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Macron et Scholz accordent leurs violons sauf sur les missiles livrés à l'Ukraine
Macron et Scholz accordent leurs violons sauf sur les missiles livrés à l'Ukraine / Photo: Ludovic MARIN - POOL/AFP

Macron et Scholz accordent leurs violons sauf sur les missiles livrés à l'Ukraine

Défense, épargne, croissance : Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont marqué mardi leur volonté de travailler ensemble à de nouveaux projets pour l'Europe, mais le président français est allé beaucoup loin sur l'Ukraine en estimant qu'elle pouvait frapper en Russie avec des missiles occidentaux.

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"On doit leur permettre de neutraliser les sites militaires d'où sont tirés les missiles (...) les sites militaires depuis lesquels l'Ukraine est agressée", a-t-il lancé lors d'une conférence de presse à l'occasion d'un conseil des ministres franco-allemand au château de Meseberg, près de Berlin.

"Mais on ne doit pas permettre de toucher d'autres cibles en Russie et évidemment des capacités civiles", a-t-il aussitôt ajouté.

Les plus réticentes jusqu'ici - Rome et Berlin notamment - brandissent le risque d'escalade, d'extension du conflit, avec en filigrane le risque de l'utilisation de l'arme nucléaire par le président russe Vladimir Poutine.

"Nous ne voulons pas d'escalade", a répété M. Macron. "Ce qui a changé c'est que la Russie a un peu adapté ses pratiques" et attaque l'Ukraine depuis des bases qui sont en Russie.

Le chancelier est lui resté plus évasif, sachant que l'Allemagne refuse de livrer des missiles de longue portée (plus de 500 km) à l'Ukraine, à la différence de Paris, Londres et Washington.

"L'Ukraine a toutes les possibilités de le faire, en vertu du droit international", a-t-il déclaré. "Il faut le dire clairement, elle est attaquée et peut se défendre".

Le président russe Vladimir Poutine a plus tôt mis en garde contre l'usage d'armes occidentales contre le territoire russe, évoquant des "conséquences graves" et appelant les États européens à réfléchir à l'enjeu.

- "Choqué"-

L'Otan pousse les capitales occidentales à lever des restrictions qui "lient les mains dans le dos des Ukrainiens", selon les termes de son secrétaire général, Jens Stoltenberg.

Emmanuel Macron a par ailleurs refusé de "commenter des rumeurs" sur l'envoi d'instructeurs français en Ukraine, annoncée la veille par Kiev qui est ensuite revenu sur cette annonce.

Le président Poutine a affirmé que des instructeurs militaires occidentaux étaient déjà déployés en Ukraine, en prétendant être des mercenaires.

Le président a suscité le désaccord de certains partenaires européens, dont l'Allemagne, en n'excluant pas l'envoi de militaires français sur le sol ukrainien.

Sur Gaza, le président français s'est dit "choqué", "bouleversé" par les victimes civiles de l'offensive israélienne à Rafah. Il s'est dit "prêt" à reconnaître un Etat palestinien mais au "moment utile" et pas sous le coup de l'émotion.

Le chancelier, dont le pays soutient traditionnellement Israël en raison de sa responsabilité historique dans la Shoah, est resté sur une positon plus mesurée.

Emmanuel Macron, qui achevait une visite d'Etat de trois jours en Allemagne, et Olaf Scholz ont par ailleurs multiplié les gestes de bonne entente, au-delà des différends, dans le décor bucolique du Brandebourg, aux portes de Berlin.

Le chancelier s'est efforcé à plusieurs reprises de parler en français, comme son hôte l'avait fait en allemand tout au long de son voyage.

Sur la défense antimissile, "nous sommes prêts à lancer une coopération de long terme ensemble", a signalé le président Macron en pointant une volonté d'"autonomie" s'agissant des frappes dans la profondeur.

- "La paix, un risque" -

En matière économique, les deux dirigeants souhaitent la création d'un "produit d'épargne européen" afin de mobiliser les capitaux privés au service de la croissance.

L'Union européenne souffre de la fragmentation de ses marchés des capitaux, morcelés entre les différents pays membres.

Mardi matin, le président français s'est vu remettre le Prix international de la Paix à Münster (ouest) pour son engagement européen, notamment pour la paix en Ukraine.

"Faire la paix est un risque (..) il faut (aussi) trouver les voies et moyens de continuer à parler à l'ennemi pour, à un moment, signer une paix", a-t-il souligné.

Le prix, qu'il devait recevoir l'an dernier, lui avait été initialement décerné pour son dialogue avec le président russe afin de tenter d'empêcher puis stopper l'offensive russe en Ukraine en 2022.

Mais le dirigeant français, souvent critiqué pour ces initiatives, a depuis rompu tout contact avec le maître du Kremlin.

P.Batteux--RTC