Frappes russes massives sur les villes ukrainiennes, des dizaines de morts
La Russie a mené lundi une attaque massive contre des villes d'Ukraine, qui a fait au moins 31 morts, dont certains dans des hôpitaux, suscitant l'indignation des soutiens de Kiev à la veille d'un important sommet de l'Otan.
Ces nouvelles frappes suscitent aussi des interrogations sur l'état de la défense antiaérienne ukrainienne, à nouveau mise à rude épreuve après de précédents bombardements ayant notamment visé des centrales électriques et des aérodromes militaires.
"Les terroristes russes ont de nouveau lourdement attaqué l'Ukraine avec des missiles. Différentes villes : Kiev, Dnipro, Kryvyï Rig, Sloviansk, Kramatorsk", a réagi Volodymyr Zelensky sur Telegram, selon lequel "des immeubles d'habitation, des infrastructures et un hôpital pour enfants ont été endommagés".
Dans ce contexte, de Varsovie où il effectue une visite, le président ukrainien a ensuite réclamé aux Occidentaux de fournir une "réponse plus forte" à la Russie.
Le bilan de ces tirs dans la profondeur du territoire ukrainien est l'un des plus élevés depuis des mois, traduisant l'usure de la défense antiaérienne ukrainienne, qui manque de systèmes occidentaux.
A Kiev, où deux centres médicaux ont été atteints, dont un important établissement pour enfants, on comptabilisait au moins 17 morts à la mi-journée. Onze personnes ont aussi été tuées dans la région de Dnipropetrovsk (centre-est), dont 10 dans la seule ville de Kryvyï Rig, et trois de plus près de la ligne de front dans l'est, à Pokrovsk, d'après les différentes autorités. Plus de 100 personnes ont été blessées.
"Un des plus importants hôpitaux pour enfants d'Europe", celui d'Okhmatdyt, a été endommagé dans la capitale, a dénoncé M. Zelensky sur X.
"La Russie ne peut soutenir qu'elle ignore où tombent ses missiles et doit être tenue pour pleinement responsable", a-t-il ajouté. Selon les services de sécurité ukrainiens, deux soignants ont été tués dans cet hôpital et sept enfants ont été blessés.
Moscou dément, assurant avoir visé et touché des "installations militaires" et affirmant que les images prouvent que les dégâts ont été causés par des chutes de missiles antiaériens ukrainiens. Une thèse écartée par les services de sécurité ukrainiens qui affirment que l'hôpital d'Okhmatdyt a été touché par un missile Kh-101/X-101, une arme mise en service en 2014.
Sur place, des centaines de personnes, secouristes, proches, policiers, se sont précipitées pour venir en aide aux victimes, déblayer, retrouver les leurs.
Quatre personnes ont en outre été tuées dans un autre centre médical de Kiev, dans le quartier de Dniprovskiï.
- Pluie de missiles -
"Il est très important que le monde ne reste pas silencieux et que chacun voie ce que fait la Russie", a lancé M. Zelensky, à la veille d'un important sommet de l'Otan à Washington et à un moment où le Premier ministre indien Narendra Modi est à Moscou.
Le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell a déploré que la Russie "cible sans pitié les civils ukrainiens", jugeant que "l'Ukraine a besoin d'une défense antiaérienne dès maintenant".
Paris a parlé d'"actes barbares" à "ajouter à la liste des crimes de guerre dont la Russie devra rendre compte", tandis que Londres a dénoncé une "attaque épouvantable".
La coordinatrice humanitaire de l'ONU pour l'Ukraine, Denise Brown, a "fermement condamné" ces action "insensées" des militaires russes.
Au total, les Ukrainiens affirment que les Russes ont tiré 38 missiles, dont 30 ont été abattus.
L'armée russe frappe régulièrement loin à l'intérieur du territoire ukrainien, visant en particulier des installations énergétiques et des usines et tuant des civils dans une stratégie qui vise, selon Kiev, à saper le moral des Ukrainiens.
L'opérateur énergétique privé DTEK a de son côté fait savoir sur Telegram que trois de ses sous-stations électriques avaient été détruites ou endommagées à Kiev. Plusieurs sites industriels ont été atteints, d'après les autorités.
L'Ukraine ne dispose que d'un nombre limité de systèmes de défense antiaérienne et de munitions et en demande plus à ses alliés occidentaux.
- Zelensky à Varsovie avant l'Otan -
Ces frappes surviennent à un moment où, sur la ligne de front, l'armée russe grignote du terrain depuis des mois et tente de profiter des difficultés de l'armée ukrainienne à regarnir ses rangs et à obtenir davantage d'armes et de munitions de la part des Occidentaux.
Ces attaques ont aussi lieu à la veille de la réunion de l'Otan aux Etats-unis, où il sera largement question du soutien fourni par cette alliance à Kiev mais aussi des incertitudes que font peser les élections américaines à venir et l'éventuelle victoire de Donald Trump.
Ce dernier a dit à plusieurs reprises qu'il mettrait un terme à la guerre dans des délais très courts, ce qui implicitement se ferait au détriment des Ukrainiens qui résistent à l'invasion russe depuis bientôt deux ans et demi.
Volodymyr Zelensky est arrivé lundi à Varsovie, avant d'aller à ce sommet à Washington. Il a signé un accord de sécurité avec le Premier ministre polonais Donald Tusk.
Le chef du gouvernement indien Narendra Modi est quant à lui à Moscou. L'inde, un allié traditionnel des Russes, n'a pas explicitement condamné l'offensive contre l'Ukraine et s'abstient de voter les résolutions de l'ONU contre la Russie.
G.Svensson--RTC