Rafah sous les bombardements, après la présentation d'un plan israélien de cessez-le-feu
Des frappes aériennes et des tirs d'artillerie intenses ont visé samedi la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, au lendemain de la présentation par le président américain Joe Biden d'une feuille de route israélienne en vue d'un cessez-le-feu avec le Hamas.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a cependant averti que les "conditions" pour arriver à un "cessez-le-feu permanent" n'avaient pas changé et comprenaient la "destruction" du mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007, ainsi que la "libération de tous les otages" retenus dans le territoire palestinien.
Le Hamas avait jugé "positive" la feuille de route dévoilée vendredi par Joe Biden et qui vise à parvenir, par étapes et sous conditions, à un cessez-le-feu "permanent" presque huit mois après le début de la guerre, déclenchée le 7 octobre par l'attaque sanglante lancée par le Hamas contre Israël.
En 24 heures, la guerre a fait au moins 95 morts à travers le territoire, selon le ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
A Rafah, les opérations se concentrent en particulier dans l'ouest de la ville, dans le quartier de Tal al-Sultan, où des habitants ont signalé des bombardements, des tirs de chars et des mouvements de véhicules militaires.
"Toute la nuit et jusqu'au matin, les bombardements aériens et à l'artillerie n'ont pas cessé un instant dans les secteurs de l'ouest de Rafah, empêchant tout déplacement de civils", a témoigné à l'AFP un habitant de la ville qui n'a pas dévoilé son nom.
Il a ajouté que des tireurs israéliens avaient pris position "sur des immeubles surplombant tout le quartier de Tal al-Sultan, rendant la situation très dangereuse".
Des témoins ont également signalé des tirs d'artillerie intenses dans l'est et le centre de Rafah.
Dans le centre de la bande de Gaza, le camp palestinien de Nousseirat a été touché par des frappes aériennes. Dans le nord, des tirs d'artillerie ont visé le quartier de Zeytoun, dans la ville de Gaza, selon un correspondant de l'AFP.
- "Apocalyptique" -
Depuis le début de l'offensive sur Rafah, à l'extrémité sud du territoire assiégé, un million de personnes ont fui vers la zone côtière surpeuplée d'al-Mawasi, désignée par Israël "zone humanitaire" pour accueillir les déplacés.
La vie est devenue "apocalyptique" dans certaines zones du sud de la bande de Gaza, s'est alarmée vendredi l'ONU.
"Il est temps que cette guerre se termine", a lancé vendredi Joe Biden depuis la Maison Blanche, en appelant le Hamas à accepter le plan israélien qui lui a été soumis par l'intermédiaire du Qatar. "Nous ne pouvons pas laisser passer" cette occasion, a-t-il ajouté.
La première phase, a dit M. Biden, serait un cessez-le-feu avec un retrait des troupes israéliennes des "zones habitées de Gaza" pour une durée de six semaines.
L'arrêt des combats, toujours selon lui, serait accompagné de la libération de certains otages israéliens enlevés le 7 octobre en Israël, notamment les femmes et les malades, et de la remise en liberté de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Sur les 252 personnes emmenées comme otages, 121 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 sont mortes, selon l'armée israélienne.
Ce cessez-le-feu temporaire pourrait devenir "permanent" si le Hamas "respecte ses engagements", a ajouté le président américain. La phase suivante comprendrait notamment la libération de tous les otages encore détenus.
"Le Hamas considère positivement ce qui a été inclus aujourd'hui dans le discours du président américain Joe Biden quant à un cessez-le-feu permanent, le retrait des forces israéliennes de Gaza, la reconstruction et l'échange de prisonniers", a indiqué le mouvement.
- "Lueur d'espoir" -
"Les conditions d'Israël pour stopper la guerre n'ont pas changé", a cependant affirmé samedi le bureau de M. Netanyahu, en citant "la destruction des capacités militaires et gouvernementales du Hamas, la libération de tous les otages et l'assurance que Gaza ne posera plus de menace à Israël".
Le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a de son côté répété vendredi que les "exigences" du mouvement, à commencer par un cessez-le-feu permanent et un retrait total d'Israël de la bande de Gaza, n'étaient "pas négociables".
La guerre a éclaté le 7 octobre après l'attaque sans précédent lancée par des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.189 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.
En riposte, Israël a promis de détruire le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 36.379 morts dans la bande de Gaza, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, et provoqué une catastrophe humanitaire majeure.
L'annonce de la nouvelle feuille de route israélienne a suscité des réactions d'espoir à travers le monde. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé Israël et le Hamas à "saisir l'occasion" afin d'en arriver à une "paix durable au Moyen-Orient".
La proposition "offre une lueur d'espoir et éventuellement une issue pour débloquer le conflit", selon la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.
"Nous ne pouvons laisser cette occasion filer", a commenté en Israël le Forum des familles d'otages, en appelant la société civile à se mobiliser pour pousser les dirigeants politiques à accepter et mettre en oeuvre la proposition.
F.Abateo--RTC