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Présidentielle au Venezuela: sous pression, Maduro menace l'opposition
Présidentielle au Venezuela: sous pression, Maduro menace l'opposition / Photo: Federico PARRA - AFP

Présidentielle au Venezuela: sous pression, Maduro menace l'opposition

De plus en plus sous pression internationale pour justifier de sa réélection contestée, le président vénézuélien Nicolas Maduro a menacé mercredi d'emprisonner les deux chefs de l'opposition, jurant que ses adversaires n'arriveraient "jamais au pouvoir".

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"M. Gonzalez Urrutia, montrez votre visage, sortez de votre cachette, ne soyez pas lâche, Mme Machado (...) vous avez du sang sur les mains", a déclaré Nicolas Maduro lors d'une conférence de presse avec des correspondants étrangers au palais présidentiel de Miraflores.

"Ils sont le mal du Venezuela (...) ils n'arriveront jamais au pouvoir. (...) Ces personnes doivent être derrière les barreaux et la justice doit être rendue", a-t-il menacé.

- "David contre Goliath" -

Il s'agissait de la première conférence de presse organisée depuis presque deux ans avec la presse internationale, au cours de laquelle M. Maduro a brandi la Bible, a affirmé avoir "le soutien de Dieu", se disant "David contre Goliath", dans un discours plein de défiance contre "l'impérialisme" américain, les pays occidentaux ou encore l'Union européenne... "Nous ne laisserons pas semer la haine, la division et le fascisme au Venezuela", a-t-il encore lancé.

Héritier du leader socialiste et bolivarien Hugo Chavez, M. Maduro, 61 ans, au pouvoir depuis 2013, a été proclamé réélu pour un troisième mandat jusqu'en 2031, à l'issue du scrutin de dimanche remporté avec 51,2% des voix contre 44,2% à son adversaire Edmundo Gonzalez Urrutia, selon les résultats officiels.

La cheffe de l'opposition, Maria Corina Machado, déclarée inéligible, avait été remplacée au pied levé par M. Gonzalez Urrutia. Tous deux sont à la pointe du mouvement de contestation du scrutin, alors que l'opposition conteste dans la rue les résultats et dénonce une "fraude massive".

Ils affirment détenir les preuves de la victoire de son candidat et a demandé au Conseil national électoral (CNE) de publier le détail du vote, tout en exigeant que les bulletins soient recomptés de manière transparente.

Depuis lundi, au moins 11 civils ont été tués au cours des manifestations, selon des ONG. Les autorités ont fait état d'un 12e mort, un soldat tué par balle. Selon le parquet, 77 fonctionnaires ont été blessés, et plus de 1.000 personnes interpellées. La cheffe de l'opposition, Mme Machado, a parlé mercredi d'un nouveau bilan de "16 meurtres" et "11 disparitions forcées" notamment.

- "Escalade répressive" -

"J'alerte le monde sur l'escalade cruelle et répressive du régime", a-t-elle dénoncé sur X, fustigeant les "crimes" et la "réponse criminelle de Maduro au peuple vénézuélien descendu dans la rue".

Mercredi, c'était au tour des partisans du pouvoir de descendre dans les rues. Une manifestation rassemblant plusieurs milliers de personnes se déroulait dans l'après-midi sur l'une des principales avenues de la capitale, selon des images retransmis par les médias publics.

Un peu plus tôt dans la journée, lors d'une visite au siège de la Cour suprême au côté de son épouse, Maduro s'est dit "prêt à publier 100%" des pièces justifiant de sa réélection.

"Très bientôt, ils vont voir que Dieu est avec nous et que les preuves sont déjà apparues. (...) Je suis prêt à être convoqué, interrogé, de toutes parts (...), a assuré M. Maduro, en forme de réponse à la pression internationale croissante depuis ces dernières 24 heures.

A l'unisson de la plupart des pays occidentaux, les Etats-Unis, se disant "à bout de patience", ont réclamé que les "autorités électorales vénézuéliennes" publient "les résultats entiers et détaillés de cette élection, pour que tout le monde puisse voir les résultats".

Dans la matinée, le G7 a appelé Caracas à "publier en pleine transparence les résultats électoraux détaillés", tandis que le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a appelé à "mettre fin à la répression et à la rhétorique violente contre les membres de l'opposition".

- "Extrême droite mondiale" -

Dans la région, le président colombien Gustavo Petro, qui a pourtant renoué les liens ces deux dernières années avec le Venezuela chaviste, a lui aussi exprimé de "sérieux doutes" sur les résultats et demandé un "décompte transparent" des voix et des procès-verbaux.

Neuf pays d'Amérique latine ont déjà appelé ensemble à un "réexamen complet (des résultats) avec la présence d'observateurs électoraux indépendants".

En représailles, le Venezuela a retiré son personnel diplomatique de sept de ces Etats et rompu ses relations avec le Pérou qui a reconnu le candidat d'opposition en tant que président "légitime".

Le duel à distance sur la toile entre le président Maduro et le milliardaire Elon Musk donne par ailleurs toujours une saveur inédite ainsi qu'une dimension planétaire à cette crise présidentielle vénézuélienne. Elon Musk a réaffirmé mercredi que "les citoyens ont voté à une écrasante majorité pour le candidat Gonzalez". De son côté, Maduro accuse Musk, son "archi-ennemi" allié à "l'extrême droite mondiale (...) fasciste", d'être à l'origine de multiples "attaques contre le Venezuela".

Le Venezuela, longtemps une des nations les plus riches d'Amérique latine, est exsangue, empêtré dans une crise sans précédent: effondrement de la production pétrolière, PIB réduit de 80% en dix ans, pauvreté et systèmes de santé et éducatif délabrés. Plus de sept millions de Vénézuéliens ont fui leur pays.

O.Larsson--RTC