Européennes: à trois jours du Jour J, Macron débarque dans la campagne
A J-3 du scrutin, Emmanuel Macron accordera jeudi un entretien aussi attendu que contesté par les oppositions au JT de 20H à l'occasion du 80e anniversaire du Débarquement, alors que les candidats jettent leurs dernières forces dans la campagne des européennes.
Les heures les plus longues ? A la veille de la fin de campagne officielle, l'exécutif comme les aspirants eurodéputés tentent autant de mobiliser leurs troupes que de convaincre les abstentionnistes - environ la moitié des inscrits n'a pour l'instant pas l'intention de se rendre aux urnes - ou les nombreux indécis.
Offensive de taille: celle du chef de l'Etat, qui doit s'exprimer sur TF1, France 2, mais aussi LCI et FranceInfo.
Certes, le 80e anniversaire du Débarquement de Normandie, dûment célébré dans la journée à Omaha beach (Calvados) en présence d'une vingtaine de chefs d'Etat et de gouvernement est mis en avant par l'Elysée pour justifier l'intervention. Reste que l'interview doit également aborder le scrutin européen, au grand dam des oppositions, qui ont saisi l'Arcom.
Le gendarme de l'audiovisuel a ainsi dû rappeler mardi que "tout ou partie des propos tenus lors de cette interview pourra être pris en compte" dans le temps de parole de la liste du camp présidentiel et les autres listes devront bénéficier en contrepartie d'"un accès équitable" aux antennes.
Marine Le Pen, qui a également dénoncé cette interview, a par ailleurs ironisé mercredi sur BFMTV: "Plus Emmanuel Macron parle et plus il mobilise pour (la) liste" du Rassemblement national.
Le Premier ministre, Gabriel Attal, doit pour sa part intervenir à 7H35 aux "4 vérités" sur France 2, manière d'apporter à nouveau son soutien à la candidate macroniste en difficulté Valérie Hayer.
Malgré une implication notable du chef du gouvernement depuis plusieurs jours dans la campagne, la liste de la majorité présidentielle patine dans les sondages: 15% d'intentions de vote, selon une étude Ifop parue mercredi, très loin derrière celle du RN conduite par Jordan Bardella, créditée de 33%.
Valérie Hayer doit assurer son dernier meeting jeudi, au côté d'Edouard Philippe, à Nice.
La Côte-d'Azur s'est d'ailleurs imposée comme l'épicentre de la fin de campagne pour avoir accueilli la veille les réunion publiques de François-Xavier Bellamy (LR) et Marion Maréchal (Reconquête!), cette dernière frôlant le seuil des 5% d'intentions de vote qui permet d'envoyer des eurodéputés dans l'hémicycle de Strasbourg.
- Eva Joly, Martine Aubry -
La tête de liste d'Europe-Ecologie-Les Verts, Marie Toussaint, confrontée au même risque, tentera de renverser la tendance en s'affichant jeudi midi lors d'un tractage parisien avec Eva Joly, candidate malheureuse des écologistes à la présidentielle de 2012, toujours très populaire dans son parti.
Sa concurrente de La France insoumise, Manon Aubry (8% d'intentions de vote), est attendue dans la soirée à Lyon en présence de Jean-Luc Mélenchon.
Le mouvement de gauche radicale a accentué ces derniers jours son effort sur les quartiers populaires, qu'il perçoit comme les plus grands réservoirs de voix potentielles.
Plusieurs de ses lieutenants ont participé mercredi à un grand porte-à-porte dans un quartier d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), dans la banlieue sud de Paris, avant d'organiser un exercice similaire vendredi à Marseille.
"On porte un message humaniste, pour la paix, clair et mobilisateur", assure le député mélenchoniste Paul Vannier, qui estime que "l'épisode du drapeau palestinien à l'Assemblée nationale", déployé la semaine dernière par son collègue Sébastien Delogu et encore mardi par Rachel Keke, "a eu une portée extraordinaire".
Une stratégie de "conflictualisation" qui aiguise toujours plus les couteaux tirés à gauche, où les équilibres pourraient être bouleversés dimanche soir.
Avec 13,5% d'intentions de vote, le PS, dont la liste est menée par Raphaël Glucksmann, entend reprendre l'avantage parmi les partis de l'ex-Nupes, a fortiori s'il réussissait l'exploit de se hisser à la seconde place du podium - ce qu'aucun sondage ne lui a pour l'heure jamais promis, mais l'écart qui le sépare des macronistes se trouve dans la marge d'erreur.
Dernier coup de pouce attendu par M. Glucksmann: celui de Martine Aubry, le temps d'un meeting dans sa ville de Lille, vendredi soir. Juste avant le silence imposé à l'ensemble des candidats jusqu'au dépouillement du scrutin.
R.Collins--RTC