Nouvel exode de Palestiniens à Gaza, frappes israéliennes sur Khan Younès après
Des centaines de Palestiniens sont contraints de fuir à nouveau la ville de Khan Younès dans la bande de Gaza, ciblée mardi matin par plusieurs frappes israéliennes, après l'ordre d'évacuer donné par l'armée d'Israël.
Victimes de bombardements israéliens à Khan Younès et Rafah (sud de la bande de Gaza), huit personnes sont mortes et plus d'une trentaine de blessés sont arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, ont rapporté des soignants du Croissant-Rouge palestinien ainsi qu'une source médicale au sein de l'établissement de santé.
Un journaliste de l'AFP et des témoins ont fait état d'une multitude de frappes israéliennes mardi matin contre Khan Younès et ses environs.
L'armée israélienne a ordonné lundi une nouvelle évacuation de secteurs des gouvernorats de Khan Younès et de Rafah, où des centaines de milliers de Palestiniens ont déjà dû fuir les combats il y a plusieurs semaines.
Des témoins ont raconté que de nombreux habitants avaient quitté ces secteurs, et que des déplacés de l'est de Khan Younès, parmi lesquels des enfants et des personnes âgées, dormaient dans la rue à même le sol.
Des images de l'AFP ont montré des familles de déplacés fuyant une nouvelle fois au milieu des ruines à Khan Younès, à pied ou entassées sur des remorques.
- Ordre d'évacuation -
Après avoir lancé une offensive terrestre le 27 octobre dans le nord de la bande de Gaza, l'armée israélienne s'est progressivement dirigée vers le sud, ordonnant l'évacuation des zones qu'elle visait.
Le 7 mai, elle avait lancé une opération terrestre à Rafah, une ville frontalière avec l'Egypte, alors présentée comme l'ultime étape de la guerre contre le mouvement islamiste, poussant un million de Palestiniens à fuir, selon l'ONU.
Mais ces dernières semaines, les combats ont à nouveau gagné en intensité dans plusieurs régions que l'armée avait affirmé contrôler, notamment dans le nord, tandis que l'offensive se poursuit à Rafah.
Lundi, une nouvelle évacuation a été ordonnée dans les localités d'al-Qarara, de Bani Suheila et d'autres villes dans l'est des gouvernorats de Khan Younès et Rafah, a annoncé le porte-parole en arabe de l'armée, Avichay Adraee.
Quelques heures plus tôt, le Jihad islamique, un groupe armé palestinien allié du Hamas, avait revendiqué des tirs de roquettes sur des localités israéliennes proches de Gaza.
L'armée a annoncé que "20 projectiles" avaient été tirés de la région de Khan Younès.
"Des projectiles ont été interceptés et d'autres sont tombés dans le sud d'Israël", sans faire de victimes, a précisé l'armée, qui a riposté avec des tirs d'artillerie.
- Combats "au corps-à-corps" -
Dans le nord, les soldats israéliens ont poursuivi lundi leurs opérations lancées le 27 juin à Choujaïya, un quartier de l'est de la ville de Gaza.
Selon l'armée, "une vingtaine de terroristes y ont été éliminés par des dizaines de frappes aériennes" et "de nombreux terroristes ont été éliminés lors de combats".
Un correspondant de l'AFP a vu des hélicoptères tirer sur Choujaïya, où le Hamas a fait état de combats.
Entre 60.000 et 80.000 personnes, selon l'ONU, ont fui ces derniers jours l'est et le nord-est de la ville de Gaza.
"Nous avons fui Choujaïya. La situation est très difficile. Nous n'avons pas d'endroit où rester. Nous continuons de chercher de l'eau, mais on n'en trouve pas", a raconté un Palestinien qui a trouvé refuge dans l'ouest de la ville de Gaza.
Lundi, l'armée a annoncé la mort au combat d'un soldat dans le sud de Gaza, qui porte à 317 le nombre de militaires tués depuis le 27 octobre.
"Nos forces sont en opération à Rafah, Choujaïya, partout dans Gaza", a dit M. Netanyahu dimanche. "C'est un combat difficile que nous menons au sol, parfois au corps-à-corps, et aussi sous terre", a-t-il ajouté en allusion aux tunnels creusés par le Hamas depuis que le mouvement islamiste a pris le pouvoir à Gaza en 2007.
- Accusations de "torture" -
Lundi, des dizaines de prisonniers palestiniens, dont le directeur de l'hôpital al-Chifa de Gaza-ville, Mohammed Abou Salmiya, ont été libérés par Israël et transférés vers des hôpitaux de Gaza, selon une source médicale.
A l'hôpital Nasser de Khan Younès, M. Salmiya a affirmé avoir été soumis "à de sévères tortures" pendant ses sept mois de détention.
L'agence de sécurité intérieure, le Shin Beth, a présenté cette libération comme un moyen "de libérer des places dans les centres de détention". Mais M. Netanyahu a estimé qu'elle constituait une "grave erreur". "La place de cet homme, sous la responsabilité duquel nos otages ont été tués et retenus, est en prison", a-t-il déclaré.
L'attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza dans le sud d'Israël a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées durant l'attaque, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, parmi lesquelles 42 sont mortes, selon l'armée.
En représailles, l'armée israélienne a lancé une offensive à Gaza qui a fait jusqu'à présent 37.900 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
M. Netanyahu affirme vouloir poursuivre la guerre jusqu'à l'élimination du Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, et la libération des otages. Le mouvement islamiste réclame un cessez-le-feu définitif et un retrait israélien du territoire.
La guerre a provoqué des déplacements massifs de population et une catastrophe humanitaire dans la bande de Gaza, où l'eau et la nourriture manquent. Des milliers d'enfants souffrent de malnutrition, selon l'Organisation mondiale de la santé.
A.Olsson--RTC