Des dizaines de milliers de Palestiniens fuient les combats dans la ville de Gaza
L'armée israélienne a poursuivi mardi son offensive terrestre dans la ville de Gaza, qui a poussé des dizaines de milliers de Palestiniens à fuir, selon l'ONU, à la recherche d'un abri à travers le territoire palestinien assiégé.
Les troupes au sol, appuyées par des chars et des bombardements aériens, sont engagées dans d'intenses combats contre le Hamas et ses alliés dans cette ville du nord de la bande de Gaza, à la veille de nouvelles négociations au Qatar pour tenter d'avancer vers un cessez-le-feu associé à la libération d'otages.
Selon une source proche des négociations, les chefs de la CIA, William Burns, et des services de renseignement israélien, David Barnea, sont attendus mercredi à Doha pour rencontrer le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.
Son chef politique, Ismaïl Haniyeh, a averti les médiateurs que "les massacres, les meurtres, les déplacements" commis dans la ville de Gaza et les "conséquences catastrophiques" des événements en cours pourraient "ramener les négociations à la case départ".
Selon la branche armée du Hamas, les combats dans la ville de Gaza sont "les plus intenses depuis des mois".
L'armée avait lancé le 27 juin une opération terrestre dans le secteur de Choujaïya, dans l'est de la ville, avant de l'étendre lundi aux quartiers du centre, où "des dizaines de milliers de personnes", selon le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), ont été appelées à évacuer.
- L'aide humanitaire "inexistante" -
Le bureau des droits de l'homme de l'ONU s'est dit "consterné" mardi par ces ordres d'évacuation, qui poussent des déplacés à rejoindre des secteurs de l'ouest et du sud de la ville visés à leur tour par l'armée, "où des civils se font tuer".
Des habitants ont signalé pendant la nuit des tirs d'hélicoptères, "des explosions et de nombreuses fusillades" dans le sud-ouest de la ville.
L'armée a annoncé mardi "poursuivre son opération antiterroriste dans la ville de Gaza", où les soldats "ont éliminé des dizaines de terroristes".
Le bureau des droits de l'homme de l'ONU a souligné que Deir el-Balah, une localité au sud de cette ville vers laquelle les déplacés sont précisément invités à se rendre, était "déjà fortement surpeuplée de Palestiniens déplacés" et qu'il y avait "peu d'infrastructure et d'accès à l'aide humanitaire".
Deir el-Balah accueille aussi des civils qui ont fui le sud de la bande de Gaza, où l'armée a appelé à évacuer récemment de vastes secteurs de l'est de Rafah et de Khan Younès.
Une responsable de l'ONG Norwegian refugee council, Maysa Saleh, de retour de Deir el-Balah, a alerté lundi sur l'aggravation de la situation humanitaire.
"La première question qui se pose chaque matin est la même, 'qu'allons-nous manger aujourd'hui?'. Pendant mon séjour à Deir el-Balah, je n'ai rien vu qui ressemble à de l'aide. Elle est presque inexistante", a-t-elle témoigné.
Pendant la nuit de lundi à mardi, l'armée a par ailleurs annoncé avoir frappé des "terroristes" utilisant "les structures d'une école dans la zone de Nousseirat", également dans le centre du territoire.
- Des "points de divergence" -
La guerre a éclaté le 7 octobre, quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont lancé une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza dont 42 sont mortes, selon l'armée israélienne.
En riposte, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
L'offensive israélienne dans la bande de Gaza a fait jusqu'à présent 38.243 morts, en majorité des civils, dont au moins 50 en 24 heures, selon le ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
Après des mois de négociations restées vaines, un responsable du Hamas a affirmé dimanche que son mouvement ne réclamait plus un cessez-le-feu permanent avant toute négociation sur une libération d'otages, une exigence qu'a toujours rejetée Israël.
Le bureau de Benjamin Netanyahu a affirmé de son côté que "tout accord permettrait à Israël de se battre jusqu'à ce que tous les objectifs de la guerre soient atteints", dont la destruction du Hamas.
Selon un responsable palestinien, le Hamas doit participer aux prochaines négociations, malgré plusieurs "points de divergence".
Celles-ci portent notamment sur le refus par Israël de libérer une centaine de prisonniers palestiniens condamnés à de lourdes peines et sur le retrait israélien, exigé par le Hamas, de secteurs de Rafah bordant l'Egypte.
Y.Schmitz--RTC