de la réalité, a déclaré Israël vendredi devant les juges.
"L'Afrique du Sud présente à la cour pour la quatrième fois un tableau complètement déconnecté des faits et des circonstances", a déclaré un représentant d'Israël, Gilad Noam, devant la Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye (Pays-Bas). "Une querre tragique est en cours mais il n'y a pas de génocide".
Pretoria a demandé à la CIJ d'enjoindre à Israël de cesser son incursion à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, essentielle selon Israël pour éliminer les militants du mouvement islamiste palestinien Hamas.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié de "décisive" jeudi la bataille de Rafah, après l'annonce d'une "intensification" des opérations militaires au sol dans cette ville du sud de la bande de Gaza en dépit des craintes internationales pour la population civile.
Les avocats de Pretoria ont déclaré jeudi devant la CIJ que "le génocide" commis par Israël avait atteint un "niveau horrible", évoquant notamment des fosses communes, des actes de torture et un blocage de l'aide humanitaire.
"L’Afrique du Sud avait espéré, lors de notre dernière comparution devant cette cour, mettre un terme à ce processus génocidaire afin de préserver la Palestine et son peuple", a déclaré Vusimuzi Madonsela, le représentant de Pretoria.
Dans un arrêt en janvier, la CIJ a ordonné à Israël de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza.
Mais la cour n'est pas allée jusqu'à ordonner un cessez-le-feu. Or pour Pretoria, l'évolution de la situation sur le terrain – notamment l'opération à Rafah – nécessite une nouvelle ordonnance de la CIJ.
- "Protection contre le génocide" -
L'opération israélienne à Rafah "est la dernière étape de la destruction de Gaza et de son peuple palestinien", a déclaré Vaughan Lowe, un avocat de l'Afrique du Sud.
"C'est Rafah qui a amené l'Afrique du Sud devant la cour. Mais ce sont tous les Palestiniens en tant que groupe national, ethnique et racial qui ont besoin de la protection contre le génocide que la cour peut ordonner", a-t-il ajouté.
Les ordonnances de la CIJ, qui tranche les différends entre Etats, sont juridiquement contraignantes mais elle n'a aucun moyen de les faire respecter.
Pretoria demande à la CIJ trois nouvelles mesures d'urgence en attendant qu'elle se prononce sur le fond de l'affaire, l'accusation selon laquelle Israël viole la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948.
L'Afrique du Sud souhaite que la cour ordonne à Israël de cesser "immédiatement" toutes les opérations militaires à Gaza, y compris à Rafah, de permettre l'accès humanitaire et de rendre compte des mesures prises dans l'exécution de ces ordonnances.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël ont mené une attaque qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'attaque et 128 restent captives à Gaza, dont 38 seraient mortes, selon l'armée.
La vaste offensive lancée en riposte par Israël a ravagé la bande de Gaza, où 35.303 morts personnes ont été tuées, majoritairement des civils, selon un dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
D.Nelson--RTC