Israël pilonne Gaza, démission attendue d'un membre du cabinet de guerre
L'armée israélienne pilonne samedi la bande de Gaza, où elle combat depuis huit mois le mouvement islamiste palestinien Hamas, alors qu'un membre clé du cabinet de guerre devrait annoncer sa démission, sur fond de désaccord avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Aux premières heures samedi, des témoins et des équipes de l'AFP ont fait état de frappes dans différents secteurs de la bande de Gaza, parmi lesquels le centre de ce micro-territoire, théâtre de violents bombardements ces derniers jours.
L'une de ces frappes, jeudi, sur une école de l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), a fait 37 morts selon un hôpital local.
Le chef de l'Unrwa, Philippe Lazzarini a, lui, accusé Israël d'avoir frappé "sans avertissement préalable" cette école à Nousseirat qui abritait, selon lui, "6.000 personnes déplacées" par les combats.
Des tirs d'artillerie israéliens ont été entendus au nord de cette ville jeudi, selon des témoins.
- "Enorme explosion" -
Tout près, dans le camp d'al-Bureij, six personnes ont été tuées et plusieurs blessées dans une attaque israélienne à la roquette visant une maison, selon des médecins de l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa.
D'intenses combats entre l'armée et des combattants palestiniens ont lieu dans ce camp et celui, voisin, d'al-Maghazi, d'après des témoins.
Dans un communiqué, l'armée israélienne a dit avoir frappé des "dizaines de cellules et infrastructures terroristes, dont un tunnel situé dans une structure civile" lors d'opérations à Bureij et Deir al-Balah.
Dans le nord, cinq personnes ont été tuées et sept blessées dans un bombardement aérien nocturne sur une maison du quartier de Cheikh Radwane, à Gaza-ville, ont indiqué un médecin de l'hôpital baptiste et la Défense civile de Gaza.
"Nous avons entendu le bruit d'une énorme explosion (...) Nous nous sommes rendus sur place et avons découvert des restes humains d'enfants, de femmes et de personnes âgées", a indiqué à l'AFP Mohammad Abou Nahl, un habitant de Gaza.
Dans le sud, des bombardements à l'artillerie ont touché plusieurs secteurs de la ville de Rafah, à la frontière égyptienne, où l'armée israélienne a débuté des opérations terrestres début mai, selon des source locales. L'armée a indiqué y poursuivre des "opérations ciblées" et avoir découvert de "grandes quantités d'armes".
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent le 7 octobre sur le sol israélien de commandos du Hamas infiltrés depuis le territoire palestinien qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.
Lors de cette attaque, 251 personnes ont été emmenées comme otages. Après une courte trêve en novembre ayant permis la libération d'une centaine d'entre eux, 120 otages sont toujours retenus à Gaza, dont 41 sont morts, selon l'armée israélienne.
En réponse à l'attaque du 7 octobre, l'armée israélienne a lancé une offensive meurtrière dans le petit territoire côtier où le Hamas a pris le pouvoir en 2007. Au moins 36.731 Palestiniens, essentiellement des civils, ont été tués, selon un dernier bilan vendredi du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
Le conflit a dévasté une grande partie de la bande de Gaza et déraciné la plupart de ses 2,4 millions d'habitants confrontés à un risque de famine.
L'aide internationale, dont l'entrée à Gaza est contrôlée par Israël, ne parvient qu'au compte-gouttes dans le territoire où le taux de chômage a atteint un "niveau stupéfiant de 79,1%", selon l'Organisation internationale du Travail (OIT).
- Prochaine visite de Blinken -
En Israël, Benny Gantz, l'ex-chef de l'armée devenu rival politique de Benjamin Netanyahu, devrait annoncer samedi soir sa démission, selon la presse israélienne.
Il a convoqué une conférence de presse à 20h40 (17h40 GMT) à Ramat Gan, dans la banlieue de Tel-Aviv.
Il avait lancé le 18 mai un ultimatum à M. Netanyahu, exigeant l'adoption, d'ici le 8 juin, d'un "plan d'action" sur l'après-guerre dans la bande de Gaza, faute de quoi il se verrait "contraint de démissionner du gouvernement", qu'il avait rejoint après le 7 octobre.
Son parti de l'Union nationale (centre-droit) avait déposé jeudi un projet de loi pour dissoudre le Parlement et tenir des élections anticipées, sans grande chance d'aboutir à ce stade car le Likoud (droite) de M. Netanyahu compte toujours une majorité de députés.
Mais M. Netanyahu fait face également à la pression de ses alliés d'extrême droite qui ont menacé de quitter son gouvernement en cas d'accord de cessez-le-feu avec le Hamas.
En cas de chute du gouvernement et d'élections anticipées, M. Gantz fait figure de favori pour former une coalition, alors qu'Israël fait l'objet de pressions internationales accrues.
Le pays a été notamment notifié vendredi de son ajout à la "liste de la honte" de l'ONU sur les droits des enfants lors de conflits dans un rapport attendu d'ici fin juin, a annoncé son ambassadeur Gilad Erdan, se disant "écoeuré" de la décision du secrétaire général Antonio Guterres.
Une source diplomatique a indiqué à l'AFP que le Hamas et le Jihad islamique, autre mouvement armé de la bande de Gaza, allaient aussi être ajoutés à cette liste.
Alors que les efforts diplomatiques pour arracher une trêve piétinent, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est attendu la semaine prochaine en Israël, en Egypte, au Qatar et en Jordanie, pour "promouvoir une proposition de cessez-le-feu" présentée récemment par le président Joe Biden, selon Washington.
D.Nelson--RTC