Pour les prisonniers de guerre russes de Koursk, l'espoir d'un échange
Blessés pour certains, très jeunes pour la plupart, tous veulent rentrer chez eux: faits prisonniers lors de l'offensive surprise ukrainienne dans la région de Koursk, des soldats russes n'ont désormais qu'un espoir, celui d'être échangé.
L'AFP a pu s'entretenir brièvement avec plusieurs de ces prisonniers de guerre russes sur un site où ils sont détenus dans la région de Soumy, qui fait face à celle de Koursk, dans le nord de l'Ukraine, sous la supervision d'officiers ukrainiens.
Assis sur sa couchette, vêtu d'un pantalon écossais, un conscrit russe de 22 ans évoque le moment de sa capture, dans ce qui est l'un des plus gros coups de filet des forces ukrainiennes depuis le début de la guerre en 2022.
"Tout était normal, tout allait bien. Et puis ce moment inattendu a tout fait basculer", explique-t-il, affirmant que ses camarades et lui ont "simplement été abandonné par le commandement" lorsque les forces ukrainiennes ont franchi la frontière.
"C'était inattendu", répète le jeune homme, qui faisait au moment de capture son service militaire depuis 10 mois, alors que des officiers ukrainiens se tiennent à proximité.
Il dit attendre désormais d'"être échangé pour rentrer à la maison, retrouver ma famille".
Contrairement aux soldats sous contrat et aux mobilisés, les conscrits russes ne combattent pas en Ukraine, mais effectuent leur service militaire obligatoire d'un an sur le territoire national. Ce sont souvent de jeunes hommes sans réelle expérience militaire.
Un autre détenu, un garde-frontière de 42 ans à la jambe bandée, raconte avoir été capturé dès le premier jour de l'offensive ukrainienne.
"L'encerclement était total, il n'y avait aucune possibilité de le percer. La décision a donc été prise de se rendre", raconte-t-il, ajoutant qu'il désire lui aussi être échangé. "C'est ce que j'espère le plus, bien sûr".
- "Gens ordinaires" -
Le directeur adjoint de l'établissement où ils sont détenus, Volodymyr, se satisfait du "très grand nombre" de soldats russes capturés lors de cet assaut ukrainien d'une ampleur sans précédent contre le territoire russe lancé le 6 août.
Il explique que les prisonniers étaient d'abord "effrayés de tout", s'attendant à être maltraités en détention. Puis ils ont fini par "revenir à la vie" et leur état psychologique se "stabiliser", assure-t-il.
"Sur le champ de bataille, ce sont des soldats haïs (par les Ukrainiens), mais lorsqu'ils sont capturés, ils deviennent des gens ordinaires", poursuit Volodymyr.
Selon Kiev, plusieurs centaines de militaires russes se sont rendus depuis le début de l'offensive, mais leur nombre exact n'a pas été révélé.
Un "fonds d'échange" dont s'est vanté le président Volodymyr Zelensky, qui a dit compter sur un échange "à brève échéance" contre des soldats ukrainiens faits prisonniers par Moscou.
"Cette opération est devenue notre plus gros investissement dans le processus de libération des Ukrainiens prisonniers en Russie", s'est-il félicité.
Une source au sein des services de sécurité ukrainiens (SBU) avait rapporté la semaine dernière à l'AFP la capture de 102 soldats russes en une seule journée, soit la plus grosse prise en une seule fois.
Les militaires russes ont de leur côté diffusé des vidéos sur les réseaux sociaux montrant des soldats ukrainiens en train de se rendre dans la région de Koursk ou fraîchement en captivité.
Selon une estimation du président Vladimir Poutine de juin dernier, la Russie détient près de 6.500 prisonniers de guerre ukrainiens.
Les deux camps ont procédé à de multiples échanges de prisonniers ces deux dernières années, permettant la libération de milliers de personnes du côté russe comme du côté ukrainien.
Cette fois-ci, Kiev assure être déjà en pourparlers avec Moscou en vue d'un échange. Le médiateur ukrainien pour les droits humains, Dmytro Loubinets, a notamment dit être en contact avec son homologue russe, Tatiana Moskalkova, à ce sujet.
"Il y a eu des conversations proactives à l'initiative de mon homologue russe", a-t-il déclaré, ajoutant que "cette situation a, au moins, contraint la partie russe à prendre l'initiative".
F.Peeters--RTC