Des dizaines de soldats nord-coréens pénètrent brièvement au Sud
Plusieurs dizaines de soldats nord-coréens ont franchi mardi la frontière avec la Corée du Sud, avant de battre en retraite sous les tirs de sommation de l'armée sud-coréenne, un acte accidentel selon Séoul.
"Des dizaines de soldats nord-coréens ont franchi la ligne de démarcation militaire (et) se sont retirés vers le nord après des tirs d'avertissement" de la part du Sud, a fait savoir l'état-major interarmées de Séoul.
Cette incursion est survenue vers 08H30 (23H30 GMT lundi) quelques heures avant l'arrivée prévue en Corée du Nord du président russe Vladimir Poutine pour une rare visite d'Etat.
Dans un autre incident, plusieurs soldats nord-coréens ont été blessés par l'explosion de mines alors qu'ils travaillaient près de la frontière, a-t-on annoncé de même source.
D'après la même source, l'incursion de soldats nord-coréens de mardi était accidentelle et liée à l'explosion de mines car tous transportaient des outils.
Selon un responsable de l'état-major, ces soldats effectuaient des travaux de déblayage et posaient des mines le long de la frontière, mais ont "subi de nombreuses pertes à la suite d'explosions répétées de mines terrestres au cours de leur travail".
Malgré cela, les militaires du Nord "semblent imprudemment poursuivre leurs opérations", a ajouté ce responsable.
Depuis quelques mois, la Corée du Nord s'emploie à démanteler les routes et les voies ferrées qui la reliaient au Sud à l'époque où les relations entre les deux pays étaient meilleures.
Selon le responsable de l'état-major sud-coréen, l'armée du Nord est également en train de renforcer les fortifications de son côté de la frontière en posant des mines, en construisant de nouvelles barrières antichar et en déboisant de larges zones.
"Les activités de la Corée du Nord semblent être une mesure visant à renforcer le contrôle interne, notamment en empêchant les troupes nord-coréennes et les Nord-Coréens de faire défection vers le Sud", a avancé le responsable de l'état-major.
- Symbole -
"Cela a une signification plutôt symbolique", selon Koh Yu-hwan, professeur à l'Université Dongguk des études nord-coréennes, qui voit dans l'ajout de nouvelles mines par Pyongyang le signe qu'ils ne souhaitent pas dialoguer avec le Sud.
"En posant des mines, la Corée du Nord démontre une fois de plus que, conformément aux instructions du dirigeant suprême (Kim Jong Un, ndlr), il n'y aura pas de réconciliation avec le Sud", a-t-il ajouté.
C'est la deuxième fois en moins de deux semaines que des soldats nord-coréens franchissent la ligne de démarcation intercoréenne, qui sépare les deux Etats toujours techniquement en guerre.
Le 9 juin, plusieurs militaires du Nord étaient brièvement entrés en territoire sud-coréen, et s'étaient repliés après des avertissements sonores et des tirs de sommation des soldats du Sud.
Les deux Corée sont séparées par une zone démilitarisée (DMZ) de 4 km de large. La ligne de démarcation se trouve au milieu.
Les côtés nord-coréen et sud-coréen de la DMZ sont lourdement fortifiés mais la ligne de démarcation elle-même, située au milieu de cette zone infestée de mines, n'est matérialisée que par de simples panneaux.
Les relations entre le nord et le sud traversent actuellement une période parmi les plus tendues depuis des années. Les deux pays restent techniquement en guerre, le conflit qui les a opposés de 1950 à 1953 s'étant terminé par un armistice et non un traité de paix.
Pyongyang a envoyé ces dernières semaines vers la Corée du Sud des centaines de ballons lestés d'immondices telles que mégots de cigarettes, papier hygiénique, et jusqu'à des excréments d'animaux.
La Corée du Nord entendait riposter à l'envoi vers le nord par des associations de transfuges, également par ballon, de tracts hostiles au dirigeant Kim Jong Un et à sa famille, de dollars en petites coupures et de clés USB contenant de la K-pop et des séries sud-coréennes. Séoul ne peut légalement empêcher ces envois.
Le Nord et le Sud ont par ailleurs chacun installé des haut-parleurs près de la frontière dans le but de reprendre les émissions de propagande sonore, suspendues depuis 2018.
Y.Lewis--RTC