Alliance LR-RN: Les Républicains règlent leurs comptes avec Eric Ciotti, sur la sellette
"Pas de place pour les traîtres": Eric Ciotti est menacé d'être exclu des Républicains lors d'un bureau politique décisif qui s'est ouvert mercredi après-midi, où ses cadres entendent à tout prix le "destituer" après son alliance avec le Rassemblement national.
La réunion promet d'être musclée, mais le personnage principal s'est finalement dérobé: isolé dans ses propres rangs, lâchés par tous les cadres du parti et par une partie de ses collaborateurs, M. Ciotti n'est pas venu au musée social, dans le VIIe arrondissement de Paris, à quelques centaines de mètres du parti et du Palais Bourbon.
C'est pourtant peut-être là que son sort va se jouer, avec l'ouverture à 15H00 d'un bureau politique.
"Il n'y a pas de place pour les traîtres et les putschs à la Poutine", a lancé l'ex-candidate LR à la présidentielle Valérie Pécresse juste avant le lancement des hostilités.
La quasi-totalité des dirigeants du parti gaulliste, en pleine crise, ont en effet plaidé pour la destitution du député des Alpes-Maritimes... Tous sont arrivés ensemble, du président du Sénat Gérard Larcher au chef des députés Olivier Marleix, en passant par l'un des candidats pressentis pour 2027, Laurent Wauquiez. Message d'unité ?
- "Suicide politique" -
"La seule question qui vaille, c'est s'il est exclu à l'unanimité ou pas", a pointé une source LR à quelques minutes de cette réunion cruciale en vue des législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet.
Mais M. Ciotti semble vouloir s'accrocher: le président de LR conteste la validité de cette réunion, organisée selon lui "en violation flagrante (des) statuts" du parti et qui n'a donc "aucune valeur juridique".
La veille, il avait assuré que "seuls les militants pourraient (lui) enlever" sa fonction acquise d'une courte tête fin 2022.
Le député des Alpes-Maritimes, accusé par le président de la République, Emmanuel Macron, d'avoir signé "un pacte du diable", a ordonné la fermeture du siège de LR situé à proximité immédiate du Palais Bourbon, a constaté l'AFP.
Lui-même se trouverait dans son bureau de la voisine Questure de l'Assemblée nationale, selon plusieurs sources du parti.
Sa décision de s'ouvrir au RN, annoncée à la surprise générale mardi au 13H00 de TF1, a pris de court l'appareil du parti, en pleine course contre la montre des législatives anticipées du 30 juin.
"S'il le faut, nous le sortirons du bureau des héritiers du général de Gaulle", a ajouté le député du Lot, avant que M. Ciotti ne décide d'esquiver la confrontation.
- Investitures en suspens -
"Eric Ciotti, dehors!", a également tonné Xavier Bertrand sur BFMTV et RMC, accusant le député de Nice d'avoir "trahi pour une circonscription" et "pour être ministre de Marine Le Pen".
"Il doit quitter ses fonctions de président mais pas seulement, il ne doit plus être adhérent de LR", a réclamé le président de la région Hauts-de-France, rappelant que Rachida Dati, Bruno Le Maire ou Gérald Darmanin ont été "virés dans la journée", lorsqu'ils ont rejoint Emmanuel Macron.
Signe de fermeté, "Les Républicains présenteront des candidats dans toutes les circonscriptions, y compris la sienne" dans les Alpes-Maritimes, a assuré Olivier Marleix, alors qu'une commission nationale d'investiture (CNI) est prévu dans la foulée du bureau politique, pour clarifier la situation de centaines de candidats potentiels dans toute la France.
Plusieurs sources LR ont indiqué que la présidente de cette CNI, Michèle Tabarot, avait été "destituée" par M. Ciotti dans la nuit, mais qu'elle serait renommée par le bureau politique... Tout cela laisse présager d'épineuses batailles juridiques, chacun interprétant le règlement du parti à son avantage.
"Nos statuts permettent de décider qu'un adhérent, quel qu'il soit (...) puisse être sanctionné", a expliqué le maire de l'Haÿ-les-Roses Vincent Jeanbrun, souhaitant "que le vote ait lieu à l'unanimité" car "s'il y a le moindre atermoiement cet après-midi (mercredi), alors effectivement LR risque d'imploser".
"Ce n'est pas une question juridique ou statutaire, c'est une question pleinement politique", a abondé l'ancien député Guillaume Larrivé sur franceinfo.
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F.Peeters--RTC