Bombardements israéliens à Gaza, tensions à la frontière libanaise et au Yémen
L'armée israélienne a bombardé samedi la bande de Gaza où la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas depuis plus de huit mois a ravivé ces derniers jours les tensions à la frontière libanaise et au Yémen.
Les espoirs d'un cessez-le-feu semblent s'éloigner en raison des exigences contradictoires d'Israël et du Hamas qui laissent peu d'espoir de voir se concrétiser le plan annoncé il y a deux semaines par le président américain, Joe Biden.
Sur le terrain, les bombardements et combats au sol entre soldats israéliens et combattants palestiniens se sont poursuivis samedi, selon des habitants, notamment à Rafah et dans les environs de cette grande ville du sud de la bande de Gaza, à la frontière égyptienne.
Des images de l'AFPTV montrent des rues désertes dans cette grande ville du territoire palestinien en proie à une crise humanitaire majeure. La famine menace la bande de Gaza où 75% des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre, selon l'ONU.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par l'attaque lancée par le Hamas depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l'armée.
En représailles, l'armée israélienne a lancé une offensive de grande envergure à Gaza qui a fait 37.266 morts, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
- "La meilleure façon"-
Les craintes d'une extension du conflit au-delà de la bande de Gaza se sont accentuées ces derniers jours. Le mouvement islamiste libanais Hezbollah, allié du Hamas, a indiqué que ses frappes intenses depuis mercredi sur le territoire israélien étaient une riposte à l'assassinat par Israël de l'un de ses commandants.
Le président français, Emmanuel Macron, avait annoncé jeudi que la France, les Etats-Unis et Israël allaient élaborer en format "trilatéral" une feuille de route française en vue de contenir les tensions à la frontière israélo-libanaise.
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a rejeté vendredi cette nouvelle initiative, en accusant Paris d'"hostilité" à l'égard d'Israël, déclarations dénoncées comme "déplacées" au sein même de la diplomatie israélienne.
De leur côté, les rebelles yéménites houthis, alliés du Hamas qui disent agir en soutien aux Palestiniens de Gaza, ont revendiqué ces derniers jours une série d'attaques contre des navires en mer Rouge, ce qui a poussé Washington à "détruire" au Yémen sept radars nécessaires à ce type d'opérations.
Au cours d'une nouvelle tournée au Moyen-Orient cette semaine pour promouvoir un plan de cessez-le-feu à Gaza, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a déclaré que "la meilleure façon" de contribuer à la résolution des violences entre le Hezbollah et Israël était "de résoudre le conflit à Gaza et d'obtenir un cessez-le-feu".
La seule trêve conclue jusqu'ici, fin novembre, avait duré une semaine et permis la libération de 105 otages, parmi lesquels 80 Israéliens et binationaux, échangés contre 240 Palestiniens détenus par Israël.
En marge du sommet du G7 qui s'achève samedi en Italie, M. Biden a reproché au Hamas de bloquer une offre de cessez-le-feu. "J'ai soumis une proposition approuvée par le Conseil de sécurité, par le G7, par les Israéliens, et le principal obstacle à ce stade est le Hamas qui refuse de signer, même s'ils ont proposé quelque chose de similaire", a déclaré jeudi M. Biden.
Le plan de trêve annoncé le 31 mai par le président des Etats-Unis, principal allié d'Israël, prévoit dans une première phase, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages retenus à Gaza et de la libération de Palestiniens emprisonnés par Israël.
- Jetée temporaire retirée -
M. Biden a présenté ce plan comme émanant d'Israël. Mais le Premier ministre Benjamin Netanyahu l'a jugé incomplet, réaffirmant la détermination de son gouvernement à poursuivre la guerre jusqu'à la défaite du Hamas et la libération de tous les otages.
Le Hamas a lui transmis aux pays médiateurs -- Qatar, Egypte et Etats-Unis -- une première réponse, qui selon une source proche des discussions, contient des "amendements" au plan, incluant "un calendrier pour un cessez-le-feu permanent et le retrait total des troupes israéliennes de Gaza". Des exigences qu'Israël a toujours rejetées.
A Gaza, la jetée temporaire américaine qui permet d'acheminer de l'aide humanitaire pour la population par voie maritime va être retirée en prévision d'une mer agitée, a annoncé vendredi le Commandement américain pour le Moyen-Orient (Centcom), précisant qu'elle serait déplacée vers le port israélien d'Ashdod.
Y.Lewis--RTC