Frappes israéliennes à Gaza, craintes accrues d'une extension de la guerre au Liban
L'armée israélienne a soumis la bande de Gaza jeudi à de nouveaux bombardements meurtriers, à l'heure où les craintes d'une propagation de cette guerre au Liban se sont amplifiées avec des menaces d'Israël de ramener son voisin du nord à "l'Age de pierre".
Le 7 octobre, l'armée israélienne a lancé une offensive de grande envergure dans la bande de Gaza en riposte à une attaque sanglante sans précédent menée le même jour par le mouvement islamiste Hamas dans le sud d'Israël à partir du territoire palestinien voisin.
Au lendemain de cette attaque, le Hezbollah pro-iranien au Liban a ouvert un front avec Israël en soutien au Hamas, et depuis les échanges de tirs dans les zones frontalières sont presque quotidiens.
Sur le front sud d'Israël, dans la bande de Gaza, la défense civile a fait état d'au moins cinq morts à Gaza-Ville (nord) où d'intenses bombardements à l'artillerie et des tirs d'hélicoptères israéliens ont visé le quartier de Choujaïya.
De violents affrontements opposent combattants palestiniens et soldats israéliens dans ce quartier, d'où "des dizaines de milliers de civils" ont fui d'après la Défense civile après que l'armée a demandé aux habitants d'évacuer le secteur. "Il y a des blessés et des martyrs dans la rue", a dit un témoin.
A Rafah (sud), plusieurs bâtiments ont été détruits par les forces israéliennes selon des témoins. Et plus au nord, à Khan Younès, des avions israéliens ont ciblé une école où se trouvaient selon l'armée "des terroristes".
Sur le front nord d'Israël, dans le sud du Liban, l'armée israélienne a intensifié ses bombardements aériens et à l'artillerie contre une dizaine de localités, selon des médias libanais. Le Hezbollah a revendiqué six attaques contre des positions militaires israéliennes frontalières.
- "Apocalyptique" -
"Le Hezbollah comprend très bien que nous pouvons infliger d'énormes dégâts au Liban si une guerre est lancée", a déclaré mercredi le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant après une visite à Washington.
"Nous avons la capacité de ramener le Liban à l'Age de pierre, mais nous ne voulons pas le faire (...) Nous ne voulons pas d'une guerre", a-t-il ajouté, précisant que son gouvernement "se préparait à tout scénario".
Mardi, en recevant M. Gallant, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a prévenu qu'une guerre entre Israël et le Hezbollah pourrait devenir une "guerre régionale".
Le chef des affaires humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths, a qualifié un tel scénario de "potentiellement apocalyptique".
La France s'est dite "extrêmement préoccupée" et a appelé "à la plus grande retenue".
Dimanche, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé que la phase "intense" des combats touchait à sa fin à Gaza et affirmé qu'ensuite, Israël pourrait "redéployer certaines forces vers le nord", à la frontière libanaise, "à des fins défensives".
Emboîtant le pas au Canada, l'Allemagne a appelé ses ressortissants à quitter le Liban.
- Nasrallah s'exprime jeudi -
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, doit de nouveau s'exprimer jeudi à 13H30 GMT.
Dans son précédent discours le 19 juin, il a averti qu'"aucun lieu" en Israël ne serait le cas échéant épargné par son mouvement, au lendemain d'une annonce par Israël selon laquelle "des plans opérationnels pour une offensive au Liban" avaient été "validés".
Le 7 octobre, une attaque de commandos du Hamas infiltrés dans le sud d'Israël, a entraîné la mort de 1.195 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées durant l'attaque, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 42 sont mortes, selon l'armée.
En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et considéré comme terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.
Son armée a lancé une offensive d'envergure contre Gaza qui a fait jusqu'à présent 37.765 morts, en majorité des civils, dont au moins 47 ces dernières 24 heures, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement local dirigé par le Hamas.
- "Des vers dans les plaies" -
La guerre à Gaza a provoqué une catastrophe humanitaire dans le petit territoire de 2,4 millions d'habitants, assiégé par Israël depuis le 9 octobre et menacé de famine selon l'ONU.
L'eau, en plein été, et la nourriture manquent.
Et dans les rares hôpitaux encore debout à Gaza, de nombreux patients ayant survécu aux raids israéliens doivent être abandonnés ou meurent d'infections à cause du manque de simples gants, masques ou savon, ont affirmé des soignants américains revenant du territoire palestinien.
L'un d'eux, Monica Johnston, raconte la voix brisée qu'il a fallu arrêter de soigner les brûlures d'un petit garçon pour privilégier des patients ayant de meilleures chances de survie.
"Deux jours plus tard, il commençait à avoir des vers dans ses plaies". L'enfant a été enterré, son corps totalement infesté.
F.Thill--RTC