Gaza: l'UE tente de s'assurer une place dans les discussions sur le "jour d'après"
A deux jours de la reconnaissance de l'Etat de Palestine par deux de ses membres, l'UE s'efforce, en dépit de ses divisions, de s'assurer une place pour le "jour d'après" entre Israël et Palestiniens, en recevant plusieurs dirigeants arabes à Bruxelles.
Incapable de parler d'une voix forte sur le conflit en cours entre Israël et le Hamas, l'UE espère cependant jouer un rôle dans la définition d'une solution durable entre Israël et Palestiniens.
Dans ce contexte, plusieurs rencontres avec les pays arabes de la région ont déjà eu lieu. Dimanche, une réunion ministérielle entre l'Union européenne et plus de 35 pays, dont de nombreux pays arabes. Et lundi, les ministres des Affaires étrangères de l'UE retrouveront leurs homologues d'Arabie saoudite, du Qatar, de l'Egypte, des Emirats arabes unis et de la Jordanie, ainsi que le secrétaire général de la Ligue arabe.
Outre la demande d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza, "nous nous sommes concentrés lors de cette réunion sur la question de maintenir en vie la solution à deux Etats", "seul moyen de garantir les droits des Palestiniens mais aussi la sécurité d'Israël", a affirmé dimanche soir à Bruxelles le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane.
Et, le fait qu'Israël ne réalise pas cela est un sujet d'extrême préoccupation", a-t-il ajouté alors que le gouvernement israélien du Premier ministre Benjamin Netanyahu s'oppose à l'idée d'un Etat palestinien.
L’Union européenne, comme une grande partie de la communauté internationale, est favorable à une solution à deux Etats, un israélien et un palestinien vivant côte à côte, pour assurer une paix durable dans une région déchirée par un conflit qui dure depuis plus de 70 ans.
Et pour y parvenir, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a souligné dimanche, en recevant à Bruxelles le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa, que seule une Autorité palestinienne "forte" était à même de garantir la paix.
M. Borrell a appelé les Palestiniens à engager les réformes nécessaires, y compris en matière de renforcement de l'Etat de droit, et réclamé d'Israël de mettre fin à l'expansion de ses colonies, "contraire au droit international".
"Je pense qu'une Autorité palestinienne qui fonctionne est aussi dans l'intérêt d'Israël, parce que pour parvenir à la paix, nous avons besoin d'une Autorité palestinienne forte", a-t-il souligné.
"Nous avons besoin d'être sûrs que l'Autorité palestinienne non seulement survive, parce qu'elle est soumise à beaucoup de pressions, mais aussi qu'elle se développe", a affirmé de son côté le ministre saoudien.
- "Intérêt d'Israël" -
Les Européens ont étalé leurs divisions depuis les attaques sans précédent lancées contre Israël par le Hamas palestinien le 7 octobre.
Ces différences sont souvent difficiles à rapprocher entre des pays comme l'Allemagne, soucieuse de ne rien faire qui puisse compromettre sa relation avec Israël, et d'autres pays comme l'Espagne, qui a annoncé avec l'Irlande reconnaitre l'Etat de Palestine.
Avec la Norvège, ces deux pays de l'UE ont annoncé la semaine dernière reconnaître l'Etat de Palestine à compter du 28 mai. Ce n'est que "justice" pour le peuple palestinien, a affirmé dimanche le ministre espagnol des Affaires étrangères Jose Manuel Albares.
D'autres pays européens y sont plus réticents ou jugent qu'il est encore trop tôt pour le faire.
Mais dans la perspective d'une paix future, l'Union européenne a cherché à élaborer une stratégie fondée sur quelques principes essentiels, dont celui du refus d'un retour du Hamas dans la bande de Gaza. Le mouvement islamiste palestinien y est au pouvoir depuis 2007, après avoir évincé l'Autorité palestinienne. L'UE juge donc indispensable de renforcer cette Autorité, très discréditée au sein même de la population palestinienne.
M. Mustafa a indiqué dimanche que sa priorité était le soutien au "peuple de Gaza", qui passe par un "cessez-le-feu immédiat".
Sa priorité numéro deux est de "travailler à réformer et construire de meilleures institutions capables de répondre aux attentes de la population", a-t-il assuré.
M.Webber--RTC