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Une mosquée de Marseille accusée de "légitimer la violence" menacée de fermeture
Une mosquée de Marseille accusée de "légitimer la violence" menacée de fermeture / Photo: Christophe SIMON - AFP

Une mosquée de Marseille accusée de "légitimer la violence" menacée de fermeture

Le préfet de police des Bouches-du-Rhône a notifié mardi à la mosquée des Bleuets à Marseille son intention de la fermer, estimant que des "propos légitimant la violence" y sont tenus depuis des années.

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"A la demande de M. Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, le préfet de police des Bouches-du-Rhône a lancé aujourd'hui une procédure de fermeture de la mosquée des Bleuets" située dans le 13e arrondissement, dans le nord de Marseille, a précisé la préfecture de police dans un communiqué.

Cette mosquée où prêche l'imam français Ismaïl (Smaïn Bendjilali), qui conteste les accusations portées contre lui, a dix jours pour répondre aux griefs du ministère pour tenter d'éviter une fermeture.

Quelque 300 à 350 fidèles la fréquentent le vendredi, selon les autorités, qui soulignent que la forte présence de cet imam sur les réseaux sociaux lui donne une plus grande audience.

"Depuis 2017 et jusqu'en août 2024, l'ensemble des propos tenus dans cette mosquée, et notamment par l'imam Bendjilali, me conduit à considérer que le maintien en activité de cette mosquée présente des risques et continue à permettre la propagation de ces propos et de ces théories incitant à la violence et à la discrimination", a expliqué à l'AFP le préfet de police Pierre-Edouard Colliex.

"L'imam principal de cette mosquée y défend une vision fondamentaliste légitimant le recours à la violence", précise la préfecture.

Le religieux est aussi accusé par les services du ministère de l'Intérieur de tenir "un discours incitant à la discrimination et à la haine contre les femmes, notamment par des prêches légitimant le viol conjugal ou la polygamie", poursuit-elle.

"La question, ce n'est pas que dans un texte écrit il y a mille ans, il y ait des textes forcément datés. Le problème, c'est de postuler sur les réseaux sociaux en 2020 que le viol conjugal est légitime. C'est ça le problème, pas des textes anciens", a insisté M. Colliex, alors que des passages de textes sacrés de diverses religions sur la place des femmes suscitent des polémiques.

- "Lois de la République" -

"Quand des propos haineux en écho à ses publications sont tenus par des commentaires sur les réseaux sociaux, l'imam ne les modère pas", a-t-il ajouté.

Le préfet de police reproche aussi à cette mosquée d'accueillir des prédicateurs légitimant l'attaque du mouvement palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Mourad Hamza, de la mouvance des Frères musulmans, aurait ainsi en octobre 2023 qualifié "l'attaque terroriste du 7 octobre de +révolte+ et de +châtiment divin infligé aux juifs+", a affirmé M. Colliex: "On est clairement dans la légitimation d'une attaque terroriste".

"Le même Mourad Hamza indique que +notre Constitution, c'est le Coran+, donc il y a toujours cette idée que la loi religieuse est au-dessus des lois de la République", a poursuivi le préfet de police auprès de l'AFP.

La lettre remise à un représentant de la mosquée liste tous ces points.

Lundi soir, l'imam Ismaïl, annonçant qu'il avait été perquisitionné, avait dénoncé sur Instagram un "ramassis de mensonges" et une "tentative d'intimidation". "Quand on fait une invocation pour Gaza, on est accusé d'être antijuif, mais on n'est pas antijuifs, on est anti-injustice", s'est-il défendu.

Et s'il reconnaît faire référence au Coran, y compris sur la question de la femme, "chacun est libre de faire ce qu'il veut", insiste-t-il.

Cet imam est un soutien de son homologue de Pessac (Gironde), Abdourahmane Ridouane, un Nigérien accusé par le ministère de l'Intérieur de diffuser "une idéologie hostile aux valeurs de la République française" et menacé d'expulsion.

En 2022, le Conseil d'Etat avait invalidé une décision de fermeture de la mosquée de Pessac, pour "atteinte à la liberté de culte".

L'association gestionnaire de cette mosquée a bien publié sur internet des textes qui "incitent au repli identitaire et contestent le principe de laïcité", mais "ces publications ne présentent pas, compte tenu de leur teneur et dans les circonstances de l'espèce, un caractère de provocation à la violence, à la haine ou à la discrimination", avait justifié le Conseil d'Etat.

Dans le cas des Bleuets à Marseille, "l'ensemble des exemples donnés me paraissent vraiment de nature à justifier la fermeture", a estimé le préfet de police des Bouches-du-Rhône.

J.Lee--RTC