Menace russe en toile de fond de la présidentielle en Lituanie
Les Lituaniens ont voté dimanche au second tour de l'élection présidentielle choisissant entre le chef de l'Etat sortant et sa Première ministre, au moment où ce pays balte, craignant la Russie, se concentre sur les questions de défense et de sécurité.
Les bureaux de vote ont fermé à 17H00 GMT. Aucun sondage de sortie des urnes n'a été réalisé à l'issue du scrutin.
Le taux de participation s'est élevé 49,61%, selon la commission électorale.
Si les deux candidats s'accordent pour augmenter le budget de défense, leurs différences personnelles semblent jouer un grand rôle dans l'élection.
L'ancien banquier Gitanas Nauseda, 60 ans, est le grand favori pour remporter un second mandat de cinq ans à la tête du pays de 2,8 millions d'habitants, membre de l'Otan et de l'UE.
Le président lituanien dirige la politique de défense et la politique étrangère et assiste aux sommets de l'UE et de l'Otan, mais il doit consulter le gouvernement et le parlement pour nommer les plus hauts responsables.
Avant le second tour, M. Nauseda a déclaré s'attendre à recueillir 75% des voix, après en avoir obtenu près de 44% au premier.
La Première ministre Ingrida Simonyte, candidate des conservateurs au pouvoir, n'a obtenu que 20% des voix au premier tour il y a deux semaines.
Dans un message publié sur les réseaux sociaux dimanche, M. Nauseda a invité les gens à attendre les résultats des élections dans le jardin du palais présidentiel, ce qui a incité la commission électorale à l'avertir d'une possible violation du silence électoral.
Mais le porte-parole du président, Ridas Jasiulionis, a déclaré aux médias locaux que le président n'effacerait pas son message sur Facebook, assurant qu'il ne faisait pas campagne.
Mme Simonyte, quant à elle, ne s'est pas exprimée dimanche.
Aucun sondage n'a été réalisé entre les deux tours.
Mme Simonyte, 49 ans, se présente pour la deuxième fois à l'élection présidentielle, après avoir été battue par M. Nauseda au second tour en 2019.
"J'ai un petit enfant (...), alors je veux que la Lituanie se développe et soit un pays où il fait bon vivre", explique Rafal, 40 ans, sculpteur, qui a voté pour M. Nauseda.
"Je ne suis pas une fan des conservateurs, mais je la préfère à Nauseda. (...) Comme moi, elle dit les choses telles qu'elles sont, sans manipulation" a déclaré à l'AFP Jurga Pacekajute, 48 ans, une spécialiste en communication.
- Budget défense –
Les deux candidats s'accordent sur la nécessité d'augmenter les dépenses de défense pour contrer la menace de Moscou.
Selon l'institut Kiel, basé en Allemagne, la Lituanie se classe dans le trio de tête des donateurs à l'Ukraine déchirée par la guerre, en pourcentage du PIB.
Cette semaine, le gouvernement de Mme Simonyte a proposé de porter le budget de défense à 3% du PIB.
Le gouvernement veut notamment utiliser ces fonds pour renforcer l'armée et financer le stationnement sur son territoire d'une brigade allemande.
Berlin prévoie d'achever l'installation d'environ 5.000 soldats en Lituanie d'ici 2027.
Les relations difficiles entre M. Nauseda et les conservateurs au pouvoir ont parfois suscité des débats de politique étrangère, notamment sur les relations avec la Chine.
Les liens entre les deux pays se sont tendus en 2021 lorsque la Lituanie a autorisé Taïwan à ouvrir une ambassade de facto à Vilnius sous son propre nom, s'écartant de la pratique diplomatique courante qui consiste à utiliser le nom de la capitale taïwanaise, Taipei, pour éviter de fâcher la Chine.
Pékin, qui considère Taïwan comme une partie de son territoire et s'oppose à tout soutien à l'île susceptible de lui conférer une quelconque légitimité internationale, a dégradé ses relations diplomatiques avec Vilnius et bloqué ses exportations.
Mais pour les électeurs lituaniens, les différences personnelles entre les candidats, la politique économique et les droits humains semblent jouer un rôle plus important.
- Sens de l'humour -
Mme Simonyte bénéficie du soutien des libéraux des grandes villes et des conservateurs traditionnels.
Conservatrice sur le plan budgétaire, elle a des opinions libérales sur les questions sociales et soutient les partenariats entre personnes de même sexe, qui suscitent encore la controverse dans ce pays majoritairement catholique.
Elle est connue pour son sens de l'humour et écrit ses propres messages sur les réseaux sociaux
M. Nauseda, modéré sur nombre de sujets, s'est imposé comme un promoteur de l'Etat-providence, avec des opinions conservatrices sur les droits des homosexuels.
Ch.Schroeder--RTC