Bombardements israéliens meurtriers à Gaza, nouvel appel de Biden à un cessez-le-feu
L'armée israélienne a intensifié ses frappes sur la bande de Gaza dont l'une a tué dimanche 31 Palestiniens dans un bâtiment résidentiel, a indiqué la défense civile locale, le président américain, Joe Biden, appelant pour sa part à un cessez-le-feu, dans un discours de campagne.
Au huitième mois du conflit entre Israël et le Hamas déclenché par une attaque sans précédent le 7 octobre du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien, des combats acharnés ont repris à Jabalia (nord), où le Hamas a repris pied selon l'armée, et font rage à Rafah (sud), d'après des témoins.
Depuis l'ordre d'évacuation de l'armée israélienne le 6 mai, à la veille de l'entrée de ses chars dans l'est de cette ville, "environ la moitié de la population de Gaza" forte de 2,4 millions d'habitants, a été "forcée de fuir" à nouveau, a affirmé dimanche à Amman le patron de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.
Avant l'aube, un bombardement israélien a touché un immeuble familial dans le camp de réfugiés de Nousseirat (centre), ont indiqué l'hôpital al-Aqsa et la Défense civile de Gaza.
"La défense civile a pu récupérer les corps de 31 martyrs et 20 blessés des décombres", a déclaré son porte-parole, Mahmoud Bassal.
"Il y a encore des corps sous les décombres", a décrit Yasser Abou Oula, un témoin, "tous sont des civils."
Dans le nord du territoire palestinien assiégé et dévasté, l'hôpital Al-Ahli Arab a recensé trois morts dans un raid israélien sur une école abritant des déplacés dans l'est de Gaza-Ville.
- "Combats féroces" -
Des témoins ont rapporté des explosions et combats toute la nuit à Jabalia, où l'armée a ordonné samedi l'évacuation de quartiers après des tirs de roquettes sur Israël.
Début janvier, l'armée israélienne avait dit avoir neutralisé le Hamas dans le nord de Gaza, mais d'après elle, le mouvement a repris pied à Jabalia.
Dans le sud, l'armée a annoncé intensifier ses opérations à Rafah, adossée à la frontière fermée avec l'Egypte, où elle dit vouloir réduire les derniers bataillons du Hamas. Les combats ont principalement lieu dans le secteur est.
Le Hamas y a fait état de "combats féroces" avec des tirs d'obus et de missiles antichars.
S'exprimant à l'université d'Atlanta, Joe Biden, en campagne pour sa réélection à la présidence des Etats-Unis, principal soutien d'Israël, a assuré dimanche à des étudiants travailler à "une paix durable" incluant "une solution à deux Etats", avec la création d'un Etat palestinien.
Il a de nouveau appelé à un "cessez-le-feu immédiat pour arrêter les combats, ramener les otages à la maison", alors que les pourparlers sur une trêve entre le Hamas et Israël sont au point mort.
Dépêché par Washington, qui s'oppose à l'instar de nombreuses capitales à une offensive d'ampleur à Rafah, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a eu dimanche des entretiens avec les dirigeants d'Israël.
- "Aucun endroit sûr" -
A Rafah "il n’y a ni sécurité, ni nourriture, ni eau. Des bombardements continus depuis des mois, jour et nuit, nous sommes terrorisés (...) Que reste-t-il à détruire?", s'écrie Rinad Joudeh, une habitante.
"Si l'armée étend ses opérations nous ne pourrons que fuir", dit-elle, alors les déplacés affluent massivement à Khan Younès, plus au nord.
Mais "il n'y a absolument aucun endroit sûr dans la bande de Gaza", a répété dimanche le chef de l'Unrwa.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés de la bande de Gaza dans le sud d'Israël, ont mené une attaque qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur les 252 personnes alors emmenées comme otages, 125 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 mortes selon l'armée.
Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et qu'il considère comme terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
Ses bombardements intenses et opérations militaires sur la bande de Gaza, ont provoqué la mort d'au moins 35.456 morts la plupart des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas, et une catastrophe humanitaire pour la population, menacée de famine selon l'ONU.
- Dissensions -
La poursuite du conflit, sans que ne se dessine une issue aux hostilités, creuse les dissensions au sommet de l'Etat israélien.
Benny Gantz, membre du cabinet de guerre du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a menacé de démissionner si un "plan d'action" pour l'après-guerre à Gaza n'était pas adopté d'ici trois semaines. Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a aussi sommé M. Netanyahu de "préparer immédiatement" une "alternative gouvernementale au Hamas".
Le Premier ministre a accusé M. Gantz de vouloir "renverser le gouvernement".
Depuis que l'armée israélienne a pris le 7 mai le contrôle côté palestinien du poste-frontière de Rafah avec l'Egypte, l'acheminement de l'aide humanitaire est quasiment à l'arrêt. Ce passage est crucial pour les aides dont le carburant, indispensable aux hôpitaux et à la logistique humanitaire.
Une jetée temporaire arrimée par les Américains sur la côte gazaouie pour l'arrivée de matériel a permis la livraison dimanche de 252 tonnes d'aide alimentaire émiratie, selon Abu Dhabi, et la Jordanie a annoncé que trois avions, jordanien, allemand et égyptien avaient effectué des largages aériens.
Mais l'ONU répète que seule l'ouverture des passages routiers peut garantir les nécessaires livraisons à grande échelle.
Le blocage de l'aide pourrait avoir des conséquences "apocalyptiques", a prévenu le chef des Affaires humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths.
P.Smid--RTC