Bombardements israéliens à Gaza, au lendemain de la libération de quatre otages
L'armée israélienne a bombardé dimanche la bande de Gaza, au lendemain d'une opération "difficile" ayant permis la libération de quatre otages israéliens dans le camp de réfugiés de Nousseirat, où le mouvement islamiste palestinien Hamas a fait état de 210 personnes tuées.
Quatre membres d'une même famille ont été tués et plusieurs autres blessés dans une frappe aérienne qui a touché leur maison à Al-Darraj, un quartier de la ville de Gaza située dans le nord du territoire palestinien assiégé, selon les médecins de l'hôpital Al-Ahli.
Dans le centre de la bande de Gaza, des témoins ont signalé par ailleurs des tirs d'hélicoptères à l'est du camp d'Al-Bureij et des tirs d'artillerie à Deir al Balah. Des tirs ont également été signalés à Rafah, dans le sud.
Au neuvième mois de la guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, la libération samedi de quatre otages conforte la stratégie militaire du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, sous forte pression à l'étranger et sur le plan interne.
Cette opération constituait une preuve qu'Israël ne cédait pas "face au terrorisme", s'est-il félicité, alors que les négociations en vue d'une trêve à Gaza associée à la libération d'otages, étaient déjà dans l'impasse.
Les otages libérés -Noa Argamani, 26 ans, Almog Meir Jan, 22 ans, Andrey Kozlov, 27 ans, et Shlomi Ziv, 41 ans- avaient été tous les quatre "enlevés" sur le site du festival de musique electro Nova, lors de l'attaque sans précédent menée sur le sol israélien par le Hamas le 7 octobre, qui a déclenché les hostilités.
Ils ont été secourus par les forces israéliennes, lors "d'une opération spéciale difficile de jour à Nousseirat", dans le centre de la bande de Gaza, selon l'armée israélienne.
"En commettant d'horribles massacres, l'ennemi a pu libérer certains de ses prisonniers mais en même temps il en a tué, au cours de l'opération", a indiqué pour sa part Abou Obeida, porte-parole de la branche armée du Hamas. L'AFP n'était pas en mesure de vérifier ces informations d'une manière indépendante.
- "Horreur" -
Se disant "soulagée" de la libération des otages, la rapporteure spéciale de l'ONU dans les territoires palestiniens Francesca Albanese a déploré que ce soit "au prix d'au moins 200 Palestiniens, dont des enfants, tués et plus de 400 blessés". "Cette horreur doit s'arrêter", a martelé de son côté le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.
A Nousseirat, Khalil Al-Tahrawi dit avoir entendu des fusillades et des tirs d'obus depuis son abri. "Les avions israéliens ont commencé à nous bombarder (...) pour dissimuler l'opération de retrait", a-t-il dit.
L'armée israélienne a laissé derrière elle un spectacle de désolation, selon des images de l'AFPTV: voitures calcinées, bâtiments éventrées, incendies et décombres fumants.
On voit des hommes se frayant un chemin entre les débris pour tenter d'éteindre des flammes ou secourir des blessés. D'autres étaient rassemblés autour de corps enveloppés dans des couvertures.
"Nous ne savons pas ce qui s'est passé. Nous étions assis paisiblement et, tout à coup, nous avons entendu les frappes. Nous étions 50 personnes à nous cacher et nous avons vu des missiles voler au-dessus de nos têtes", déplore une autre habitante de Nousseirat, qui a préféré taire son nom.
"Nous voilà déplacés pour la troisième fois, sans savoir où aller."
En Israël, l'heure était au soulagement et à la fête. Une vidéo publiée sur les réseaux sociaux montre les retrouvailles émouvantes entre Noa Argamani et son père, ainsi que des Israéliens à la plage criant de joie en entendant un maître-nageur leur annoncer la libération des otages.
- "Triomphe miraculeux" -
Le Forum des familles d'otages a salué un "triomphe miraculeux", exhortant le gouvernement et la communauté internationale à obtenir la libération des autres personnes captives.
Les otages, selon l'armée, sont "en bonne santé" et ont été transférés dans un centre médical près de Tel-Aviv. La police israélienne a annoncé la mort de l'un de ses agents dans les opérations.
L'attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis le territoire palestinien a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.
Lors de cette attaque, 251 personnes ont été emmenées comme otages. Après une courte trêve en novembre ayant permis la libération d'une centaine d'entre eux, 116 otages sont toujours retenus à Gaza, dont 41 sont morts, selon l'armée israélienne.
Israël a juré de détruire le Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
Son armée a lancé une offensive meurtrière dans le petit territoire côtier. Au moins 36.801 Palestiniens, essentiellement des civils y ont été tués depuis le 7 octobre, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
Alors que les efforts diplomatiques pour arracher une trêve piétinent, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est attendu les prochains jours en Israël, en Egypte, au Qatar et en Jordanie, pour "promouvoir une proposition de cessez-le-feu" présentée récemment par le président Joe Biden, selon Washington.
L'armée américaine a annoncé samedi avoir livré, à partir du port artificiel temporaire réparé après une tempête au large de Gaza, près de 500 tonnes d'aide humanitaire "indispensable" aux 2,4 millions d'habitants confrontés à un risque de famine.
Elle a en revanche nié que ce pont - "ses équipements, son personnel et ses installations" - aient servi aux opérations de libération des otages.
L'armée israélienne a également réfuté la participation de soldats américains au sol pour la libération d'otages, après des informations de presse faisant état d'un soutien américain aux opérations.
F.Peeters--RTC