Opération israélienne majeure dans la ville de Gaza, les habitants appelés à évacuer
L'armée israélienne a appelé mercredi tous les habitants à évacuer la ville de Gaza, la principale du territoire palestinien assiégé, où ses soldats sont engagés dans une opération majeure contre le mouvement islamiste Hamas.
Des milliers de tracts, appelant "toutes les personnes" à évacuer via des "couloirs de sécurité", ont été largués au-dessus de la ville de Gaza, dans le nord du territoire. Ces tracts avertissent que cette ville, déjà en partie détruite, restait "une dangereuse zone de combat".
Les troupes au sol, appuyées par des chars et des bombardements aériens, sont engagées dans d'intenses combats contre le Hamas et ses alliés, les plus violents dans la ville de Gaza depuis le début de la guerre, qui ont déjà poussé des dizaines de milliers de personnes à fuir.
Ces nouvelles directives "ne feront qu'ajouter aux souffrances de masse pour les familles palestiniennes, dont beaucoup ont été déplacées à de nombreuses reprises", a réagi le porte-parole du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, Stéphane Dujarric. "Les civils doivent être protégés", a-t-il ajouté.
Après des mois d'efforts diplomatiques restés vains, de nouvelles discussions doivent commencer au Qatar pour tenter d'avancer vers un cessez-le-feu et une libération d'otages enlevés lors de l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre contre Israël, qui a déclenché la guerre.
Une délégation israélienne menée par le chef du Mossad, David Barnea, est arrivée mercredi à Doha, selon une source proche des négociations. Le directeur de la CIA, William Burns, y était aussi attendu.
- Déplacés douze fois -
L'armée a annoncé mercredi que les soldats avaient mené "une opération contre des terroristes du Hamas et du Jihad islamique qui utilisaient le siège de l'Unrwa", l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens dans la ville de Gaza, "comme base pour lancer des attaques", et ont "éliminé des terroristes".
Selon le commissaire général de l'Unrwa, Philippe Lazzarini, les combats des derniers jours, avant le nouvel appel à évacuer la ville de Gaza, ont jeté 350.000 personnes sur les routes, alors que la quasi-totalité de la population du territoire a déjà été déplacée par la guerre.
"C'est la 12e fois qu'on est déplacés. Combien de fois faudra-il encore endurer cela? Mille fois? Où allons-nous finir? Je n'en peux plus!", a témoigné Oum Nimr al-Jamal, une femme qui a fui un quartier de la ville de Gaza avec sa famille.
Les combats font rage aussi dans le sud du territoire, où des chars israéliens sont entrés dans le centre de Rafah, selon des témoins qui ont fait état de tirs intenses dans cette ville frontalière avec l'Egypte, où l'armée mène depuis le 7 mai une offensive terrestre.
Devant le Parlement israélien, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a affirmé que l'armée avait "éliminé ou blessé 60%" des combattants du Hamas pendant les neuf mois de guerre, évoquant une "réussite" militaire.
- Des écoles visées -
Mardi soir, pour la quatrième fois en quatre jours, une frappe israélienne a touché une école abritant des déplacés à Abassan, près de Khan Younès, dans le sud, faisant 29 morts dont des enfants, selon une source médicale et le Hamas. L'armée a dit viser des "terroristes".
Les écoles à Gaza "deviennent souvent un lieu de mort et de misère (...) Gaza n'est pas un endroit pour les enfants", a dit M. Lazzarini.
Paris et Berlin ont condamné ces frappes.
La guerre a éclaté le 7 octobre après une attaque menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza dont 42 sont mortes, selon l'armée.
En riposte, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une offensive militaire qui a fait jusqu'à présent 38.243 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
Alors que les négociations indirectes menées par les pays médiateurs, Qatar, Etats-Unis et Egypte, doivent reprendre à Doha, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a rencontré à Jérusalem le coordinateur de la Maison Blanche pour le Moyen-Orient, Brett McGurk.
M. Netanyahu a réitéré son engagement en faveur d'un accord de cessez-le-feu "tant que les lignes rouges d'Israël sont respectées".
Une allusion à la volonté d'Israël de poursuivre la guerre jusqu'à la destruction du Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne, et la libération de tous les otages.
Un responsable du Hamas, Hossam Badran, a déclaré de son côté à l'AFP que l'"intensification" des "massacres" israéliens dans la bande de Gaza avait pour effet de renforcer les exigences du mouvement islamiste.
La guerre a plongé le territoire, assiégé par Israël, dans un désastre humanitaire. Mardi, des experts indépendants de l'ONU ont accusé Israël de mener "une campagne de famine intentionnelle et ciblée contre le peuple palestinien". Israël a démenti.
L.Diaz--RTC