Décès de Jean-Claude Gaudin, longtemps maire et incarnation de Marseille
Jean-Claude Gaudin, ancien maire de Marseille, la deuxième ville de France qu'il a incarnée et dirigée pendant 25 ans, et longtemps figure de la vie politique à droite, est décédé dimanche à l'âge de 84 ans.
"Jean-Claude Gaudin n'est plus. Il était Marseille faite homme. De sa ville, sa passion, il avait l'accent, la fièvre, la fraternité. Pour elle, cet enfant de Mazargues (quartier du sud de Marseille, ndlr) s'était hissé aux plus hauts postes de la République qu'il a servie", a écrit le président Emmanuel Macron sur le réseau social X.
L'ancien maire a été victime d'un arrêt cardiaque dans la matinée dans sa résidence secondaire varoise de Saint-Zacharie et n'a pu être ranimé, a indiqué à l'AFP une source de son entourage, précisant que Jean-Claude Gaudin, dont la dernière sortie publique remontait au 8 mai, était "fatigué" mais que "rien ne laissait présager" son décès soudain.
Sa dépouille sera ramenée ultérieurement à Marseille, où la population pourra lui rendre un hommage avant son inhumation à une date encore à déterminer au cimetière de Mazargues, selon cette source.
Les drapeaux de la mairie centrale de Marseille, sur l'emblématique Vieux-Port, ont été mis en berne.
Ex-sénateur, député et ministre de l'Aménagement du territoire, de la Ville et de l'Intégration sous Jacques Chirac entre 1995 et 1997, Jean-Claude Gaudin a surtout été maire de sa ville natale de 1995 à 2020.
S'il a incarné Marseille, son dernier mandat a été critiqué pour "immobilisme" par ses adversaires, et même certains alliés, et marqué par la tragédie de la rue d'Aubagne, le 5 novembre 2018. Deux immeubles insalubres d'un quartier populaire du centre - dont un propriété de la Ville - s'effondrent. Huit personnes meurent ensevelies.
L'onde de choc révèle l'ampleur du logement indigne dans une ville où 40.000 personnes vivent dans des taudis. La mairie est accusée d'avoir ignoré les alertes, des milliers de personnes évacuées de logements déclarés en "péril imminent".
"Ça me hante chaque jour, en 24 ans je n'ai jamais connu un drame pareil", avait confié Jean-Claude Gaudin à l'AFP.
- "Sa trace restera" -
Deux ans plus tard, alors que ses héritiers potentiels à droite étaient divisés, certains ayant rejoint Emmanuel Macron, une coalition gauche-écologistes-société civile remporte la mairie après des municipales à rebondissements.
L'actuel maire divers gauche, Benoît Payan, qui ne ménageait pas ses critiques dans l'opposition et a souvent assuré avoir récupéré une ville dans un état "lamentable", lui a rendu hommage sur X: "Jean-Claude Gaudin paraissait insubmersible. Son départ me peine infiniment. A celui qui aimait tellement Marseille, son histoire et ses habitants, je veux rendre un hommage ému et sincère. Il manquera à cette ville. Sa trace restera."
"Jean-Claude Gaudin était comme un père pour moi, tout le monde le sait mais je veux l'écrire. Un grand homme d'État, un inoubliable maire de Marseille, et surtout un homme avec un cœur énorme", a réagi de son côté sur X Martine Vassal, "héritière" présomptive et malheureuse pour la mairie en 2020, présidente de droite du département et de la métropole Aix-Marseille-Provence.
"Il a servi cette ville et a su l'incarner, avec un talent exceptionnel. Il a aussi servi la France, son pays. Il laissera une trace indélébile," a réagi le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier (Renaissance), qui fut son premier adjoint pendant plus de 10 ans et avait un temps espéré lui succéder à la mairie.
Le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, a salué, "derrière cette vie consacrée à la chose publique (...) l'homme de coeur et l'amoureux de sa chère ville". Catholique affiché, Jean-Claude Gaudin avait assisté aux premières loges à la visite du pape François en septembre dans la cité phocéenne.
"Jean-Claude Gaudin, c’est une époque, un règne comme celui de Gaston Deferre (maire socialiste pendant plus de 30 ans) sur Marseille. Il était bien Marseillais, il était simple. Comme tout le monde, il a aussi fait des erreurs, peut-être un dernier mandat de trop", estime André Thouvenin, commerçant marseillais retraité.
"Ça fait 29 ans que je le sers et que je cuisine pour lui très régulièrement et je suis triste et émue aujourd'hui", a raconté à l'AFP Delphine Roux, propriétaire et cheffe du restaurant "Chez Madie les galinettes", près de la mairie. "Il aimait manger, c'était un vrai Marseillais, amoureux de Marseille, et moi, je ne fais que de la cuisine très traditionnelle provençale et ma cuisine lui correspondait complètement".
F.Maes--RTC