Barrage de roquettes du Hezbollah sur Israël, négociations attendues sur Gaza
Le Hezbollah libanais a tiré jeudi plus de 200 roquettes et drones explosifs sur des positions militaires israéliennes, faisant redouter une nouvelle guerre dans la région en marge du conflit dans la bande de Gaza.
Après des mois de blocage, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a lui décidé de mobiliser une délégation pour de nouvelles négociations liées à un cessez-le-feu et à la libération des otages retenus depuis le 7 octobre à Gaza, au lendemain de l'annonce par le Hamas de nouvelles "idées" pour mettre fin à la guerre.
Israël a lancé le 7 octobre une offensive d'envergure contre Gaza, à sa frontière sud, en riposte à l'attaque d'une ampleur sans précédent menée par le mouvement islamiste palestinien Hamas contre son territoire.
Le lendemain, le Hezbollah libanais a, en soutien au Hamas, ouvert un front avec le voisin israélien et depuis les échanges de tirs dans les zones frontalières sont quotidiens, gagnant parfois en intensité et doublés d'une rhétorique belliqueuse.
Jeudi, le Hezbollah a annoncé avoir tiré "plus de 200 roquettes" et des drones explosifs sur des positions militaires dans le nord d'Israël et sur la partie du Golan syrien occupée par Israël, au lendemain d'un premier barrage de tirs.
Le mouvement pro-iranien a affirmé riposter à l'élimination mercredi par l'armée israélienne d'un de ses commandants dans le sud du Liban.
Les sirènes d'alerte aux roquettes ont retenti dans le nord d'Israël jusqu'au Golan, situé aux confins du nord d'Israël et du sud du Liban. Un soldat a été tué par le tir d'une roquette dans le nord d'Israël, d'après une source militaire.
En riposte, l'armée israélienne a frappé des installations militaires dans le sud du Liban et confirmé avoir identifié "environ 200 projectiles et plus de 20 cibles aériennes suspectes".
La plupart des projectiles ont été interceptés et la chute de débris a provoqué des incendies, dans une région quasiment désertée, selon elle.
- "Où aller?" -
Principal allié d'Israël, les Etats-Unis ont averti qu'une guerre entre Israël et le Hezbollah pourrait provoquer un "conflit régional".
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d'Israël depuis Gaza ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.195 personnes en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées durant l'attaque, 116 sont toujours retenues à Gaza, parmi lesquelles 42 sont mortes, selon l'armée.
En riposte, Benjamin Netanyahu a juré de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et considéré comme terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.
L'armée israélienne a lancé une offensive aérienne puis terrestre à Gaza qui a fait jusqu'à présent 38.011 morts, en majorité des civils, dont 58 en 24 heures, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
Selon la Défense civile, sept personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dont cinq dans une école touchée à Gaza-Ville, dans le nord du territoire palestinien assiégé et bombardé par Israël depuis près de neuf mois.
Des combats ont continué principalement dans le quartier de Choujaïya à Gaza-ville, et à Rafah, dans le sud où un ordre d'évacuation israélien fait craindre une nouvelle offensive d'envergure.
Depuis cet ordre lundi, des dizaines de milliers de Palestiniens ont quitté des secteurs de l'est de Rafah et de Khan Younès, une nouvelle fois jetés sur les routes du territoire dévasté, en quête d'eau, de nourriture et d'abris.
Au total, 1,9 million d'habitants de la bande de Gaza, soit 80% de la population, sont à présent déplacés, selon l'ONU.
"Nous sommes partis mais nous ne savons pas où aller", a témoigné Oum Malek Al-Najjar, qui a quitté avec ses enfants l'est de Khan Younès, une ville en ruines d'où l'armée s'était retirée en avril après une bataille de plusieurs mois.
- "Poursuivre les négociations" -
L'appel à évacuer concerne 250.000 personnes sur un territoire de 117 km2, soit un tiers de la bande de Gaza, a souligné l'ONU.
A Rafah, des frappes aériennes intenses et des tirs d'artillerie ont ciblé l'ouest de la ville et des combats accompagnés d'explosions ont eu lieu dans le camp de Chaboura, selon des témoins.
L'armée a lancé le 7 mai une opération terrestre à Rafah, où Benjamin Netanyahu a dit vouloir "anéantir" les dernières brigades du Hamas.
Mais ces dernières semaines, les combats ont repris dans plusieurs régions que l'armée avait dit contrôler, dont Choujaïya où les soldats ont de nouveau pénétré le 27 juin.
Alors que toutes les tentatives d'un accord pour une trêve accompagnée d'une libération d'otages ont échoué ces derniers mois, le bureau de M. Netanyahu a annoncé qu'il avait décidé de "dépêcher une délégation pour poursuivre les négociations en vue de la libération des otages", sans préciser le lieu où doivent se tenir ces discussions.
Jusque-là les belligérants ont campé sur des positions inflexibles.
Benjamin Netanyahu affirme vouloir continuer la guerre jusqu'à "la destruction du Hamas et la libération de tous les otages". Et le Hamas réclame un cessez-le-feu permanent et un retrait total israélien de Gaza avant tout accord sur une libération d'otages.
Y.Lewis--RTC