Reprise ou liquidation, le sort d'Ascometal examiné au tribunal
La chambre commerciale du tribunal de Strasbourg a commencé à examiner jeudi le devenir du groupe sidérurgique Ascometal France (1.200 salariés), qui fait l'objet de plusieurs offres de reprise partielle mais reste menacé d'une liquidation sans un soutien public.
Le groupe dispose de deux sites principaux de production, ses aciéries de Hagondange (Moselle) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), et de trois sites d'usinage et de parachèvement, à Custines (Meurthe-et-Moselle), au Marais (Loire) et Leffrinckoucke (Nord).
Un Centre de recherche sur les aciers spéciaux (Creas), comptant 25 emplois, est également implanté à Hagondange.
La chambre commerciale a d'abord examiné dans la matinée les cas de Fos-sur-Mer et Leffrinckoucke.
Pour Fos, qui emploie environ 330 personnes, la décision sera rendue vendredi à 09H00, ont indiqué des représentants syndicaux présents à l'audience.
- "Sous pression" -
Ce site a fait l'objet d'offres de reprise du groupe italien Marcegaglia, du fonds d'investissement britannique Greybull, du français Europlasma et de l'indien Hind Rectifiers, ces deux dernières ayant été présentées très tardivement.
"Seule l'offre Marcegaglia a été présentée à l'audience", a expliqué à l'AFP Ugur Yagiz, délégué syndical central CFE-CGC. "On croise les doigts", a-t-il dit, favorable au projet du groupe italien "en raison de la reprise de tous les salariés, du montant des investissements et de la prise en compte de tous les avantages acquis des salariés".
"On attend de voir le délibéré de demain, on reste positif", a également réagi auprès de l'AFP François Barges, délégué syndical CGT de l'usine.
Pour Leffrinckoucke (170 salariés), l'audience a finalement été reportée au 28 juin, a indiqué à l'AFP Arnaud Bossaert, délégué CFE-CGC. "Le dossier n'est pas complet", a-t-il expliqué.
"Potentiellement, d'autres marques d'intérêt peuvent devenir des offres", a-t-il ajouté, sans autres précisions. "On est sous pression depuis deux mois, on va rajouter un mois d'attente aux salariés", a-t-il commenté.
Le site nordiste faisait l'objet d'une offre de la part de l'espagnol Sidenor, qui a fait évoluer sa proposition pour reprendre 130 salariés, contre une centaine initialement.
Europlasma et Hind Rectifiers s'étaient également positionnés comme candidats au rachat du site de Leffrinckoucke. Mais leurs offres, transmises très tardivement, n'ont pas pu être analysées par les représentants du personnel.
En difficulté et confronté à des "besoins importants de financement", Ascometal, propriété du suisse Swiss Steel, a été placé en redressement judiciaire en mars, pour la troisième fois en dix ans.
Il a depuis reçu diverses offres de reprises, qui ont été finalisées lundi et qu'examine le tribunal.
L'une de ces offres, celle d'Acciaierie Venete, leader italien de l'acier, porte sur les trois sites de Hagondange, Custines et du Marais, qui travaillent ensemble sur des aciers spéciaux de petits diamètres destinés à l'industrie automobile, ainsi que sur le Creas.
Mais le groupe italien a inquiété en annonçant samedi que "les conditions prévues par son offre n'étaient pas satisfaites", laissant envisager un désengagement. Venete réclame au propriétaire actuel qu'il finance le "désamiantage" et le "dépoussiérage du site d'Hagondange", estimé à 11 millions d'euros par la CGT.
Dans deux courriers adressés à l'exécutif, les élus de la communauté de commune d'Hagondange et la CGT ont réclamé que l’État apporte une "participation au capital" pour assurer cette charge et éviter "la liquidation de ce fleuron sidérurgique".
"L’État a déjà beaucoup soutenu cette entreprise. L'entrée en redressement judiciaire, c'est plusieurs dizaines de millions d'euros auxquels l’État renonce", a déclaré mercredi au Sénat le ministre de l'Industrie Roland Lescure.
- Délai -
"Nous sommes prêts à faire notre partie du travail avec des garanties de prêts, avec des prêts", a assuré le ministre, sans annoncer de montant.
Si le soutien du gouvernement ne se concrétise pas, la communauté de commune d'Hagondange se dit prête à apporter 15 millions d'euros en capital pour soutenir l'offre de Venete, qu'elle qualifie de "repreneur sérieux, pérenne, solide".
"Ce que l'on risque représente bien davantage que ce que l'on pourrait mettre au pot aujourd'hui", assure à l'AFP Julien Freyburger, son président. "Les effets [d'une liquidation] ne seraient pas limités au site d'Ascometal, beaucoup de PME sont liées à cette activité", assure-t-il, comptant "1.300 personnes concernées" en incluant les emplois induits.
Face à ces difficultés, certains syndicats espèrent que le tribunal autorisera un délai de négociation supplémentaire pour permettre d'aboutir à un accord.
M.Webber--RTC