Biden face à un test redoutable pour sa candidature
Joe Biden, qui joue désormais sa survie politique à chaque apparition publique, fera face jeudi à un test redoutable pour sa candidature à la présidentielle en donnant une conférence de presse, un exercice dont il n'est guère friand.
Et ce sera "une conférence de presse de grand garçon", promet la Maison Blanche, sans plus de détails sur la durée ou le déroulement.
Cette expression curieuse vise sans doute à distinguer ce rendez-vous des courtes séances de questions-réponses bien balisées auxquelles le président américain se prête d'ordinaire, lors desquelles des journalistes désignés à l'avance posent des questions.
A 18H30 locales (22H30 GMT) - l'horaire a été repoussé d'une heure par rapport au programme initial - au centre de conférences qui accueille cette semaine un sommet de l'Otan à Washington, Joe Biden devra avoir de la répartie, s'exprimer clairement, d'une voix assurée, sans notes et sans prompteur.
Il en avait été incapable le 27 juin dernier pendant un débat face à son prédécesseur républicain Donald Trump, qu'il reste déterminé à affronter lors de l'élection présidentielle de novembre.
Depuis qu'il est président, Joe Biden a donné 36 conférences de presse, selon la chercheuse Martha Joynt Kumar, citée par Axios. Parmi ses six prédécesseurs, seul le républicain Ronald Reagan avait fait moins.
- Mitterrand et Kohl -
Le démocrate, ancien bègue, n'a jamais été un orateur flamboyant, en particulier lorsqu’il improvise. Avec l'âge, ses prises de parole sont de plus en plus laborieuses.
Il est parfois difficile de le comprendre parce qu'il avale des mots, bafouille ou s'exprime d'une voix étouffée.
Ses ratés sont parfois spectaculaires: en février, il avait parlé coup sur coup de l'ancien président français François Mitterrand, décédé en 1996, au lieu d'Emmanuel Macron, et évoqué feu Helmut Kohl à la place de l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel.
Des erreurs pareilles jeudi seraient fatales au démocrate de 81 ans, qui jusqu'ici résiste aux appels au retrait venant de son parti mais aussi de célébrités et de grandes fortunes du monde du spectacle.
Citons les acteurs George Clooney et Michael Douglas, le réalisateur Rob Reiner, l'écrivain Stephen King, le co-fondateur de Netflix Reed Hastings..
Les éditorialistes du New York Times l'ont déjà appelé deux fois à céder la place.
Jeudi, ils ont changé de cible en appelant les électeurs "à reconnaître les dangers d'un second mandat de Trump et à les rejeter" en novembre, dans une tribune publiée avant que ne s'ouvre la semaine prochaine la convention devant investir le milliardaire de 78 ans.
- Jeu égal -
Un sondage Ipsos diffusé jeudi par le Washington Post et ABC donne Joe Biden et Donald Trump faisant jeu égal à 46% des intentions de vote chacun au niveau national.
Mais 67% des personnes interrogées estiment que le président américain devrait retirer sa candidature. Parmi les seuls électeurs démocrates, c'est aussi l'opinion majoritaire, dans de moindres proportions, à 56%.
Les interrogations sur l'endurance et l'énergie du dirigeant démocrate étouffent depuis deux semaines toutes les tentatives de son équipe de campagne pour rediriger l'attention sur Donald Trump, présenté comme un danger pour la démocratie.
Jeudi, elle a par exemple publié, en lien avec le sommet de l'Otan, une vidéo qualifiant le milliardaire de "caniche" du président russe Vladimir Poutine.
Une dizaine d'élus démocrates à la Chambre des représentants et un sénateur ont désormais appelé ouvertement leur candidat à abandonner, quitte à lancer une course à l'investiture potentiellement chaotique.
Les parlementaires du Parti démocrate redoutent que Joe Biden ne les entraîne dans sa chute lors des législatives qui se tiennent en même temps que la présidentielle.
Leur chef de file à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, a dit jeudi au site Punchbowl News vouloir parler avec "chacun" des élus après quoi "nous nous réunirons au niveau des dirigeants du groupe et nous déciderons de la prochaine étape."
G.Stewart--RTC