Derniers actes au procès hors normes de Donald Trump, la défense plaide l'acquittement
Donald Trump est "innocent et n'a commis aucun crime": les avocats de l'ancien président des Etats-Unis ont demandé pour la dernière fois mardi aux jurés de son procès de lui épargner une condamnation pénale aux conséquences incalculables en pleine campagne présidentielle.
A son arrivée au tribunal de Manhattan, le candidat républicain à la présidentielle du 5 novembre a mis en garde contre un "jour dangereux pour l'Amérique", en se présentant une nouvelle fois comme une victime de poursuites politiques.
Au bout de ce procès pénal historique, le premier pour un ancien président des Etats-Unis, les 12 jurés devront décider si Donald Trump s'est rendu ou non coupable de 34 falsifications de documents comptables pour cacher un paiement de 130.000 dollars à l'actrice de films X Stormy Daniels, afin d'éviter un scandale sexuel à la toute fin de sa campagne présidentielle de 2016.
Mais pour son principal avocat, Todd Blanche, "il n'y avait pas d'intention de frauder et aucun complot pour influencer l'élection de 2016". "C'est un verdict de non culpabilité, pur et simple", a-t-il insisté.
La défense a une ultime occasion de torpiller la crédibilité de l'accusateur numéro un, l'ex-homme de confiance de Donald Trump, Michael Cohen, devenu son ennemi juré.
- "Chef du monde libre" -
Ce dernier avait versé l'argent, sur ordre de son patron, à Stormy Daniels, pour acheter son silence sur une relation sexuelle qu'elle affirme avoir eue en 2006 avec le milliardaire, alors qu'il était déjà marié avec son épouse Melania.
Un épisode que Donald Trump nie mais sur lequel l'actrice était longuement revenue durant un témoignage choc devant les jurés, pendant lequel elle a évoqué une relation consentie mais où le "rapport de force" était "déséquilibré".
Une fois Donald Trump élu et à la Maison Blanche, Michael Cohen s'était fait rembourser à l'aide, selon l'accusation, de fausses factures et d'entrées maquillées en "frais juridiques" dans les comptes de son groupe d'entreprises, la Trump Organization, d'où les poursuites pour falsifications comptables.
"C'est Michael Cohen qui a produit les factures", a martelé Todd Blanche, pour qui Donald Trump, alors "chef du monde libre", avait d'autres chats à fouetter que de regarder les chèques dans le détail.
"Il était président des États-Unis. C'est absurde que l'accusation veuille vous faire croire qu'il a examiné les chèques et les factures", a-t-il insisté.
La défense n'a besoin de convaincre qu'un seul juré de ne pas condamner Donald Trump, car tout verdict de culpabilité ou d'acquittement exige l'unanimité du jury.
Si les jurés ne parviennent pas à se mettre d'accord, le procès sera annulé et à refaire.
Les procureurs, qui doivent prendre la parole après la défense, vont marteler qu'à travers ce paiement caché, qu'ils assimilent à une dépense de campagne dissimulée, Donald Trump a "corrompu" l'élection de 2016. L'accusation prévoit que son réquisitoire durera plus de 4 heures.
Le juge Juan Merchan confiera ensuite aux jurés, peut-être dès mercredi, la lourde tâche de décider s'ils reconnaissent l'ancien chef d'Etat américain coupable ou non coupable.
- Craintes -
S'il est jugé coupable, le candidat des républicains à la présidentielle, âgé de 77 ans, pourra faire appel et, dans tous les cas, se présenter le 5 novembre. Mais avec le poids considérable d'une condamnation pénale, alors que son duel avec Joe Biden, 81 ans, s'annonce serré.
L'enjeu est d'autant plus important que ce procès sera probablement le seul à avoir lieu avant la présidentielle, parmi les quatre affaires dans lesquelles Donald Trump est inculpé, notamment celle, d'une ampleur beaucoup plus importante, sur ses tentatives présumées illégales de renverser les résultats du scrutin présidentiel de 2020.
Au fil des débats, les jurés ont plongé dans les coulisses d'une autre campagne présidentielle, celle de 2016, où la crainte d'un scandale sexuel semblait omniprésente, surtout après la révélation d'une vidéo où l'on entendait Donald Trump se vanter avec vulgarité d'"attraper" les femmes "par la chatte".
Un ancien patron de tabloïd, ami du milliardaire, a raconté à la barre qu'il était ses "yeux et (ses) oreilles" pour chasser toute révélation embarrassante, quitte à payer une mannequin de Playboy 150.000 dollars pour qu'elle se taise sur une aventure avec Donald Trump.
Là encore, rien de répréhensible, a assuré l'avocat de Donald Trump.
"Une campagne c'est fait pour amplifier les aspects positifs d'un candidat. C'est une campagne, pas un crime", a-t-il déclaré.
E.Reyes--RTC