Rafah sous les bombardements après l'annonce d'un plan israélien de cessez-le-feu
L'armée de l'air et l'artillerie israéliennes ont intensément bombardé samedi la ville de Rafah, quelques heures après l'annonce par le président américain Joe Biden d'une feuille de route d'Israël en vue d'un cessez-le-feu avec le Hamas palestinien dans la bande de Gaza.
Depuis la déclaration de M. Biden vendredi soir, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a par deux fois répété les "conditions" d'un cessez-le-feu permanent: la "destruction" du Hamas, la "libération de tous les otages" enlevés durant l'attaque du Hamas le 7 octobre contre Israël, et "l'assurance que Gaza ne posera plus de menace" à l'Etat israélien.
Alors que l'annonce américaine a suscité des réactions d'espoir dans le monde, les belligérants semblent toujours inflexibles, au 8e mois de la guerre déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre, qui a entraîné la mort de 1.189 personnes, en majorité des civils selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.
En riposte, Israël a promis de détruire ce mouvement qu'il considère comme terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a assiégé le petit territoire palestinien surpeuplé et y a lancé une vaste offensive qui a fait jusqu'à présent 36.379 morts, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
Ces dernières 24 heures, au moins 95 Palestiniens ont péri à travers le territoire, a indiqué samedi la même source.
- "Les bombardements n'ont pas cessé" -
Les forces israéliennes, qui ont progressé cette semaine jusqu'au centre de Rafah, ont poursuivi leur offensive dans cette ville du sud de la bande de Gaza et frontalière de l'Egypte, malgré les protestations de la communauté internationale qui s'inquiète pour les civils.
Les opérations se concentrent en particulier dans l'ouest de la ville, dans le quartier de Tal al-Sultan, où des habitants ont signalé des raids aériens, des tirs de chars et des mouvements de véhicules militaires.
"Toute la nuit, les bombardements aériens et à l'artillerie n'ont pas cessé un instant dans l'ouest de Rafah", a témoigné à l'AFP un habitant. "Des tireurs israéliens ont pris position sur des immeubles surplombant Tal al-Sultan".
Des tirs d'artillerie intenses ont également été signalés par des témoins dans l'est et le centre de Rafah, où l'armée a lancé son offensive le 7 mai afin, selon elle, de détruire les derniers bataillons du Hamas.
L'armée a dit mener des "opérations ciblées" à Rafah, devenue l'épicentre de la guerre. Ses soldats y "ont localisé de nombreuses armes et des ouvertures de tunnels souterrains".
- "Jabalia rayée de la carte" -
Depuis le début de l'offensive sur Rafah, un million de personnes ont fui vers la zone côtière surpeuplée d'al-Mawasi, plus à l'ouest. La vie est devenue "apocalyptique" dans certaines zones du sud de la bande de Gaza, s'est alarmée l'ONU.
Celle-ci met en garde contre un risque de famine dans le territoire palestinien, où la majorité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés, et affirme qu'il n'y a plus de lieu sûr à Gaza.
Ajoutant à la catastrophe humanitaire, le passage de Rafah avec l'Egypte, crucial pour l'entrée de l'aide internationale, est fermé depuis que les forces israéliennes en ont pris le contrôle du côté palestinien le 7 mai.
Une réunion consacrée à ce passage est prévue dimanche en Egypte avec les Etats-Unis et Israël, selon un média égyptien.
Ailleurs dans le territoire palestinien, le camp palestinien de Nousseirat (centre) a été touché par des frappes aériennes et le quartier de Zeitoun à Gaza-Ville (nord) a été la cible de tirs, selon des témoins.
Toujours dans le nord, des habitants de retour dans le camp de Jabalia après la fin d'une nouvelle opération terrestre israélienne, se disent choqués par l'ampleur des destructions.
"Jabalia a été rayée de la carte", dénonce Souad Abou Salah, originaire du camp. "C'est comme si un tremblement de terre avait frappé le camp", s'exclame Mohammad al-Najjar.
- "Il est temps" -
En annonçant la feuille de route proposée par Israël et qui vise à parvenir, par étapes et sous conditions, à un cessez-le-feu permanent, M. Biden a appelé le Hamas à l'accepter.
La première phase, a-t-il dit, serait un cessez-le-feu avec un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza pour une durée de six semaines. L'arrêt des combats serait accompagné notamment de la libération de certains otages retenus à Gaza surtout les femmes et les malades, et de la libération de Palestiniens détenus par Israël.
Sur les 252 personnes enlevées le 7 octobre, 121 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 sont mortes, selon l'armée israélienne.
Les contours de la phase deux du plan, selon Joe Biden, seront négociés pendant le cessez-le-feu de six semaines. Les hostilités ne reprendront pas tant que les discussions continueront.
"Il est temps que cette guerre se termine", a lancé M. Biden. "Nous ne pouvons pas laisser passer" cette occasion.
T.A.Smith--RTC