Poutine au Vietnam, après l'accord de défense avec Pyongyang
Vladimir Poutine effectue jeudi une visite d'Etat au Vietnam, auquel la Russie fournit des armes depuis des décennies, au lendemain de la signature d'un accord de défense avec la Corée du Nord qui inquiète les Occidentaux.
Le président russe a remercié Hanoï pour son approche "équilibrée" sur l'Ukraine, dans une tribune publiée dans le journal du le Parti communiste (PCV) au pouvoir. La Russie et le Vietnam partagent aussi une lecture "similaire" de la situation en Asie-Pacifique, a-t-il soutenu.
Le chef du Kremlin est arrivé à Hanoï dans la nuit de mercredi à jeudi, en provenance de Pyongyang, où son hôte Kim Jong Un a reçu en grande pompe le dirigeant qu'il considère comme le "meilleur ami" de la Corée du Nord.
Les Etats-Unis et ses alliés craignent que ce rapprochement continu ne débouche sur de nouvelles livraisons de munitions et de missiles nord-coréens à la Russie, pour sa guerre en Ukraine.
Pour son cinquième déplacement dans le pays d'Asie du Sud-Est, Vladimir Poutine doit rencontrer le nouveau président To Lam, et le secrétaire général du parti communiste (PCV), Nguyen Phu Trong, considéré comme la personnalité la plus influente du régime.
- Soutien -
Dans les rues de Hanoï, mercredi, la présence de drapeaux russes et d'un important dispositif de sécurité témoignaient de l'accueil que prévoient les dignitaires locaux, à la hauteur de la longue histoire qui unit les deux pays, remontant à l'ère soviétique.
"Nous aimons la Russie, j'adore les Russes car ils ont été très gentils, nous apportant leur soutien pendant de nombreuses années", a déclaré à l'AFP Nguyen Thi Minh, une habitante de 59 ans.
Moscou a livré des armes à ses alliés communistes durant la guerre du Vietnam, et contribué pendant des décennies à la formation de nombreux cadres du PCV, dont Nguyen Phu Trong.
La Russie continue de vendre au Vietnam une grande partie de ses armes et équipement militaires, dans un contexte de tensions en mer de Chine méridionale où Hanoï s'inquiète des visées expansionnistes de Pékin.
Les questions de défense seront sur la table des discussions, ont prévenu les analystes. Les deux pays ont un "intérêt mutuel à reprendre les ventes d'armes", qui ont ralenti depuis 2022, a estimé Carl Thayer, professeur émérite à l'université australienne de Nouvelle-Galle du Sud.
"Mais le Vietnam est paralysé par la menace des sanctions américaines", a-t-il ajouté.
- "Test" -
En accueillant Vladimir Poutine, visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), Hanoï s'expose au mécontentement de ses partenaires occidentaux, les Etats-Unis en tête, qui considèrent le Vietnam, 100 millions d'habitants, comme stratégique pour la production manufacturière ou de semi-conducteurs.
Cette politique pourrait être de plus en plus difficile à tenir, a prévenu une experte. La visite de Poutine représente "un test pour voir à quel point la diplomatie multidirectionnelle de Hanoï peut aller loin, et si elle est toujours acceptée par les autres puissances majeures", a expliqué à l'AFP Huong Le Thu, directrice adjointe du programme Asie du International Crisis Group.
La visite de Vladimir Poutine s'accompagne d'un volet économique, avec des projets de coopération accrue dans le domaine de l'énergie, des technologies, de l'éducation et du tourisme.
M. Poutine doit également assister à une cérémonie de dépôt de gerbes au mausolée du père de l'indépendance Ho Chi Minh, et à un banquet dans l'opéra de style architectural colonial français. Son départ est prévu dans la soirée.
E.P.Marquez--RTC