Le Hamas juge "positive" la nouvelle feuille de route pour un cessez-le-feu à Gaza
Le mouvement islamiste palestinien Hamas a jugé "positive" vendredi soir la nouvelle feuille de route israélienne en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et de la libération d'otages dévoilée par le président américain Joe Biden.
Dans une allocution depuis la Maison Blanche, M. Biden avait appelé le mouvement islamiste à accepter ce plan, soumis selon lui au Hamas via le médiateur qatari.
"Nous ne pouvons pas laisser passer" cette occasion d'un accord à Gaza, a lancé Joe Biden au huitième mois d'une guerre dévastatrice dans le territoire palestinien assiégé et menacé de famine selon l'ONU. "Il est temps que cette guerre se termine."
La première phase, a dit M. Biden, serait un cessez-le-feu total, avec un retrait des troupes israéliennes des "zones habitées de Gaza" pour une durée de six semaines.
L'arrêt des combats, toujours selon lui, serait accompagné de la libération de certains otages israéliens enlevés durant l'attaque du Hamas le 7 octobre contre Israël, notamment les femmes et les malades, et de la remise en liberté de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Ce cessez-le-feu temporaire pourrait devenir "permanent" si le Hamas "respecte ses engagements", a ajouté le président américain. La phase suivante du plan comprendrait notamment la libération de tous les otages encore détenus.
"Le Hamas considère positivement ce qui a été inclus aujourd'hui dans le discours du président américain Joe Biden quant à un cessez-le-feu permanent, le retrait des forces israéliennes de Gaza, la reconstruction et l'échange de prisonniers", a indiqué le mouvement islamiste palestinien dans un communiqué.
De son côté, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres espère que ce dernier développement "conduira à un accord entre les parties pour une paix durable", a indiqué son porte-parole Stéphane Dujarric.
Sans faire référence au discours de M. Biden, le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a indiqué que "le gouvernement est uni dans son désir de ramener nos otages aussi vite que possible (et) le Premier ministre a autorisé l'équipe de négociations à présenter un plan pour atteindre cet objectif".
Mais il a dans le même temps souligné que "la guerre ne s'arrêtera pas tant que tous ses buts ne sont pas atteints", citant "le retour" de tous les otages et "l'élimination des capacités militaires et gouvernementales du Hamas". La feuille de route proposée par Israël permet de "maintenir ces principes", poursuit-il.
M. Netanyahu a été invité par les chefs parlementaires républicains et démocrates à venir s'exprimer devant le Congrès, a annoncé le chef de la Chambre des représentants Mike Johnson.
- "Pas négociables" -
Plus tôt vendredi, le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, avait indiqué que son mouvement avait informé les médiateurs que ses "exigences", surtout un cessez-le-feu permanent et un retrait total d'Israël de la bande de Gaza, n'étaient "pas négociables".
L'annonce de Joe Biden est intervenue au moment où les forces israéliennes ont progressé jusqu'au centre de Rafah, ville du sud de la bande de Gaza devenue l'épicentre du conflit, malgré les objections de la communauté internationale qui dit craindre pour la population civile.
Israël a juré de "détruire" le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne, après l'attaque sans précédent menée le 7 octobre par des commandos du mouvement islamiste infiltrés de Gaza dans le sud du territoire israélien.
Plus de 1.189 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées dans l'attaque, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens. Et sur les 252 personnes emmenées comme otages, 121 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 sont mortes, d'après l'armée.
En riposte, l'armée a assiégé la bande de Gaza et lancé une campagne de bombardements suivie d'une offensive terrestre, qui ont fait 36.284 morts, la plupart des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
- L'armée dans le centre de Rafah -
Les opérations militaires israéliennes ont également détruit de nombreux quartiers, déplacé la majorité des quelque 2,4 millions d'habitants de Gaza et provoqué une catastrophe humanitaire majeure.
Plus tôt vendredi, des témoins ont fait état de frappes israéliennes contre Rafah, d'où ont fui environ un million de Palestiniens depuis l'entrée des chars israéliens dans la ville le 7 mai.
Les forces israéliennes présentes dans le centre de Rafah ont découvert "des lance-roquettes" et des "tunnels" du Hamas, selon l'armée. Mercredi, elles ont pris le contrôle à Rafah de la bande frontalière avec l'Egypte, une zone d'environ 14 km à travers laquelle le Hamas "faisait transiter des armes" selon l'armée.
De nombreuses personnes ont continué de fuir Rafah, emportant leurs affaires sur leurs épaules, dans des voitures ou sur des charrettes tirées par des ânes.
Malgré la vague d'indignation internationale soulevée par le bombardement dimanche d'un camp de déplacés à Rafah, qui a fait 45 morts dont des enfants selon le Hamas, l'armée a poursuivi son offensive dans cette ville lancée avec l'objectif déclaré d'éliminer les derniers bataillons du mouvement palestinien.
Dans l'après-midi, le Hamas a publié sur Telegram une vidéo avec un enregistrement de la voix d'une femme présenté comme celle d'une des personnes capturées le 7 octobre. L'enregistrement n'a pas pu être authentifié dans l'immédiat.
- "Apocalyptique" -
Sur le plan humanitaire, Le Caire et Israël se renvoient la responsabilité du blocage de l'acheminement de l'aide par le poste-frontière de Rafah avec l'Egypte, fermé depuis que l'armée israélienne en a pris le contrôle côté palestinien le 7 mai.
Le passage de Rafah est crucial pour l'entrée de cette aide.
La vie est devenue "apocalyptique" dans certaines zones depuis le début de l'offensive à Rafah, s'est alarmée l'ONU.
A Jabalia (nord), le porte-parole de la défense civile, Mahmoud Bassal, a affirmé qu'en 20 jours, "plus de 350" corps y avaient été retirés des décombres et fait état du retrait de l'armée du secteur.
P.Johnson--RTC