Gilles Lellouche dans le grand bain de la compétition cannoise
Deux nouveaux venus en compétition jeudi à Cannes: six ans après le succès populaire du "Grand Bain", Gilles Lellouche est propulsé dans la course à la Palme d'or avec "L'Amour ouf", aux côtés d'une jeune cinéaste, espoir du cinéma indien.
"Je suis très stressé parce que c'est très inédit je n'ai jamais été en compétition de ma vie, c'est mon deuxième film tout seul, je suis fou de joie mais j'ai peur", a confié le réalisateur à l'AFP, quelques heures avant avant la montée des marches.
Le film de l'acteur et réalisateur français réunit à l'écran deux chouchous du public, François Civil et Adèle Exarchopoulos.
Le film se déroule dans les années 1980 dans le nord de la France, et raconte l'histoire d'amour entre Jackie et Clotaire qui "grandissent entre les bancs du lycée et les docks du port", selon le synopsis.
"Elle étudie, il traîne. Et puis leurs destins se croisent et c'est l'amour fou. La vie s'efforcera de les séparer mais rien n'y fait, ces deux-là sont comme les deux ventricules du même cœur."
"J'avais envie de faire un film qui soit un tout petit peu dénué de cynisme, qui soit un élan poétique, amoureux...Le temps de l'innocence retrouvé. J'avais un peu envie de ça, de grands mouvements lyriques contrariés par de grands mouvements de violence comme un battement de cœur, la chair et le sang", a déclaré Gilles Lellouche à l'AFP.
Sont également annoncés au générique, Elodie Bouchez, Alain Chabat, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Jean-Pascal Zadi et Raphaël Quenard.
- "Nouvelle génération" -
En sélectionnant "L'Amour ouf", le Festival de Cannes espère aussi s'adresser à un public jeune.
"Ça va faire du bien à la nouvelle génération. Ça faisait longtemps qu'il n'y avait pas eu de film qui prônait autant l'amour chez les jeunes", a déclaré Malik Frikah.
Outre le succès populaire, avec plus de 4,2 millions de spectateurs, du "Grand Bain", où Lellouche racontait l'histoire de cinq hommes cabossés par la vie qui s'adonnent à la natation synchronisée, le réalisateur est surtout connu comme acteur.
Il est l'un des visages les plus familiers du cinéma français, jouant volontiers les gros bras dans des polars ("BAC Nord") comme le bon pote ("Les petits mouchoirs").
A 51 ans, celui qui avait commencé sa carrière par la réalisation de courts-métrages, fait irruption dans la compétition aux côtés de légendes du cinéma, comme Francis Ford Coppola, et d'habitués comme Jacques Audiard.
Mais Cannes fait aussi de la place à de nouvelles voix, comme celle d'une jeune réalisatrice indienne, Payal Kapadia, qui présente également en compétition "All we imagine as light", son premier long-métrage de fiction.
Elle avait obtenu l'Oeil d'or, récompensant à Cannes le meilleur documentaire pour son précédent long-métrage "A night of knowing nothing" en 2021.
Avec ces deux films, la course à la Palme d'or, pour succéder à "Anatomie d'une chute", est dans son avant-dernière ligne droite. Un film indépendant américain, "Anora" de Sean Baker, est le favori des critiques compilés par le magazine Screen.
Mais il reste encore au jury présidé par Greta Gerwig ("Barbie") à découvrir vendredi "La plus précieuse des marchandises", un film d'animation de Michel Hazanavicius ("The Artist") qui évoque la Shoah, et "Les graines du figuier sauvage" de l'Iranien Mohammad Rasoulof.
La présentation de ce film est tout un symbole: son réalisateur, poursuivi par le régime des mollahs et qui vient d'être condamné à des années de prison, est arrivé jeudi à Cannes après avoir secrètement quitté l'Iran.
J.Morris--RTC